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Ablassé Ouédraogo : « Et si le Burkina Faso renonçait à présider le G5-Sahel ? »

Publié le mardi 5 février 2019 à 23h45min

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Ablassé Ouédraogo : « Et si le Burkina Faso renonçait à présider le G5-Sahel ? »

Dans cette tribune, Dr Ablassé Ouédraogo, président du parti Le Faso autrement, se pose des questions sur la pertinence pour le Burkina de présider actuellement le G5-Sahel. Pour lui, il fallait attendre un autre moment plus propice pour « assumer cette charge noble et délicate ».

Dans le contexte de dégradation catastrophique et effrayante de la sécurité que vit le Burkina Faso, deux questionnements me taraudent l’esprit et certainement que je ne suis pas seul dans ce cas :

 Est-ce raisonnable et logique que le Burkina Faso accepte d’assurer la présidence du G5-Sahel aujourd’hui ? Cette responsabilité demande certainement des moyens en ressources humaines, des moyens financiers et matériels et énormément de temps en ce moment précis où c’est ce qui manque le plus à notre pays. Dans ce contexte, il est fort à craindre que le Burkina Faso préside avec peu d’efficacité le G5-Sahel et ne soit pas en mesure de produire les résultats escomptés.

Aussi, n’aurait-il pas été plus sage pour le président du Faso de demander à ses pairs d’accepter par solidarité de passer son tour et d’attendre un autre moment plus propice pour assumer cette charge noble et délicate ? A chaque chose son temps.

 Le Burkina Faso vient à peine de renouveler son équipe gouvernementale et trois des ministres en charge des départements concernés par le G5-Sahel , à savoir la Défense, la Sécurité et l’Economie et les Finances sont désormais gérés par des nouveaux venus, qui ont besoin de temps pour apprendre et maîtriser les contours de leurs responsabilités en interne, avant de pouvoir assumer pleinement leurs responsabilités au niveau du G5-Sahel . Le ministre des Affaires étrangères, de son côté, connaît très bien le G5-Sahel, mais l’on constate que son activisme et son enthousiasme sont émoussés depuis le début de l’année 2019.

 Dans la situation de quasi-guerre ouverte que vit le Burkina Faso, caractérisée par la recrudescence des attaques terroristes, ayant contraint le gouvernement à déclarer, à compter du 1er janvier 2019, l’état d’urgence dans six régions et quatorze provinces, est-ce raisonnable et logique de continuer à maintenir des troupes dans les opérations de maintien de la paix à l’extérieur du pays, quand le besoin de renforcer les capacités de nos Forces armées nationales s’impose. Il est difficile d’honorer des engagements quand les conditions ne s’y prêtent pas.

 En outre et il faut être pragmatique. Le Burkina Faso, président du G5-Sahel, produira une nouvelle situation d’intérêt qui poussera les ennemis de notre Nation à redoubler la pression et éventuellement les représailles contre les populations et l’intégrité du territoire burkinabè.

 Le G5-Sahel est une initiative régionale généreuse et pertinente pour la sécurité et le développement durable de la région. C’est pour cela que tous les efforts doivent converger vers la réalisation urgente de ces objectifs que nous partageons. Sachons reculer pour mieux sauter quand cela est nécessaire.

Nous savons tous que « GOUVERNER C’EST PREVOIR » et « PREVOIR C’EST SAVOIR AUSSI ETRE REALISTE ». Le moment que nous vivons n’est pas au rêve et le risque est bien réel et grand pour que l’on se pose la question sur l’opportunité pour le Burkina Faso de prendre la présidence du G5-Sahel en ce moment précis de notre histoire.

Que Dieu protège le G5-Sahel !

Dr Ablassé OUEDRAOGO

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