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« La lutte est au Nayala, ce que le football est au Brésil », dixit Rufin Paré du Comité d’organisation du Tournoi de lutte traditionnelle de Pankélé

Publié le samedi 16 avril 2016 à 01h37min

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« La lutte est au Nayala, ce que le football est au Brésil », dixit Rufin Paré du Comité d’organisation du Tournoi de lutte traditionnelle de Pankélé

C’est ce vendredi, 15 avril 2016, qu’est donné le top départ de la VIIIème édition du « Tournoi de lutte traditionnelle de Pankélé » ;Pankélé, village situé dans la province du Nayala. Cette compétition annuelle, portée par l’Association Konwoman (entente en langue san), regroupera cette année encore, et ce, durant 48 heures, des fans de cette discipline venus de plusieurs provinces du Burkina. A quelques heures de cette fête tant attendue dans la localité, nous avons arraché quelques mots à ce sujet avec un des responsables de l’organisation, Rufin Paré.

Lefaso.net : A quelques heures de la tenue de l’édition 2016 du « Tournoi de lutte traditionnelle de Pankélé », quel est l’état des préparatifs ?

Rufin Paré : A 48 heures de l’évènement, par la grâce de Dieu et par la précieuse contribution des uns et des autres, nous sommes parvenus à réunir l’essentiel. Et c’est le lieu de dire merci aux soutiens, aux parents, amis et autres bonnes volontés qui ont cru à l’initiative et qui, d’une manière ou d’une autre, la soutiennent. En le faisant, tous ces partenaires peuvent être sûrs qu’ils ont fait le bonheur de milliers de femmes et d’hommes du Nayala car, comme vous le savez, la lutte est au Nayala ce que le football est au Brésil. Pour dire que c’est vraiment la passion. A ce jour, même si, comme dans toute organisation, des difficultés ne manquent pas, nous tenons le coup ; l’essentiel est réuni et la fête sera belle, même très belle.

Lefaso.net : On peut noter au passage que l’initiative est portée par une association…. !

Rufin Paré : Effectivement, le tournoi de lutte est une initiative qui a été portée sur les fonts baptismaux, courant 2008, par des anciennes gloires de la lutte, des rois de l’arène qui ont pensé que, pour ce qu’ils ont été, ils doivent transmettre leur savoir aux générations à venir. Donc, après des échanges, elles ont décidé d’unir leurs forces, leurs idées, pour mettre en place cette organisation, l’Association Konwoman de jeunes lutteurs de Pankélé, dont l’objectif principal est de faire la promotion de la lutte traditionnelle et le « Tournoi de lutte de Pankélé  » qui est à leur actif est à sa VIIIème édition. L’association est aujourd’hui dirigée par Denis Charles Bayané.
Nous autres, nous sommes intervenus au départ en tant qu’amis des géniteurs du projet, nous avons soutenu le projet, chacun dans son domaine essaie de voir comment faire la mobilisation des ressources matérielles et autres pour leur venir en aide. Au fur et à mesure, l’association a été ouverte à d’autres membres, de sorte que même si vous n’êtes pas du village de Pankélé, pour peu que vous soyez passionné de la lutte, que vous portiez le projet dans votre cœur et que vous vous engagez à respecter ses statuts et règlement intérieur.

C’est dans cette dynamique que nous y sommes entrés parce que, c’est aussi une passion pour nous ; chacun de nous a, dans sa tendre enfance, lutté. Donc, on s’y sent et on n’hésite pas à s’investir.

Il me plaît de signaler que nous avons un ‘’esclave’’ mossi passionné de la lutte traditionnelle, Idrissa Rouamba (ressortissant de kombissiri) qui est membre actif de l’associatif et partenaire.

Lefaso.net : On enregistre des compétitions similaires dans la localité, quelle est la spécificité de ce tournoi ?

Rufin Paré : D’abord, cette initiative est portée par des anciennes gloires de lutte, donc des passionnés de la lutte. Donc, ce sont des gens qui sont prêts à tout mettre en œuvre pour réussir leurs initiatives en la matière. Et c’est cela qui nous motive chaque fois à tenir l’édition. C’est un tournoi qui mobilise au bas mot, dix millions de FCFA par édition sur l’ensemble de l’organisation. Mais, comme le dit l’adage samo : lorsque vous êtes sur le toit, vous êtes proche duciel. Nous avons des amis, des parents, des partenaires avec qui nous échangeons autour du projet et qui y adhèrent et grâce à leur contribution, le pari est toujours tenu.

Lefaso.net : Qui peut prendre part à ce tournoi ; des ressortissants de la localité ou tout compétiteur ?

Rufin Paré : Nous sommes en train de porter le tournoi à un niveau supérieur. C’était seulement la province du Nayala mais au fil des éditions, nous essayons d’innover en ouvrant la compétition à d’autres provinces sœurs. A tire d’exemple, à la VIIème édition, c’est-à-dire en 2015, nous avions fait appel aux provinces du Sourou, le Sanguié, du Mouhoun et du Kadiogo. Et cette année, en plus de ces quatre provinces, nous avons la province du Boulkiemdé qui prendra part. Il y a aussi des dames qui vont compétir dans leur catégorie respective pour s’arracher le grand prix de « Aimée-Services » dontla directrice générale, Florence Dala, est la marraine de la présente édition.

Lefaso.net : Comment va se dérouler concrètement la VIIIème édition ?

Rufin Paré : Dès le jeudi 14 avril 2016, comme nous sommes en partenariat avec la Fédération burkinabè de lutte traditionnelle, ses techniciens seront sur place pour procéder à la pesée des lutteurs pour les catégoriser. Après, cela, les compétitions à proprement dites commencent dès la matinée de vendredi 15 avec les phases éliminatoires. La grande finale, c’est pour le 16 avril où certainement, les meilleurs vont retourner chez eux très heureux. C’est le lieu de souhaiter le fair-play car, avant tout, c’est la jeunesse du Nayala qui gagne.

Lefaso.net : Si l’on vous demandait de dresser un bilan des éditions passées, en termes d’impact, ce serait lequel ?

Rufin Paré : Si nous avons l’accompagnement de la Fédération nationale de lutte traditionnelle, cela veut dire que c’est un tournoi qui est porteur. C’est un cadre de formation et de préparation pour nos lutteurs nationaux. D’autant plus que, c’est une compétition qui intervient à quelques jours du championnat national de la discipline. Donc, après la finale le 16 avril, le week-end qui suit, c’est le championnat national qui va se tenir, cette année, au Sourou. Ce rapprochement du championnat de lutte aux acteurs est salutaire. Et qui parle de lutte, c’est d’abord le Nayala et ensuite le Sourou. Tenir donc le championnat au Sourou est une bonne option. Ce tournoi donne donc l’occasion de compétir car, un lutteur qui ne compétit pas, qui ne s’entraîne pas diminue en performance. C’est sûr qu’avec ce tournoi, le championnat national gagne encore en performances, en techniques et en spectacle. Ce tournoi prépare aussi les lutteurs aux compétitions sous-régionales de la discipline.

En plus de cela, c’est un tournoi qui mobilise beaucoup les populations locales et constituent un cadre de retrouvailles des ressortissants de la localité. Il permet de consolider la cohésion et l’unité nationale. C’est aussi un moment qui enregistre des retombées économiques.

La lutte n’est pas seulement un sport, elle aussi une culture, une tradition. Il appartient donc au ministère de la culture (parce que c’est un pan de la culture) et au ministère des sports (parce que c’est aussi un sport) de conjuguer donc les efforts et les idées pour voir comment promouvoir davantage la lutte. On peut faire en sorte que dans les milieux scolaires, la lutte soit pratiquée par les enfants, à l’image du football, de l’athlétisme, etc. je profite de l’occasion pour souhaiter qu’il y ait plus de moyens qui soient accordés à la lutte pour encore mieux l’organiser.

Lefaso.net : Lefaso.net : Comment entrevoyez-vous cette initiative à moyen et long termes ?

Rufin Paré : Notre rêve, c’est en termes de perspectives. C’est vraiment de travailler de sorte à ne pas être trop dépendant des contributions des uns et des autres.C’est-à-dire à rendre autonome l’organisation. Qu’on puisse arriver à un sponsor officiel qui prenne en charge toute l’organisation. A ce jour, nous tapons à toute sorte de portes pour tenir le tournoi et nous pensons que cela ne peut pas s’inscrire dans la durée. L’autre défi, c’est travailler à relever le niveau des prix ; aujourd’hui les gros lots sont constitués de motos (en dames et en hommes) et nous rêvons donner un véhicule dernier cri comme prix à un lutteur.

Il faut également œuvrer à imposer le tournoi dans les agendas culturels de la province, faire en sorte que lorsqu’on va citer les manifestations culturelles du Nayala, il y ait le tournoi de lutte de Pankélé ; parce qu’au-delà de mobiliser pendant trois jours, les jeunes du Nayala et d’autres provinces, ce serait beaucoup d’autres invités qui vont venir de la sous-région et de l’Europe parce que, c’est une initiative qui mobilise beaucoup.

Lefaso.net : Pour conclure… !

Rufin Paré :C’est vraiment des mots de reconnaissance à tous lessoutiens de l’initiative qui nous accompagnent et Lefaso.net fait partie de ces partenaires. Nous profitons de votre dictaphone donc, pour témoigner notre gratitude à sa direction générale, en particulierau fondateur. Nous allons tenir haut le flambeau de cette initiative pour le bonheur de tous ceux qui ont pour passion, cette discipline. Aux lutteurs, je souhaite que le meilleur gagne ; parce que la différence ici, c’est qu’il n’y a pas d’a priori ; c’est celui qui est compétent, qui a la lutte dans les muscles qui triomphe dans l’arène. Il n’y a pas de manœuvres qui sont faites pour favoriser qui que ce soit. Donc, tout le monde peut s’inscrire et compter sur ses capacités.

Propos recueillis par Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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