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Lanceurs d’alerte : « Les citoyens qui divulguent des informations sensibles pour le bien commun devraient être remerciés, et non licenciés », Khadija Sharife de la PPLAAF

Publié le mercredi 8 mai 2019 à 12h33min

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Lanceurs d’alerte : « Les citoyens qui divulguent des informations sensibles pour le bien commun devraient être remerciés, et non licenciés », Khadija Sharife de la PPLAAF

Le 8 avril 2019, un rapport rendu public par la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF), en partenariat avec Blueprint for Free Speech, détaille l’absence de protection juridique des lanceurs d’alerte. Une situation qui donne lieu à de dangereuses représailles. Certains pays d’Afrique de l’Ouest, notamment la Côte d’Ivoire, la Gambie et le Bénin, sont cités comme des mauvais élèves en matière de protection des lanceurs d’alerte.

Un rapport rendu public par la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF), en partenariat avec Blueprint for Free Speech, indique qu’un « lanceur d’alerte est une personne qui révèle des informations concernant des actes illégaux, illicites ou contraires à l’intérêt général dont il a été témoin, notamment dans le contexte de sa relation de travail ». Ceci étant, en révélant ces informations, les lanceurs d’alerte prennent le risque de subir des représailles de la part de ceux qui sont accusés de mauvaise conduite.

Pour les membres de la plateforme, « le lanceur d’alerte mène un combat de David contre Goliath en se sacrifiant pour le bien de tous ». Cependant, regrettent-ils, le fait que l’environnement législatif et politique dans lequel il agit, reste fondamentalement dangereux.

Pour preuve, le rapport relève qu’en Afrique, à peine une demi-douzaine de pays ont adopté des lois accordant une protection aux auteurs de révélations. Alors qu’au cours de la dernière décennie, les révélations les plus importantes de violations de droits en matière constitutionnelle, du travail, des finances, de l’écologie ou des droits de l’homme ont été faites par des lanceurs d’alerte. Pour ceux-ci, il est évident que sans des lois robustes protégeant les lanceurs d’alerte, ces pays n’auront pas les outils nécessaires pour lutter efficacement contre les activités illicites ou contraires à l’intérêt public.

En ce sens que des lacunes structurelles ont dénaturé le droit du public d’avoir accès à l’information sur les activités et procédés qui nuisent considérablement à l’intérêt public.

En étudiant le cadre juridique des pays visés pour identifier les lois pertinentes en matière de protection des lanceurs d’alerte, les rapporteurs notent avec regret des insuffisances. Pour la Côte d’Ivoire, il existe peu de protection pour les lanceurs d’alerte et ils ne sont pas activement encouragés à se manifester par le gouvernement. En Gambie, le gouvernement d’Adama Barrow a fait allusion à des projets d’amendement des lois draconiennes restrictives de libertés et aucune législation en la matière n’a été présentée à ce jour.

Au Bénin, la protection des lanceurs d’alerte est très limitée, et les divulgations faites par d’autres entités ne sont pas protégées. Cependant, au Nigéria, PPLAAF a rédigé un projet de loi sur les lanceurs d’alerte en partenariat avec des organisations locales, pour élargir la protection du lanceur d’alerte. En octobre 2018, les députés ont adopté la loi d’une manière symbolique.

Pour Khadija Sharife, directrice du PPLAAF, « les citoyens qui divulguent des informations sensibles pour le bien commun devraient être remerciés, et non licenciés, poursuivis ou menacés, comme c’est, malheureusement, le cas pour la plupart des lanceurs d’alerte ». C’est pour cela que PPLAAF, avec son partenaire l’ONG Blueprint for Free Speech plaident pour l’adoption des lois robustes pour protéger les lanceurs d’alerte, ce qui n’exclut pas un accompagnement des autorités nationales ou régionales pour l’adoption de lois progressistes en faveur des lanceurs d’alerte.

Depuis sa création en 2017, la mission de PPLAAF participe à l’octroi de protections juridiques aux lanceurs d’alerte, à la production de rapports d’enquête avec ou pour des médias et les citoyens, ainsi qu’au changement des lacunes systémiques des législations internationales et nationales. A ce jour, une vingtaine de lanceurs d’alerte ont été aidés et certains ont pu obtenir le droit d’asile.

Synthèse de Edouard K. Samboé (samboeedouard@gmail.com)
Lefaso.net
( source : https://pplaaf.org/fr)

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