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5e congrès des greffiers du Burkina : Sous le sceau de la mobilisation contre « l’intention liberticide » du gouvernement

LEFASO.NET | Par Oumar OUEDRAOGO

Publié le lundi 5 novembre 2018 à 00h08min

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5e congrès des greffiers du Burkina : Sous le sceau de la mobilisation contre « l’intention liberticide » du gouvernement

Le Syndicat des greffiers du Burkina (SGB) tient ce samedi, 3 novembre 2018 à Ouagadougou, son cinquième congrès ordinaire autour du thème : « Le SGB, plus de 10 ans d’engagement et de lutte : acquis, insuffisances, défis et perspectives ». Cette instance, qui a enregistré à son ouverture la présence de nombreux responsables et représentants de « syndicats frères », a servi de cadre à ces acteurs sociaux pour lancer un appel à l’ensemble des travailleurs du Burkina à une mobilisation contre la volonté de remise en cause des « acquis historiques ».

« S’il faut saluer les avancées en matière d’indépendance de la justice enregistrées au lendemain de l’insurrection populaire, il convient de déplorer certaines tentatives de remise en cause des acquis chèrement arrachés au prix de sacrifices énormes des différents syndicats par le gouvernement », a exprimé le premier responsable du SGB, Me Abdoul Aziz Kafando, qui s’est, au passage, montré reconnaissant aux militants pour la détermination dont ils ont fait montre durant son mandat autour des questions d’intérêt commun.

A titre illustratif de ces « tentatives de remise en cause des acquis », l’interdiction du sit-in et l’avant-projet de loi organique portant principes fondamentaux de la Fonction publique, qualifié d’anticonstitutionnel par le syndicat. Pour le SGB, cette situation porte les germes d’une crise sans précédent dans l’administration publique burkinabè.

Ce congrès se tient aussi dans un contexte où les greffiers attendent toujours la mise en œuvre (intégrale) de la loi de 2012 (loi portant statut du personnel du corps des greffiers) et d’environ 17 décrets « encore dans les tiroirs » qui attendent d’être adoptés. « Il y a aussi le projet de loi, dit organique, qui est en gestation au niveau du ministère de la Fonction publique, que nous estimons anticonstitutionnel », a également relevé Me Kafando.

Pour le SGB, face à un gouvernement « qui lutte pour supprimer à tout prix des acquis historiques », il est du devoir des syndicats de s’unir et de s’opposer à certaines mesures qui relèveraient d’un autre siècle. « La conférence nationale sur la réforme du système de rémunération est l’illustration palpable de la volonté affichée des autorités de diviser les agents de la Fonction publique pour mieux régner », a souligné le secrétaire général du SGB, appelant de ce fait à l’union sacrée des syndicats contre toute tentative de remise en cause des acquis.

Le syndicat réaffirme qu’il a toujours accepté des compromis pour l’intérêt supérieur de la nation, mais pas de compromis à même de restreindre les libertés syndicales ou de porter atteinte aux droits acquis.

Abordant le thème du congrès, Me Kafando a saisi l’opportunité pour magnifier le travail abattu par les devanciers du SGB, créé il y a treize ans. La communication sur le thème « Le SGB, plus de 10 ans d’engagement et de lutte : acquis, insuffisances, défis et perspectives » devra donc permettre aux participants de jeter un regard dans le rétroviseur et de définir ensemble les perspectives.

Au cours de cette instance suprême, les congressistes procèderont entre autres au renouvellement du bureau national et au toilettage des textes du syndicat.
Selon les dirigeants du SGB, le Burkina compte, à ce jour, environ 500 greffiers et la difficulté majeure partagée par ceux-ci est la mise en œuvre des textes qui doivent régir le corps.

Présents à l’ouverture des travaux, les nombreux responsables et représentants de syndicat ont pris la parole pour livrer un message de solidarité, d’encouragement, mais également pour souligner la nécessité de l’unité dans la lutte.

Pour Raogo Koudougou du Syndicat national des agents de la garde de sécurité pénitentiaire du Burkina Faso (SYNAGSP), il y a une chose essentielle dans une lutte syndicale : « la solidarité ». C’est pourquoi il exhorte les greffiers à rester solidaires. « Sinon ils ne pourront rien avoir. Encore grave, on peut même leur arracher ce qu’ils ont déjà comme acquis. (…). C’est de cette façon que les dirigeants cassent les luttes et c’est par-là qu’ils passent pour brimer les travailleurs », a soutenu le chargé à la formation syndicale du SYNAGSP, Raogo Koudougou.

Souleymane Badiel de la Coordination des syndicats de la fonction publique poursuit en indiquant également être porteur d’un message d’encouragements et de félicitations de la faîtière pour le SGB. « Le message est aussi celui de l’unité d’action des travailleurs, puisque le contexte dans lequel se tient ce congrès est marqué par une volonté des tenants du pouvoir de remettre en cause les libertés, les acquis sociaux et démocratiques », a relevé M. Badiel. C’est pourquoi, pour lui, dans un contexte pareil, il est plus que nécessaire que les travailleurs soient unis contre cette volonté de remise en cause des acquis.

« Notre pays a une histoire et une tradition qui est marquée par le pluralisme syndical, mais cela ne doit pas être un handicap pour l’établissement et le renforcement de l’unité des travailleurs. C’est pourquoi nous parlons de l’unité des travailleurs ; il peut avoir diverses organisations sur le terrain du monde du travail, mais les travailleurs doivent comprendre que c’est dans l’unité qu’ils peuvent avancer, de façon véritable, vers la recherche de solutions à leurs préoccupations.

C’est pourquoi également, nous insistons pour dire qu’à défaut, effectivement, d’aller vers des regroupements fusionnés, c’est de déjà partir sur la base de l’unité et c’est ce que nous faisons au niveau de la Coordination des syndicats de la fonction publique, qui constitue un cadre fédérateur aujourd’hui pour l’ensemble des agents des secteurs public et parapublic pour la prise en charge des préoccupations qui se posent à eux », a galvanisé Souleymane Badiel.

Oumar L. Ouédraogo
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