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Pissyamba Ouédraogo, secrétaire général du SYNTSHA : « La trêve est un suicide pour le mouvement syndical »

Publié le vendredi 4 janvier 2019 à 23h49min

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Pissyamba Ouédraogo, secrétaire général du SYNTSHA : « La trêve est un suicide pour le mouvement syndical »

Le Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) était face à la presse ce vendredi 4 janvier 2019 à Ouagadougou, pour faire le bilan de la mise en œuvre du protocole d’accord gouvernement-SYNTSHA du 13 mars 2017 et donner les perspectives de lutte concernant la plateforme revendicative dudit syndicat.

La lutte dont le Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) esquisse le bilan se déroule dans un contexte national assez particulier. « Pendant que le président du Faso appelle à la trêve et parle de dialogue avec les syndicats comme ce furent les cas le 24 juin 2018 et le 31 décembre, le gouvernement, lui, s’ingénue dans la dénégation des engagements pris avec les partenaires sociaux (protocole d’accord), le dilatoire (…) », a constaté le Secrétaire général (SG) du SYNTSHA, dans sa déclaration liminaire. Pour Pissyamba Ouédraogo, le dialogue tant prôné par le pouvoir n’est qu’une poudre jetée sur leurs yeux pour mieux bafouer leurs droits les plus élémentaires.

En guise de preuve, il a fait le point de leur plateforme revendicative qui peine à trouver satisfaction. « Au niveau de la santé humaine, l’élaboration des projets de statut particulier et du Répertoire interministériel des métiers de l’Etat (RIME) ont connu de nombreuses péripéties (…). Ces textes, qui devraient être adoptés en fin octobre 2018, dorment encore dans les tiroirs du gouvernement », a déploré le SG.

Mais si au niveau des projets de statut particulier et du RIME du ministère des Ressources animales et halieutiques, des projets de textes sont élaborés depuis août 2017, le non-reversement des attachés de santé et des conseillers d’élevage dans la catégorie A1 préoccupe le syndicat, car « cela ne permet pas de clarifier la situation des conseillers d’élevage reclassés en A3 ».

Quant aux rémunérations, les engagements pris par le gouvernement dans le protocole d’accord du 13 mars 2017 dans le sens de la relecture de la grille indemnitaire de 2014 au profit des travailleurs en général et ceux des ressources animales et halieutiques en particulier, sont remis en cause, ajoute M. Ouédraogo. Concernant la mise en œuvre effective de la loi portant Fonction publique hospitalière (FPH), deux séances de travail sur le tableau de reversement des agents de santé dans la FPH se sont tenues à la Primature sur convocation du Premier ministre Paul Kaba Thiéba, les 7 et 20 décembre 2018.

A l’occasion, le SYNTSHA a exprimé ses inquiétudes sur les risques d’iniquité. Relativement à cette préoccupation et suite aux échanges, le gouvernement s’est engagé, conformément au protocole d’accord du 31 décembre 2018, « à assurer à chaque travailleur, à partir de 2019, une augmentation salariale effective de 20% et à corriger d’éventuels situations d’injustices nées du fait du reversement ».

Séance tenante, « nous avons transmis le 26 décembre 2018, par correspondance au ministre de la Santé, nos constats que la plupart des travailleurs ne bénéficient pas des 20% et avons transmis la totalité de nos observations sur le tableau de reversement dans le but qu’elles soient prises en compte dans l’adoption à venir du décret portant tableau de reversement ».

L’élaboration et l’adoption diligente du décret portant création de l’Agence (regroupement CMA-CSPS… dans la FPH), avec la participation du syndicat, est aussi une attente exprimée par le SYNTSHA lors de ces rencontres.

Pour ce faire entendre, le syndicat a entrepris des actions. La dernière en date est relative à la tenue d’une conférence de presse (ndlr, le 11 juillet 2018) au cours de laquelle il a interpellé le gouvernement à respecter l’invitation des syndicats à la table de négociation comme l’a souhaité le président du Faso, le 24 juin 2018.

« Depuis, six mois se sont écoulés et malgré la disponibilité du SYNTSHA au dialogue, le gouvernement, pour l’essentiel, a cherché et cherche toujours à gagner du temps en déniant ses engagements si bien que pour lui, le dialogue social n’est qu’un slogan conjoncturel », a regretté le SG. Cette espèce de trêve n’ayant rien apporté de concret aux travailleurs, il se demande ce qui pourrait justifier à leurs yeux l’observation d’une seconde trêve.

Estimant qu’ils ont suffisamment patienté, M. Ouédraogo a annoncé que les travailleurs de la santé humaine et animale, militants et sympathisants du SYNTSHA, ne manqueront pas de prendre leur responsabilité. Par la suite, il s’est soumis aux préoccupations des journalistes. « Quel lecture faites-vous de la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants ? », ont-ils demandé.

« Pour nous, l’échec est bien clair. Il faut que le gouvernement se ressaisisse », a-t-il rétorqué. « On se demande si les 30 milliards de francs CFA annoncés pour financer la gratuité des soins est une somme fictive ou une somme qui a été réellement utilisée sur le terrain, si on constate qu’ils doivent encore aux CSPS et formations [sanitaires] et à la CAMEG », avant de conclure.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 5 janvier 2019 à 20:37, par KNZ En réponse à : Pissyamba Ouédraogo, secrétaire général du SYNTSHA : « La trêve est un suicide pour le mouvement syndical »

    Merci et bravo pour cette analyse très pertinente du comportement de notre gouvernement. Nous avons trop patienté et nous ne voyons rien venir. On continue de nous demander une trêve encore et encore. ça suffit comme ça, trop, c’est trop. Nous devons prendre nos devons prendre nos responsabilités car on ne peut pas continuer à dialoguer avec des irresponsables, des gens qui ne sont plus dignes de confiance, qui ne respectent pas la parole donnée. On est fatigué enfin. Alors, il est grand temps d’agir nous faire mieux entendre. Tous mes encouragements au BN SYNTSHA. Nous sommes mobilisés. Que le combat commence.

  • Le 5 janvier 2019 à 20:45, par KNZ En réponse à : Pissyamba Ouédraogo, secrétaire général du SYNTSHA : « La trêve est un suicide pour le mouvement syndical »

    Merci et bravo pour cette analyse très pertinente du comportement de notre gouvernement. Nous avons trop patienté et nous ne voyons rien venir. On continue de nous demander une trêve encore et encore. ça suffit comme ça, trop, c’est trop. Nous devons prendre nos responsabilités car on ne peut pas continuer à dialoguer avec des irresponsables, des gens qui ne sont plus dignes de confiance, qui ne respectent pas la parole donnée. On est fatigué enfin. Alors, il est grand temps d’agir pour nous faire mieux entendre. Tous mes encouragements au BN SYNTSHA. Nous sommes mobilisés. Que le combat commence.

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