Paul Kaba Thiéba ne pouvait-il pas trouver une autre occasion pour toucher du doigt les réalités de la deuxième ville du Burkina, jadis culturelle et économique ? C’est la question que nombre de bobolais se posent sans malheureusement trouver une réponse. Présent dans la ville de Sya pour la Semaine nationale de la culture en effet, le premier ministre a fait d’une pierre deux coups. Samedi dans la soirée, il a d’abord donné le ton de la biennale de la culture par trois coups de tambours. Dimanche 27 mars, soit le lendemain, il va rencontrer les directeurs régionaux des différents ministères présents dans la région, puis dans la soirée, les forces vives. La rencontre avec les forces vives aura duré plus de 4heures d’horloge. Une réunion au cours de laquelle opérateurs économiques, organisations de la société, leaders religieux, mouvements sociaux,… ont exposé les préoccupations relatives à la relance économique. Pour l’occasion, le chef de gouvernement était accompagné de plusieurs de ses ministres ; et ils ont déroulé le programme à même de résoudre certains problèmes du Burkina. De vastes chantiers, dit-il, le gouvernement en a glanés pour rendre meilleur le quotidien des burkinabè.

Sans pour autant revenir sur son discours de politique générale, Paul KabaThiéba a, une fois de plus, rassuré pour la place de choix qu’occupe la région des Hauts-Bassins dans le programme quinquennal de Roch Christian Kaboré. Un programme qui l’inspire et auquel il fait confiance parce qu’il a été bien réfléchi pour le redressement de l’Etat burkinabè. D’ailleurs dit-il « J’ai accepté la proposition du Président pour ma nomination à la Primature, car c’est un homme de vision. Aussi, je suis convaincu que son programme peut changer le pays, en ce sens que sa politique de développement vise à résoudre les problèmes du Burkina Faso dans les années à venir ».

De la nécessité de « réveiller » les usines dormantes

Bobo-Dioulasso, faut-il le dire, était le poumon économique du Burkina. Plusieurs usines et unités industrielles y étaient ouvertes. Depuis une décennie malheureusement, c’est une léthargie augmentant du même coup le taux de chômage. Une situation que le Premier ministre n’a pas passée sous silence. « Les fermetures des usines ralentissent sans aucun doute l’économie de la ville » fait-il savoir. Tout cela a ses solutions dans le programme du gouvernement qui compte, en outre, s’attaquer à la corruption et à la fraude, véritables gangrènes qui empêchent le développement d’une Nation, a- il ajouté. Désormais au Burkina, annonce le PM, les auteurs de ces forfaits seront punis avec la dernière énergie. « Si on prend quelqu’un en train de faire la corruption ou encore, le trafic d’influence, informez-nous et au prochain conseil de ministres, il sera parti ».

L’emploi des jeunes, la santé, l’éducation ne sont pas en reste dans le programme. Dans la région des Hauts-Bassins, les centres de santé et de promotion sociale (CSPS), les centres médicaux avec antenne chirurgicale (CMA) et l’hôpital Souro Sanou seront tous renforcés. « Nous avons, confie-t-il, l’habitude d’entendre que les médecins ne sont souvent pas à leurs postes ou qu’ils abandonnent les patients. J’irai donc voir de visu si cela peut être une réalité ». Sur la question de l’emploi des jeunes, véritable préoccupation à Bobo-Dioulasso, le Premier ministre annonce que « Les étudiants qui ont le Bac + 2 et 3 des filières de Lettre moderne ou Histoire ou même d’autres filières et qui sont sans emploi, seront tous transformés en enseignants ».

Selon certains Bobolais, tout cela est bien mais l’urgence est ailleurs. Et d’indiquer l’aéroport de Bobo par exemple qui se meurt. Il en est de même pour le barrage de Samendeni qui peine à décoller. « Nous ne vous demandons pas de venir donner de l’argent. Posez des actions concrètes dans ce sens, en donnant vie à l’aéroport international de Bobo, au barrage de Samendeni, offrez des opportunités d’emplois à travers le soutien de certaines grandes sociétés comme la Sofitex et bien d’autres », a martelé un membre de la délégation des forces vives. Paul Kaba Thiéba et sa délégation ont dit avoir pris bonne note, en attendant de trouver des solutions.
Lundi 28 mars a été la journée de la visite des usines. La Sofitex, la Sonabhy, la Filsha, la SN-Citec, etc… ont été entre autres les unités industrielles visitées par le Premier ministre. L’hôpital Souro Sanon également a reçu la visite du Premier ministre et de sa suite. Là-bas, Paul Kaba Thièba a pris connaissance des difficultés de cette formation sanitaire qui, selon son directeur général Gustave Sanou, n’a jamais été réhabilité depuis 1991. Le Premier ministre a promis de renforcer l’hôpital en personnel, mais aussi en équipements.

En tous cas, Paul Kaba Thiéba repart à Ouagadougou avec une très « bonne connaissance » des freins à la relance économique de la cité de Sya.

Bassératou KINDO
Lefaso.net