LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Déplacés réfugiés à Pissila (Sanmatenga) : « Nous ne voulons pas être des éternels assistés »

Publié le jeudi 4 juillet 2019 à 00h35min

PARTAGER :                          
Déplacés réfugiés à Pissila  (Sanmatenga) : « Nous ne voulons pas être des éternels assistés »

Ils sont nombreux, les Burkinabè à avoir abandonné villages, biens et activités pour des endroits plus sécurisés, suite aux attaques terroristes. Dépaysés, ces déplacés qui survivent grâce aux actions de bonnes volontés, ne souhaitent qu’une chose : retrouver leur sécurité d’antan. C’est le triste sort des déplacés réfugiés à Pissila, dans le Sanmatenga.

« Maman, j’ai faim », insiste le petit Issa, originaire du village de Kiemna-yarcé, localité située à environ 17 km de Pissila. Issa tend un plat à sa mère Maïmouna, qui s’attèle à préparer du tô. À la date du 2 juillet 2019, cela faisait six jours que le jeune Issa et sa mère ont élu domicile dans cette école de Pissila, commune située à 27 km de la ville de Kaya (province du Sanmatenga, région du Centre-Nord).

Dans cette école, où Maimouna et les autres sont relogés, des visiteurs, à l’image du député Mathias Ouédraogo de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), membre de la Commission chargée du développement économique (CODEC) de l’Assemblée nationale, sont les bienvenus. Surtout, lorsqu’ils viennent les bras chargés de vivres pour soutenir près de 12 000 déplacés. « Nous sommes venus soutenir ces familles dans les moments difficiles qu’elles traversent et appeler le gouvernement à plus de responsabilités pour que ces familles puissent regagner leurs domiciles », a expliqué Mathias Ouédraogo.

« Si l’eau n’est plus potable, c’est qu’un corps étranger y est tombé »

Loin de leurs champs, greniers et commerces, ces ressortissants des villages de Guibga, Talwéoguin, Wintogkoulga, Parsingin, Kiemna-yarcé (…) savent apprécier à sa juste valeur, ce don composé de 40 sacs de riz, 40 sacs de maïs, d’huile, de sel et de sucre. Toutefois, disent-ils, « notre souhait est que le gouvernement ait les moyens de subvenir à nos besoins de sécurité. Nous voulons retrouver notre cohésion d’antan ». Et leur porte-parole, P.S., de renchérir : « Si l’eau n’est plus potable, c’est qu’un corps étranger y est tombé et il faut le retirer. Nous demandons à l’État de nous retirer ce corps étranger qui trouble notre cohésion. »

En attendant, P.S., exaspéré, est convaincu qu’il est temps de doter les populations du minimum de réflexes sécuritaires car, pense-t-il, en plus des Forces de défense et de sécurité, cela pourrait aider dans la lutte. « Nous sommes conscients que le gouvernement ne peut pas prendre en charge tout ce monde pendant une longue durée. Nous souhaitons donc repartir dans nos villages, mais il faut une présence militaire (camp). À défaut, nous voulons des armes pour nous défendre », confie-t-il.

« Ils ont tué mes deux frères »

Le 7 mai 2019, se rappelle B.B., le marché de Kiemna-yarcé a été encerclé par des hommes armés. « Certains d’entre nous ont pu s’enfuir et ont donné l’alerte à Kaya. Les FDS (Forces de défense et de sécurité) sont intervenues et ont pu mettre la main sur certains assaillants qui avaient, semble-t-il, stocké des armes dans une famille et avaient l’intention d’attaquer Kaya le lendemain », a-t-il témoigné.

Il précise que « le chef de famille a été neutralisé et un membre de la famille a confirmé l’existence d’armes dans la maison. » Quelques jours après, B.B. et sa famille ont quitté le village après l’assassinat du maire et d’un chef Koglwéogo (groupe d’auto-défense).

O.T., lui, a perdu deux frères après le passage des terroristes. « De retour du marché, j’ai entendu les pleurs des femmes qui m’ont demandé de m’enfuir en indiquant que le village est attaqué par des hommes armés qui ont tué leur mari. Dans la même nuit, ils ont tué le maire et le lendemain, ils sont revenus enlever le chef des Koglwéogo. C’était une mort cruelle : il a été attaché, traîné dans un village qui avait été auparavant attaqué, puis égorgé », raconte-t-il.[ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 3 juillet 2019 à 23:55, par Jerkilo En réponse à : Déplacés réfugiés à Pissila (Sanmatenga) : « Nous ne voulons pas être des éternels assistés »

    Toute la difficulté réside dans la coopération des populations avec les FDS au lieu d’être complices des terroristes. IL faut se pencher sérieusement là-dessus pour comprendre les raisons profondes "Les FDS (Forces de défense et de sécurité) sont intervenues et ont pu mettre la main sur certains assaillants qui avaient, semble-t-il, stocké des armes dans une famille et avaient l’intention d’attaquer Kaya le lendemain ...le chef de famille a été neutralisé ».

    • Le 4 juillet 2019 à 08:07, par HORUDIAOM En réponse à : Déplacés réfugiés à Pissila (Sanmatenga) : « Nous ne voulons pas être des éternels assistés »

      Merci mon frère. C’est la question que je me pose depuis fort longtemps. A Djibo par exemple, un ami policier me disait il y a quelques temps qu’il est difficile de traquer un terroriste là bas, tellement la population est complice de ces gens. Voilà les résultats de leur complicité. Ne faut-il pas mourir digne en collaborant avec les FDS qu’avec les terroristes ?? Le désordre, on sait quand il s’installe mais on ne sait pas quand il s’en va. Donc il ne faut pas le laisser s’installer autrement dit il l’éviter à tout prix car on peut être tous victime. Nous avons intérêt à nous réveiller et à dénoncer ces malfrats qu’on a malicieusement baptisé terroriste. Que Dieu nous aide

  • Le 4 juillet 2019 à 09:37, par YAAM SOBA En réponse à : Déplacés réfugiés à Pissila (Sanmatenga) : « Nous ne voulons pas être des éternels assistés »

    Merci honorable Mathias Ouédraogo pour ce geste en faveur de ces déplacés ! Si tous les députés pouvaient faire pareil... Que Dieu bénisse le donateur.

  • Le 4 juillet 2019 à 10:10, par citoyen En réponse à : Déplacés réfugiés à Pissila (Sanmatenga) : « Nous ne voulons pas être des éternels assistés »

    Aux internautes Jerkilo et HORUDIAOM, vous parlez de ce que vous ne savez pas, et c’est vraiment triste quand on sait que nombreux sont dans votre cas. Vous savez ce que veut dire prendre en otage des populations ? Renseignez-vous et priez pour ne pas vous retrouver dans la même situation que ces populations.
    citoyen

  • Le 4 juillet 2019 à 12:36, par Jerkilo En réponse à : Déplacés réfugiés à Pissila (Sanmatenga) : « Nous ne voulons pas être des éternels assistés »

    Internaute "Citoyen", comme vous êtes mieux renseigné sur la prise des populations en otage, il faut éclairer la lanterne de tout le monde, notamment de ceux qui nous gouvernent. Car je constate que le rouleau compresseur du terrorisme est en train d’avancer à grands pas vers la région du Centre. Le Sahel, le Nord et le Centre-nord sont presque perdus. Il ne serait pas étonnant qu’il y ait des cellules dormantes à Ouagadougou. Donc, vigilance.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique