Pour sa présentation, Dr Mahamoudou Oubda est parti de la clarification de certains concepts tels que le pèlerinage, la Mecque, le culte, le culturel et le cultuel. Après des approches de ces concepts, notamment le cultuel, qu’il a renvoyé à la notion de culte, il s’est agi, pour le conférencier, d’abonder dans le sens des enjeux culturels, économiques et diplomatiques du Hadj. Mais avant, il a tenu à indiquer que le Hadj (pèlerinage à la Mecque) est une obligation religieuse pour tout musulman qui a les moyens financiers. Il vient en 5e position sur la liste des piliers de l’Islam. Il ajoute que le lieu du pèlerinage ne devrait pas constituer un danger pour celui qui doit s’y rendre (guerre par exemple).

Concernant les enjeux culturels, Dr Mahamoudou Oubda estime que le Hadj est, au Burkina Faso, la 2e activité sociale qui mobilise le plus de personnes et d’argent après le 11-Décembre. « Quand le moment du pèlerinage arrive, musulmans ou non musulmans, apparemment tout le monde, est impliqué », a-t-il déclaré en effet.
Des enjeux économiques, affirmation est faite que le Hadj est la principale source de revenus de l’Arabie Saoudite, ce, après le pétrole. Il en veut de fait pour preuve la loi régissant le secteur du transport du Hadj.

Loi qui voudrait que le déplacement de la quasi-totalité ou de la moitié des pèlerins de chaque pays soit confié à une compagnie de transport saoudienne. Au Burkina Faso, à en croire les dires de l’enseignant-chercheur en histoire contemporaine de l’Université Norbert-Zongo de Koudougou, le Hadj a également des incidences économiques remarquables. « Cette année (2018), chaque pèlerin paie plus de 2 285 000 FCFA… En faisant une multiplication avec le nombre de pèlerins de l’année dernière (8 143), sachant qu’il va croissant d’année en année, nous avons 18 606 755 000 F CFA », a-t-il détaillé.

Pour ce qui est des enjeux diplomatiques, le directeur régional de la culture du Centre note que l’Arabie Saoudite fonctionne selon les textes coraniques. Et lorsqu’une attention scrupuleuse n’est pas accordée à ceux-ci, pourrait intervenir un incident diplomatique. C’est alors qu’est cité le cas du Burkina Faso, en 1978, où feu Lamizana Sangoulé a senti l’obligation de se rendre en terre saoudienne, à la suite d’une difficulté liée au Hadj de ses pèlerins.

Il a de même rappelé que c’est cet incident diplomatique qui a fait naitre la nécessité d’y implanter une ambassade burkinabè. Enfin, l’ouverture récente de l’ambassade du Royaume d’Arabie Saoudite au pays des Hommes intègres en est une évidence, selon le Dr Oubda. Pour corroborer ses dires, il a réitéré le propos de l’ambassadeur du Royaume lors de la cérémonie officielle d’ouverture de l’ambassade en 2002, lorsqu’on lui demandait ce qui justifiait un tel acte : « … pour des raisons diplomatiques, mais surtout faciliter l’organisation du Hadj », a-t-il déclaré.

Le revers de la médaille du Hadj, c’est l’importation de certains courants qui, par la suite, deviennent des idéologies radicales. Le conférencier n’a pas manqué de le souligner.

Tambi Serge Pacôme Zongo
Lefaso.net