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Crise au sein des juridictions : Les avocats battent le pavé

Publié le lundi 29 avril 2019 à 21h55min

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Crise au sein des juridictions : Les avocats battent le pavé

La remise d’un mémorandum au ministre en charge de la Justice et à celui en charge des Droits humains a marqué la fin de la première phase du mouvement d’arrêt de travail de 96 heures qu’observe l’ordre des avocats. Ce lundi 29 avril 2019, ils l’ont fait à la suite d’une marche, partie de la maison de l’avocat sise au palais de justice jusqu’au cabinet du ministre de la Justice.

Le barreau burkinabè, avec à sa tête les anciens bâtonniers, a battu le pavé pour la reprise des activités dans les différentes juridictions. A l’arrivée du cortège au ministère de la justice, le directeur de cabinet représentant le ministre de la Justice et le secrétaire général représentant celui des Droits des humains en compagnie de quelques collaborateurs postés à l’entrée ont reçu les hôtes du jour. Le bâtonnier de l’ordre des avocats et la représentante des anciens bâtonniers leur ont alors livré chacun son message. Les propos ont été sans détour.

« Il faut avoir le courage de dire que la justice pénale a été clairement inexistante cette année », s’est insurgé Me Paulin Salembéré, bâtonnier de l’ordre des avocats. Cette marche, est pour le barreau, un acte pour dénoncer et condamner le blocage de l’appareil judiciaire et la violation massive et indiscriminée de la démocratie, des droits des usagers de la justice et l’immobilisme de l’Etat à apporter des solutions à un problème qui dure depuis des mois. Il appelle dès lors le gouvernement à s’assumer pour rendre une justice fonctionnelle aux usagers.

Le bâtonnier Paulin Salembéré faisant la déclaration au représentant du ministre de la justice

Des victimes collatérales

Depuis la rentrée judiciaire 2019, le conflit entre le gouvernement et les différents corps de la justice est à l’origine d’une violation indiscriminée des droits de l’homme. Et ce sont « 808 prévenus qui attendent d’être jugés, 1640 inculpés détenus et dont les dossiers sont dans les cabinets en instruction et 3641 emprisonnés dont l’application des peines est sans doute entravée par cette situation », a révélé le bâtonnier Me Paulin Salembéré.

Considérant la gravité de la situation, les anciens bâtonniers se sont joints à leurs jeunes confrères dans cette marche. Ils ont à cet effet remis un mémorandum au ministre des Droits humains et de la promotion civique. Signe d’un devoir individuel et collectif face à un dysfonctionnement du service public. Pour eux, le dysfonctionnement de la justice est la plus grande menace qui pèse sur le pays car la paix de l’esprit et du cœur passe par la justice et inversement l’injustice crée la souffrance et mène à la violence.

Des actions au plan sous régional à envisager

À la fin des 96 heures d’arrêt de travail, les avocats dressent une participation satisfaisante. Toutefois, ils estiment qu’ils ne pourront point se reposer tant que les activités juridictionnelles ne vont pas reprendre. En fait, « nous ne cherchons pas qui a raison, qui a tort, il faut que l’Etat puisse s’assumer et que les droits humains soient respectés », s’est défendu Me Salembéré. Du reste, le barreau a averti qu’il entamera des actions auprès des juridictions de la CEDEAO pour mettre l ’Etat face à sa responsabilité.

Cette marche des avocats est la deuxième au Burkina Faso après celle qui a eu lieu en 1992 pour une institutionnalisation du barreau.

Faut-il le rappeler, le barreau dénonce l’impossibilité de déférer les personnes contre lesquelles les procédures pénales sont enclenchées. Le maintien de certaines personnes dans les polices judiciaires en dépit de l’expiration des délais de garde à vue, la non tenue des audiences de flagrants délits, de celles de citation directe tels que les accidents et les flagrants délits, l’impossibilité d’effectuer les interrogatoires dans les cabinets d’instruction, le maintien de personnes inculpées pour flagrant délit, les gels subséquents des plaintes…. Ce depuis la rentrée judiciaire 2019 avec l’impossibilité pour les détenus de bénéficier des visites de leurs parents depuis quelques semaines.

Mariam Ouédraogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 30 avril 2019 à 08:57, par Mam yeelé En réponse à : Crise au sein des juridictions : Les avocats battent le pavé

    Quoiqu’on dise, une bonne partie de cette sortie des Hommes en noir que sont les Avocats se justifient, surtout pour les raisons qui portent sur les Droits de l’Homme que les Magistrats s’amusent à piétiner. Cependant, ils ne sauraient être totalement affranchis quand on sait que généralement, ce sont les Avocats eux-mêmes, ne leur en déplaise, qui sont les complices premiers des Magistrats dans ce qui leur est reproché dans ce cadre précis. Oui qu’ils sont complices car c’est à travers les Auxiliaires de Justice dont principalement les Avocats que les corruptions sont réalisées au détriment des justiciables pendant que de "Réels dossiers surtout de Gravicisme élevé" dorment et traînent dans les tiroirs, le temps que la "péremption juridique" soit consommé afin que les Criminels responsables soient extirpés des Sanctions logiques qu’ils méritent.

    De leur soutien aux Agents du GSP, des Greffiers et autres Auxiliaires, c’est bien connu que "Quand la case du voisin brûle, il faut aider à éteindre". Et dans ce cas de figure, la réaction, voir le soutien des Avocats n’est que des coups de pied qu’ils (avocats) donnent à ces derniers pour demander, plus tard, les appuis et soutiens de ces derniers lorsqu’ils (Avocats) ont ou auront à poser comme revendications. Pendant ce temps,le perdant est qui ? LE PEUPLE, LES JUSTICIABLES.

    C’est dire que tout est faux dans toutes ces guégerres idiotes et inutiles et tout le monde est faux.

  • Le 30 avril 2019 à 09:25, par Paul KÉRÉ En réponse à : Crise au sein des juridictions : Les avocats battent le pavé

    Monsieur Le Bâtonnier,
    Messieurs Les Bâtonniers
    Mes Chers Confrères,
    L’heure est grave pour la menace qui pèse sur notre système judiciaire déjà pas reluisant par son manque de moyen criard. En France, sur 1000€ consacré au budget de l’État, seuls 4 € sont consacrés au service de la justice. Au Burkina Faso, sur 1000 francs de budget étatique, quelle est la part contributive réservée à notre justice ? Si en plus nos autorités doivent revenir sur les droits acquis des magistrats, ce serait la pire des injures à l’institution judiciaire.
    Franchement, je ne comprends pas pour quelles raisons les autorités n’ont pas encore réglé le problème des GSP et des greffiers ? Comme quoi, pour gouverner même une simple famille composée d’un seul enfant et de l’épouse, il faut une certaine compétence (tact, générosité, amour, compassion etc etc).
    Or, il s’évince à l’évidence que ce gouvernement s’est montré sourd et aphone, notre ministre de tutelle se donnant le luxe de ne pas vouloir recevoir les syndicats.
    D’ailleurs pourquoi ce n’est pas le Ministre himself qui a reçu Les Avocats porteurs du Mémorandum ? C’est un signe de mépris supplémentaire qu’il convient de fustiger fermement.
    Enfin, le fonctionnement de la justice de notre pays est l’affaire de tous puisque j’ai coutume de dire que nous sommes sur le même bateau, avec chacun à sa tâche.
    Devons-nous arriver à cette extrémité où des professions libérales soient obligées de faire la grève ?
    À qui la faute ? À celui qui gère le pouvoir d’État. Si vous ne pouvez plus convenablement gérer ce pouvoir, mieux vaut le remettre au peuple burkinabè son pouvoir afin qu’il (Le peuple) le remette à celui qui pourra le gérer convenablement en étant à son écoute et en le protégeant effectivement contre les terroristes. Rien ne va dans le pays. En plus d’un terrorisme rampant, c’est à l’intérieur de nos frontières que nous ne savons plus nous réconcilier. Le plus vite le gouvernement aura réglé ces problèmes existentiels, mieux ce sera pour notre évident vivre ensemble. À bon entendeur, NÉGOCIEZ et VITE....

  • Le 30 avril 2019 à 10:04, par KARL En réponse à : Crise au sein des juridictions : Les avocats battent le pavé

    Toutes les compromissions se paient tôt ou tard, les fonctionnaires, les opérateurs économiques, les commerçants ont voté massivement Rock Marc Christian Kaboré, par ce qu’il a de l’expérience, il est la solution, il est issu d’une famille riche,quelques mois après son élection ils sont les premiers à se plaindre, pour quoi ces grèves, vous êtes des intellectuels creux sans esprit d’anticipation et de discernement, les Burkinabès n’aiment pas la vérité, Laurent Bado et Soumante Touré ont attiré votre attention avant les élections, mais hélas, que voulez - vous maintenant ? Taisez - vous et supportez les conséquences,si non vous allez énerver Dieu.
    A quoi ont servi les sacrifices de Thomas Sankara, de Norbert Zongo ?

    Je ne suis pas content de certains Burkinabès,

    KARL DU FASO

    • Le 30 avril 2019 à 11:52, par san En réponse à : Crise au sein des juridictions : Les avocats battent le pavé

      Je suis tout à fait d’accord avec vous. Ils l’on voté sachant bien qu’il n’est pas en mesure de diriger un pays. Un président qui n’est pas capable de prendre des décisions fermes. J’ai la haine quand je le vois à la télé a tel point que je me demande si c’est vraiment un homme. On recolte ce qu’on sème. Et il risque d’être elu encore 2020 malgré son incapacité à trouver des solutions à nos problèmes pour des raisons que nous connaissions tous ? Depuis qu’il était à l’assemblée nationale et au passage de Soungalo Ouattara, la différence était enorme en termes de gouvernance et de visibilité de l’action de l’assemblée nationale. Que Dieu nous sauve

  • Le 30 avril 2019 à 12:09, par Razambwende En réponse à : Crise au sein des juridictions : Les avocats battent le pavé

    Mes chers Avocats,
    sous prétexte de défendre les droits humains vous défendez en fait vos intérêts personnels car tout le monde sait que tant qu’il y a un blocage de la procédure judiciaire par les mouvements d’humeurs des GSP, Greffiers et autres vous n’aurez plus d’honoraires. On comprend aisément votre lutte mais comprenez aussi que les autres acteurs de la justice luttent aussi pour défendre leurs intérêts.

  • Le 30 avril 2019 à 12:18, par Razambwende En réponse à : Crise au sein des juridictions : Les avocats battent le pavé

    A tous les acteurs de la justice, mettez ballon à terre car la justice d’un pays ne se paralyse pas au risque de créer un chaos irréversible. Le justiciable se sentirait obligé de se rendre justice alors on passera au système "OEIL POUR OEIL, DENT POUR DENT" et vous serez tous responsables. Par ailleurs vous êtes entrain d’encourager sans le savoir le peuple à se tourner vers les groupes d’autodéfense KOGLWEOGO et même leur faire confiance car avec eux il n y a pas grève ni mouvement d’humeur.
    TIRER DOUCEMENT SUR LA FICELLE CAR SI ELLE SE CASSE TOUT LE MONDE PERD. L’ETAT C’EST NOUS TOUS.

  • Le 30 avril 2019 à 13:53, par citoyen lambda En réponse à : Crise au sein des juridictions : Les avocats battent le pavé

    Je dis hein, un corps qui observe jusqu’à 96 heures de grève a mon avis est d’une part inutile et d’autre part sans conscience professionnelle. Et surtout quand on sait que tout ça c’est a cause de leur seuls intérêt !

  • Le 30 avril 2019 à 16:38, par HIV En réponse à : Crise au sein des juridictions : Les avocats battent le pavé

    OH MON DIEU QU EST DEVENU MON PAYS !
    LES AVOCATS AVEC LA COMPLICITÉ DE CERTAINS MAGISTRATS POURRIS QUI ONT CONTRIBUE DEPUIS BLAISE KOUASSI A RENDRE LA SITUATION BORDÉLIQUE ; ÉCARTEZ VOUS DES RANGS C EST UN ORDRE
    LE ROKKO SE MET, AUX BOISSONS DURES "KEUMS-SE" ET PUIS IL Y A QUOI ! LE CHIEN ABOIS LA CARAVANE PASSE !

    PS 2020 VOTONS TOUS MPP ROCH LA SOLUTION
    2025 2030 2035 ... N MPP

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