On les voit souvent aux carrefours de nos avenues, mendiant leur pitance journalière ; généralement, ce sont les enfants qui sont mis en avant pour susciter davantage la compassion des passants.

De tels spectacles, conséquence de la pauvreté, ont pris une certaine ampleur avec l’arrivée en avril dernier de Touaregs contraints à l’émigration.

La sécheresse et l’invasion acridienne, ayant entraîné un sérieux déficit céréalier au Burkina Faso, ont poussé certaines populations du Sahel et du nord de notre pays, notamment la communauté touareg à se réfugier à Ouagadougou, où elles espèrent trouver des conditions de vie acceptables.

Cette communauté touareg, environ 871 âmes, est disséminée dans les arrondissements de Baskuy et de Bogodogo. Certains d’entre eux sont dans la capitale du Pays des hommes intègres depuis quatre ans.

Vivant dans le dénuement, ils se sont résolus à tendre leur sébile au ministère de l’Action Sociale et de la Solidarité nationale qui, avec l’aide du Fonds national de solidarité, du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation, a pu glaner trois tonnes de mil pour eux.

Ainsi, une remise symbolique de ce don a eu lieu le 14 juillet dernier dans l’enceinte de la Direction régionale de l’action sociale du Centre.

La pluie qui s’est abattue sur la ville de Ouagadougou jeudi dernier n’a pas empêché les bénéficiaires du don de sortir recevoir les grains de petit mil. L’atmosphère n’était pas franchement gaie.

Une certaine angoisse se lisait sur les visages emmitouflés dans les turbans de nos hôtes du Nord. La cérémonie se serait déroulée en plein air, en pareilles circonstances, mais pluie oblige, on s’est retrouvé dans une salle. Le cérémonial était des plus expéditifs.

Invité à dire un mot au nom de ses camarades, Almas Dicko, timidement, s’avance au milieu de la salle et balbutie quelques phrases en mooré, dont on peut retenir « Vraiment, notre situation est difficile... ».

On le sentait presque désemparé. Le représentant du ministre, le directeur régional de l’Action sociale du Centre, K. Raphaël Zongnaadba, n’a pas lu de discours, se contentant de dire quelques mots sur le contexte dans lequel intervient la remise de vivres aux Touaregs, à qui il a demandé d’en faire bon usage.

Le ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale a dit être disposé à accompagner les émigrés touaregs dans la recherche de solutions plus appropriées et durables à leurs difficultés. Vivement que des actions concrètes suivent ce discours.

Ils attendent davantage, selon Almas Dicko, le porte-parole de la communauté, qui nous a confié qu’ils ne travaillent pas, sont réduits à la mendicité et souhaitent avoir des bâches pour remplacer leurs abris de carton.

Agnan Kayorgo

Observateur Paalga