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Sida : l’espoir du Programme de traitement accéléré (TAP)

Publié le mardi 9 août 2005 à 07h11min

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Au regard du lancement en mars 2005 du Programme de traitement accéléré (TAP), négocié et acquis auprès de la Banque mondiale au bénéficie de trois pays africains dont le Burkina Faso, nous avons rencontré les responsables de l’association REVS+ pour en savoir sur la signification et l’exécution de ce programme.

REVS+, association de prise en charge, créée en juin 1997 s’occupe actuellement de 1500 malades adultes. Le programme TAP qu’elle attendait depuis longtemps l’intéresse à plus d’un titre puisqu’il vise à doter en antirétroviraux toutes structures méritantes engagées dans la prise en charge, à élargir l’accès au traitement des personnes vivant avec le VIH à travers les formations sanitaires, les ONG, les associations de prise en charge.

Prévu pour durer trois ans (2005-2007), le programme de façon convergente, devrait aboutir à une couverture de 7 000 personnes à l’échelle nationale.
Le quota de 600 malades par an que REVS+ se voyait assigné est en réduction. « On nous propose 77 malades ! ». C’est là une grande déception pour l’association. En plus, le combat de REVS+ a toujours été que les acquis du programme TAP soient gratuitement offerts nous rappelle la présidente Martine Somda vivement soutenue par la secrétaire générale Brigitte Palenfo.

Elles s’insurgent contre l’idée d’une contribution de la part des PVVIH, car disent-elles les malades n’ont pas les moyens. Les mettre à contribution serait conduire à la rupture leur traitement à un moment donné.

Des questions sur l’exécution du TAP

L’annonce du programme TAP avait été accueillie avec grand bonheur. A cause de cela certains malades ont récupéré en quelques semaines, affirme Mme Somda. La nouvelle avait été annoncée il y a six mois de cela, en janvier 2005, ajoute la présidente de REVS+. Elle révèle : « Il y a une grande lenteur dans l’exécution se traduisant par des problèmes administratifs, d’accréditation, de conventions, d’où le blocage ». « Il y a retard dans l’approvisionnement », ajoute Mme Palenfo qui poursuit : « On n’a pas encore reçu une seule dotation d’ARV et on ne peut plus mettre les gens sous traitement ». Tout à fait décontenancée, elle ajoute : « c’est une bombe à retardement dans la mesure où cela provoquera une espèce de virus résistants face auxquels les médicaments à venir seront inadaptés, car le traitement du Sida est très exigeant ». S’en suit un cri de cœur de Mme Somda : « depuis janvier, une file active a été préparée, les médecins ont fait les protocoles. Malheureusement les malades meurent dans l’attente. On a déjà perdu cinq personnes », précise Mme Palenfo.

A quand donc ces antirétroviaux promis ? Quand on lance la question, la présidente de REVS+ répond : « C’est la question qui nous est posée tous les jours par les malades et à laquelle on ne peut plus répondre. Une sorte de condamnation... Avons-nous le droit de condamner des gens de la sorte... En tant que séropositive depuis 11 ans, j’ai envie de pouvoir bénéficier de ces traitements. Le développement de la complémentarité n’est pas mis en valeur avec les associations ». Les ARV annoncés ne se font pas voir. La gratuité pour laquelle REVS+ se bat est tout à fait improbable.

Le désespoir s’installe chez ses membres dirigeants et chez les malades. « Le TAP a suscité grand espoir, et cet espoir doit être récupéré et maintenu ». REVS+, qui est bénéficiaire du TAP au même titre que cinq autres associations nationales retenues par la Banque mondiale exprime là un engagement fondamental. L’association se sent quelque peu grugée, prête qu’elle est depuis longtemps à répondre à l’esprit d’un TAP rassembleur qui saurait prendre en compte sa riche expérience à travers les programmes AIDES, PAARV, AIDSETI, Solidarité traitement.

Malgré les contraintes administratives dont elle se déclare victime, REVS+ a néanmoins des propositions pour résoudre ces difficultés : la facilitation des procédures administratives, permettre aux associations d’être reconnues dans leur contribution, travailler à renforcer l’interstructural. Enfin, au même titre que les adultes, songer à un programme pour les enfants.

Pour l’avenir, l’association veut inclure dans son programme la lutte contre la tuberculose, maladie opportuniste du Sida. Les démarches seraient déjà entreprises dans ce sens pour obtenir du Fonds mondial des financements y relatifs.

Jean-Luc BONKIAN et Adaman DRABO
Sidwaya

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