Crimes de sang et crimes économiques : Le meeting de la colère !
LEFASO.NET | Par Tiga Cheick Sawadogo
Le 20 mai 2017, dix organisations ont organisé un meeting de dénonciation de l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques à la maison du peuple de Ouagadougou. C’était la dernière activité des 48h retenues pour appeler à la nécessité d’élucider différents crimes depuis le pouvoir de la 4e république, en passant par la transition et le coup d’Etat de septembre 2015. Les organisateurs ont accusé les tenants du pouvoir actuel d’avoir « quelque chose à se reprocher », puisqu’aucune volonté de justice n’est perceptible.
« Les journées de dénonciation de l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques » ont pris fin ce 20 mai à travers un meeting. La mobilisation n’était pas celle des grands jours, mais les organisateurs ont appelé à la mobilisation et à la lutte pour que lumière soit faite sur les crimes économiques et de sang.
Pour Elie Tapaga, président de la coordination des Comités de défense et d’approfondissement des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP) de la ville de Ouagadougou, ce meeting a été un tremplin pour dénoncer la persistance de l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques, l’aggravation de la vie chère et le manque de perspectives pour la jeunesse en matière d’emplois.
La situation nationale n’est pas reluisante et en termes de justice, rien ne semble poindre à l’horizon, foi des organisateurs et la relance économique promise se fait toujours attendre. « Après l’arrivée au pouvoir du MPP et alliés, les masses populaires constatent que les avancées révolutionnaires qu’elles ont réalisées à travers l’insurrection populaire d’octobre 2014 et la résistance victorieuse au putsch de septembre 2015 sont en train d’être remises en cause ; notamment l’espoir de voir juger correctement les crimes de sang et les crimes économiques », a noté Elie Tarpaga, porte-parole des 10 organisations initiatrices des deux jours de dénonciation de l’impunité.
« Les pilleurs de deniers publics en prison ; les députés et maires voleurs en prison », ont scandé les manifestants. Ils ont par ailleurs réclamé justice pour Thomas Sankara, Guillaume Sessouma, Dabo Boukari, Norbert Zongo, Flavien Nebié, Blaise Sidiani, Emile Zigani, Assad Ouédraogo, le juge Nebié, les victimes de l’insurrection populaire, ceux de la résistance au coup d’Etat de septembre 2015.
Après le changement de régime, des espoirs étaient nourris quant au jugement de certains ‘’dossiers brulants’’. « Si trois ans après l’insurrection et près d’un an et demi après l’arrivée au pouvoir du MPP et alliés, la justice n’est pas encore dite sur certains dossiers judiciaires emblématiques, on peut en conclure que les tenants du pouvoir actuel y ont des choses à reprocher », a tranché Elie Tarpaga.
Malgré l’ouverture du procès sur le dernier gouvernement de Blaise Compaoré, ces organisations se disent sceptiques. Et les appels à la réconciliation sont de leur avis, une parade trouvée par des amis d’hier, « qui ont endeuillé et appauvri notre peuple, de trouver des portes de sortie à leur propre crise sur le dos du peuple et des martyrs tombés pour la justice et la liberté ».
Selon eux, c’est dans ce cadre de cette feuille de route appelée « réconciliation nationale » que se tient « la théâtralisation du procès en cours du dernier gouvernement de Blaise Compaoré ».
Le meeting a eu lieu dans la ferveur de l’anniversaire de l’assassinat de Dabo Boukary. Dans le message de l’Union générale des étudiants du Burkina, son secrétaire général Vincent Badolo a une fois de plus réclamé justice.
Avant de se quitter, les organisateurs ont reconnu que la lutte contre l’impunité est comme une course de fond et que c’est un combat de longue haleine. Mobilisation et lutte ont été préconisées à tous les militants épris de justice et de vérité. Partout au Burkina, l’écho des deux journées de dénonciation de l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques », doit résonner. Ceci pour entre autres :
– exiger le jugement des crimes de sang
– exiger le rapatriement et la confiscation des biens mal acquis et / ou volés au peuple par les dignitaires du pouvoir de la IVème république sous Blaise Compaoré, sous la transition et sous le pouvoir MPP, l’arrestation et le jugement de tous les criminels économiques ;
– exiger le remboursement et le paiement à l’Etat des milliards que doivent les politiciens et les grands commerçants et opérateurs économiques véreux
– exiger des mesures concrètes contre la vie chère et la corruption
Lire aussi : Crimes de sang et économiques impunis : La piqûre de rappel aux autorités
Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

