Crimes de sang et économiques impunis : La piqûre de rappel aux autorités
LEFASO.NET | Tiga Cheick SAWADOGO
« Les journées de dénonciation de l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques » ont débuté ce 19 mai 2017. Au premier jour du mouvement à la maison du peuple de Ouagadougou, c’était le forum de dénonciation. Les affaires restées impunies ont été mises sur la table. Les autorités ont été interpellées sur la nécessité de la justice pour tous.
Le premier jour des 48h retenues pour dénoncer l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques, a coïncidé avec le 27e anniversaire de l’assassinant de Dabo Boukari, étudiant de 7eme année de médecine, porté disparu depuis 1990. Le représentant de l’Union générale des Etudiants du Burkina (UGEB), est revenu sur le contexte de la répression en 1990 sur le campus de Zogona, de l’arrestation des étudiants qui ont été torturés au Conseil de l’entente ; desquelles tortures Dabo Boukari a succombé.
Une affaire, parmi tant d’autres non élucidées. Les familles des victimes, les parents et amis et le peuple réclament toujours justice. Malgré l’insurrection populaire, l’arrivée des nouvelles autorités et la récente découverte de la supposée tombe de l’étudiant, rien ne semble bouger en termes de justice.
Les organisateurs disent ne pas sentir l’engagement des autorités à faire la lumière sur les crimes de sang, mais aussi économiques. « Notre pays vit une crise profonde sur les plans politique, économique, social et sécuritaire. Au regard de son ampleur, surtout après l’insurrection populaire d’octobre 2014 et de la résistance victorieuse au putsch de septembre 2015, les discours et actions sociopolitiques des tenants du pouvoir sont peu rassurants », a regretté Elie Tarpaga, président de la coordination des Comités de défense et d’approfondissement des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP) de la ville de Ouagadougou.
Concernant les crimes économiques, les organisateurs ont égrené entre autres,
– la réfection de la mairie de Ouagadougou. Simon Compaoré, aujourd’hui 1er vice-président du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, parti au pouvoir, ndlr), épinglé par la Cour des comptes dans son rapport annuel 2005
– Les Affaires Ousmane Guiro ; de la CNSS ; de la Banque agricole et commerciale du Burkina(BACB)
– l’Affaire Joseph Paré, ancien ministre des enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifiques de 2006 à 2011, épinglé par l’autorité supérieure de contrôle d’Etat dans son rapport 2011 pour des dépenses irrégulières de 262 millions.
A cela, s’ajoutent les crimes de Sang. Thomas Sankara, Guillaume Sessouma, Dabo Boukari, Norbert Zongo, Flavien Nebié, Blaise Sidiani, Emile Zigani, Assad Ouédraogo, le juge Nebié, les victimes de l’insurrection populaire, ceux de la résistance au coup d’Etat de septembre 2015…
« Le présent forum se veut un espace d’interpellation et un cadre de mobilisation et d’actions conscientes et organisés, pour venir à bout de l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques », a poursuivi Elie Tarpaga pour qui, les autorités actuelles sont plutôt dans « des manœuvres dilatoires », pour se réconcilier avec leurs anciens compagnons politiques ; tout en laissant le peuple dans sa soif de justice. Des représentants de victimes, ou des victimes elles-mêmes ont ainsi pris la parole dans l’enceinte de la maison du peuple, pour témoigner.
Foi des initiateurs des journées de dénonciation, le pays va mal. « Il n’est pas un seul segment de la société burkinabè aujourd’hui, qui ne se plaigne, fustigeant l’arnaque politique de ceux-là qui, le verbe démagogiquement haut et la main sur le cœur, promettaient ciel, terre et mer, une fois qu’ils accèderaient au pouvoir… »
« Les journées de dénonciation de l’impunité des crimes de sang et des crimes économiques » ont été organisées par une coalition de 10 organisations de la société civile. Parmi lesquelles, le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples( MBDHP), le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), l’Union générale des étudiants du Burkina ( UGEB).
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Tiga Cheick Sawadogo
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