Quand le calendrier de la CAN fait polémique !
Ceci est une contribution de West Julien TIENDREBEOGO, consultant sportif.
A l’approche de chaque CAN, la fête du football africain on se replonge toujours dans l’éternel débat de son calendrier. Calendrier qui se situe en début d’année civile et surtout en plein cœur des championnats européens. Pourquoi donc programmer ce tournoi à cette période alors que les autres grandes compétitions internationales telles que l’Euro, le mondial ou la Copa America se jouent en fin de saison.
A la décharge du comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF), on note que la plupart des pays au sud du Sahara ne possède pas les infrastructures sportives modernes et adéquates pour abriter la CAN en période hivernale. A quelque exception près des pays comme l’Afrique du Sud et les maghrébins comme le Maroc et la Tunisie, le temps hivernal est vraiment difficile pour pratiquer du football en Afrique. Il suffit d’aller suivre un match des Etalons au stade du 4 août au mois d’août ou septembre pour s’en convaincre.
Il y a aussi le fait que malgré tout programmer la CAN à cette période fait donner cas même une exception à la compétition et aussi profite aux sponsors car après tout c’est le mercantilisme qui prévaut.
En Europe, la CAN est plutôt un cauchemar pour les président des clubs qui voient leurs investissements aller en péril et surtout les entraîneurs des clubs qui se retrouvent handicapés dans leurs effectifs des éléments clés où simplement des meilleurs. Même si au niveau de la CAF, on argumente que ce n’est seulement en Europe qu’il y a les joueurs africains, force est de reconnaitre que c’est là-bas qu’il y a les plus nombreux et les meilleurs. La période de la CAN est un moment décisif et déterminant pour les clubs européens. C’est souvent en cette période qu’il faut avoir tout son effectif pour disputer son sort en fin de saison.
C’est pourquoi il n’est pas rare de voir que certains clubs incluent la non participation à la CAN comme une des clauses contractuelles. De plus, certains grands clubs européens ont pratiquement fait le choix de ne plus engager des africains dans leurs clubs pour ne pas être pénalisés en période de CAN.
Au delà des clubs, le calendrier de la CAN n’arrange absolument pas les joueurs. A quelques exceptions près de certains joueurs qui cirent le banc et qui ont besoin de ce tournoi pour relancer leur carrière, c’est plutôt contraignant pour les titulaires. Partir à la CAN à cette période peut coûter cher et même très cher car celui qui te remplace en club, s’il prend grandement ses chances au retour tu risque de prendre le banc.
Il y a aussi le risque de blessure au regard de la rigueur et le physique de jeu qu’impose la CAN. Cela explique aussi, le scepticisme de certains binationaux à l’égard de certaines sélections africaines. Déjà pour la CAN 2017, certains binationaux ont mit en suspend leur envie de venir en sélection africaines en attendant de saisir une occasion éventuelle pour le mondial 2018.
Il faut le dire, qu’il est difficile pour un joueur en Afrique, de refuser l’équipe nationale pour rester en club sans autres raisons. On serait tout de suite taxer d’apatride. La CAN reste tout de même irrésistible. Le fibre patriotique vous emporte car l’ambiance dans nos stades est unique, exceptionnelle et c’est le moment de se sentir burkinabè, sénégalais ou ivoirien dans tout le continent. Tout joueur africain rêve de participer à ce tournoi qui est la troisième compétition mondiale de football en terme d’audience cumulée après le Mondial et l’Euro.
Pour couper la poire en deux, je pense que la CAF devrait amorcer une révolution infrastructurelle et de modernisation du football continental. Les pays comme le Mali ou le Burkina Faso ne disposant pas de moyens colossaux pour construire des stades modernes malgré notre passion immense pour le football, devraient être accompagnés dans la modernisation de leurs infrastructures. C’est pourquoi quel que soit le pays élu pour abriter cette fête de la passion, il faudra que la CAF et les gouvernements puissent trouver les fonds nécessaires pour doter ces pays d’infrastructures où on peut jouer au football en saison hivernale, où on peut inviter le Brésil, la France ou l’Allemagne en amical, ou nos clubs vont exercer leur passion, ou les supporters peuvent se sentir au Camp Nou où à Bernabeu.
West Julien TIENDREBEOGO
Consultant sportif