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Pastoralisme au Sahel : Un système performant confronté à de multiples défis

Publié le mercredi 3 avril 2019 à 18h08min

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Pastoralisme au Sahel : Un système performant confronté à de multiples défis

Journalistes et forces de défense et de sécurité étaient réunis à Ouagadougou, du 18 au 22 mars 2019, pour un atelier de débat informé sur le fondement du pastoralisme au Sahel et les enjeux liés au commerce de bétail. Cinq jours durant, les participants se sont imprégnés des conditions de production et de commercialisation des animaux, non sans évoquer les questions d’accès aux ressources naturelles et les tracasseries auxquelles font face les acteurs. Malgré tout, l’élevage pastoral demeure le système le plus performant, à en croire Samba Djibi Diallo, principal animateur de ce débat.

Informer et sensibiliser les forces de défense et de sécurité ainsi que des journalistes pour leur donner les informations nécessaires sur le fonctionnement du pastoralisme. Tel était l’objectif d’un atelier de débat informé sur le fondement du pastoralisme au Sahel et de façon globale en Afrique de l’Ouest, mais aussi sur les enjeux liés au commerce de bétail, organisé du 18 au 22 mars 2019. Ainsi, la production de l’élevage basé sur le mode pastoral implique nécessairement la mobilité du bétail.

Pourtant, la sous-région ouest-africaine, et particulièrement les pays du Sahel, connaissent actuellement un rétrécissement de l’espace pastoral, les sécheresses qui s’alternent au fil des ans, sans oublier la dégradation sans précédent de la situation sécuritaire. Donc, « les déplacements des éleveurs sont perçus de façon bizarre », reconnaît Boubacar Maïga, le coordonnateur de l’antenne RECOPA de la région de l’Est.

les participants en travaux de groupe

Cette région abrite le plus grand nombre d’animaux après celle de la région du Sahel. Mieux, l’un des plus grands marchés à bétail de l’Afrique de l’Ouest se trouve à Fada N’Gourma, chef-lieu de la région. « C’est pourquoi, on a estimé important de regrouper ces acteurs pour les informer sur le fondement de l’élevage, comment les éleveurs ouest-africains s’organisent pour produire des animaux, dans quelles conditions, comment ils s’y prennent pour mettre ces animaux sur le marché. Une bonne partie de ces animaux est exportée vers le Nord des pays côtiers et le convoyage de ces animaux se fait généralement à pieds ou par camion. Les acteurs rencontrent beaucoup de difficultés sur le terrain. Nous avons donc estimé important de partager toutes ces informations, de sensibiliser les FDS, les journalistes pour qu’ils puissent véhiculer les bons messages en ce qui concerne le pastoralisme », a expliqué Boubacar Maïga.

« Le foncier pastoral est bâti sur la mobilité »

Pour l’animation de ce débat informé, Boubacar Maïga avait à ses côtés deux autres experts que sont Salou Diallo, le coordonnateur national du RECOPA, et Samba Djibi Diallo, formateur d’ARED (Associates in research and education for development). « L’élément caractéristique de la région du Sahel, ce sont les alternances entre abondance de pluies et sécheresse.

Il faut donc développer la politique de la transhumance transfrontalière, accompagner les éleveurs pour une transhumance paisible. Et les points d’eau sont des clés de gestion des pâturages, des clés d’accès à la ressource. L’élevage est basé sur la réciprocité et la négociation car le foncier pastoral est bâti sur la mobilité », a confié Samba Djibi Diallo qui invite les pays de la sous-région à « revoir » leur système et se doter de véritables politiques en matière élevage.

Description du fonctionnement du tube digestif des animaux qui détermine leur alimentation, typologie des aliments pour bétail, défis liés à la production à la commercialisation, gestion des conflits, enjeux du marché régional et international… rien n’a été occulté au cours de ces cinq jours.

Samba Diallo, formateur

Pastoralisme : le système le plus performant malgré tout

Le Burkina est un pays d’élevage. Ce secteur contribue pour 12% du PIB. Mieux, contrairement à l’agriculture, il s’agit d’une activité permanente et pérenne. Dressant le portrait-type de la filière élevage, Samba Diallo est allé de la fourche à la fourchette ou de l’étable à la table. De ce portrait, et s’intéressant particulièrement à la commercialisation, l’on retiendra que la commercialisation du bétail repose sur un réseau de marchés dispersés dans l’espace, mais étroitement imbriqués entre eux.

Aussi, le niveau d’équipement et le mode de fonctionnement des marchés peuvent varier selon l’endroit. C’est pourquoi les communes, les acteurs étatiques et la société civile doivent jouer un rôle déterminant pour la fonctionnalité de la filière. Mais, « malgré les difficultés auxquelles font face les éleveurs pasteurs et les acteurs impliqués dans la commercialisation, la filière est dynamique. Jusqu’aujourd’hui, l’Afrique de l’Ouest est autosuffisante en production de viande », reconnaît Samba Diallo. Mieux, à l’en croire, l’élevage pastoral est le système le plus performant de nos jours.

photo de famille après la formation

Des défis importants

Mais les défis sont importants. D’ici les 30 prochaines années, la population va croître de 35% et la demande en viande augmentera de 30%. La question est de savoir si les pays du Sahel sont à mesure de répondre à cette demande future en tenant compte des difficultés évoquées plus haut et qui pourraient sans doute se démultiplier, si les Etats ne prennent pas la mesure de la situation.

En tous les cas, il convient de commencer par résoudre les questions d’accès aux pâturages et à l’eau, les coûts d’acheminement du bétail et les tracasseries routières. Et cela est sans conteste possible pour nos Etats, pour peu qu’ils aient la volonté politique.

Désormais, les gens sont bien informés, bien outillés, notamment les FDS, lorsqu’ils ont des situations à gérer en ce qui concerne les éleveurs. Las participants à ce débat informé disent avoir ont compris les conditions, les difficultés dans lesquelles les pasteurs se mobilisent pour pouvoir produire des animaux et les mettre sur les marchés à bétail. Ce sont 70 à 80% de la population rurale dont la vie dépend de cette activité.

photo d’illustration

Mais au regard de toutes les contraintes qui entourent la mobilité du bétail, le rétrécissement de l’espace, la croissance démographique, l’urbanisation de nos villes, beaucoup se demandent si le pastoralisme a un avenir au Burkina et au Sahel en général. « On peut dire non au regard de ces difficultés, mais on peut dire oui également parce qu’on peut travailler à intensifier, à sédentariser les éleveurs. Mais pour cela, il faut produire suffisamment de l’aliment-bétail. Beaucoup de populations n’ont pas accès à l’eau potable. Donc, il va être difficile et même très coûteux d’aller vers une intensification de l’élevage et demander à tous les éleveurs du Burkina ou de tout le Sahel de se sédentariser et d’aller vers la modernisation, l’intensification de l’élevage. On peut le faire là où c’est possible, mais on aura encore une bonne masse d’éleveurs qui vont continuer à pratiquer le pastoralisme, qui vont continuer à pratiquer la mobilité et qui vont associer ce type d’élevage à l’agriculture pour pouvoir surmonter les années bonnes et mauvaises qui s’alternent dans ce contexte sahélien », confie Boubacar Maïga.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 3 avril 2019 à 20:05, par Retard En réponse à : Pastoralisme au Sahel : Un système performant confronté à de multiples défis

    Ha bon la divagation des animaux est une bonne chose ? Il faut vite reveiller Sankara.
    Non a la presse partisane

    • Le 5 avril 2019 à 11:06, par paysan d’afrique En réponse à : Pastoralisme au Sahel : Un système performant confronté à de multiples défis

      Quest ce que la divagation selon toi ? un animal est en divagation lorsqu’il pature hors de son terroir. Et pour un profane, c’est un animal sans gardien = animal delaissé. Ah bon ! SACHEZ QU’IL YA DES CHAMPS "EN DIVAGATION" SURTOUT CEUX QUI OCCUPENT LES PISTES A BETAIL OU ENCERCLE LES POINTS D’EAU !

  • Le 4 avril 2019 à 07:01, par Perroquets En réponse à : Pastoralisme au Sahel : Un système performant confronté à de multiples défis

    Que d’ateliers, de séminaires, de colloques, de salons..., pour redire et ressasser ce qui a été dit et redit depuis plus de 40 ans. Rien ne change sur le terrain. Gaspillage de sous en perdiems et autres frais d’organisation.
    Le monde rural n’est pas un monde de bavardage inutile !

  • Le 4 avril 2019 à 09:42, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Pastoralisme au Sahel : Un système performant confronté à de multiples défis

    - Retard c’est plutôt toi qui est en retard. Je t’informe que sous la Révolution avec Sankara,on ne respectait pas la loi sur plusieurs choses. Par exemple on dit d’abattre les animaux dans les champs ! Ce n’est pas légal car le Code Pénal burkinabè dit dans un de ses articles (140 ?) : : ’’Il est absolument interdit d’abattre un animal même entrain de brouter un champ. Alinéa 4 (?)  : L’animal doit être capturé et conduit dans une fourrière et le propriétaire rentre en possession de son animal après paiement des coûts des dommages constatés et des frais de fourère. Alinéa 5 (?)  : L’abattage de l’animal ne doit intervenir qu’en cas de légitime défense, c’est-à-dire quand la vie du coupable est en danger. Dans ce cas, il doit en apporter les preuves’’. Et vous autres qui ignorez la loi, dès que vous voyez un gros taureau entrain de broutter paisiblement aux abords d’un champs..Boum ! vous le tuez et certainement après avoir bavé à cause de la masse de viande de ce taureau !

    Par Kôrô Yamyélé

    • Le 4 avril 2019 à 16:36, par Retard En réponse à : Pastoralisme au Sahel : Un système performant confronté à de multiples défis

      Tout le monde sait que le pastoralisme est très néfaste. Les bergers qui adoptent ce monde de vie savent pourquoi ils le font : CAS COUTE TRES MOINS CHERS. Rien à depenser pour acheter la nourriture pour les animaux. Alors on reste malhonnete et on utilise des pretentions comme : c’est notre tradition !

  • Le 4 avril 2019 à 14:25, par Peuple Insurgé En réponse à : Pastoralisme au Sahel : Un système performant confronté à de multiples défis

    Mes chers pastoralistes, je n’ai rien contre le pastoralisme, mais pensez-vous qu’il peut continuer indéfiniment ? Je crains que vous ne conduisez les éleveurs vers une impasse. Ils sont de plus en plus vulnérables, leurs enfants ne vont pas à l’école, ils sont sous représentés au niveau du pouvoir. Et maintenant ils sont massacrés partout. Vous est ce que vos enfants font la transhumance ? Ou bien ils sont dans les meilleurs écoles du pays. On n’a pas le choix on doit changer. Et chacun peut changer. Vous pouvez gagner mieux que vos perdiems.

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