Le Pays : Depuis combien de temps êtes-vous prêtre ?

Père Bélembaongo : Je suis prêtre depuis le 3 décembre 2000. Je suis donc dans la cinquième année de mon ordination sacerdotale.

Que signifie Pâques pour vous ?

Pâques nous rappelle la résurrection de Jésus-Christ. Elle nous rappelle un événement historique mais elle nous fait célébrer surtout une réalité méta-historique. Cette réalité c’est notre libération : libération de la mort, libération du péché qui conduit à la mort.

Sous quel signe placez-vous Pâques 2005 ?

Pâques est une invitation pour tout homme de tout temps. Cette invitation c’est l’appel à la joie née de la libération dont nous avons parlé plus haut, c’est l’appel à l’espérance parce que nous avons désormais la certitude de connaître la joie de la résurrection de Jésus. C’est l’appel à la conversion qui consiste à vivre en homme nouveau, en homme vraiment libéré des entraves du péché. Parce qu’en réalité, Pâques nous rend libre. Tout autre signe ne saurait être défini qu’en lien avec ces appels. Pâques 2005 doit être vécu sous le signe de l’audace de la foi parce que le chrétien n’est pas chrétien tout seul et la joie de Pâques est faite pour être partagée. Cela demande de l’audace de la part du chrétien.

Quelle est la meilleure façon de célébrer Pâques ?

La fête de Pâques est précédée d’une quarantaine de jours de préparation spirituelle. Il est difficile pour quelqu’un qui n’a pas bien vécu ce temps de préparation de bien célébrer Pâques. Donc, la meilleure façon de célébrer Pâques réside d’abord dans le sérieux qu’on aura mis pour se préparer spirituellement à cette grande fête : Prière, aumône et abstinence, tout cela pour avancer vers la perfection. Ensuite, nous devons savoir que Pâques n’est pas la fête d’un jour, mais la fête de toujours et de tous les jours. Les grâces reçues à Pâques sont pour la vie entière. La meilleure façon de célébrer Pâques réside aussi dans l’engagement que chacun aura pris de faire de sa vie une vie d’homme nouveau. On ne peut pas dire qu’on est sauvé si l’esclavage d’hier demeure aujourd’hui.

Quels sont vos voeux aux chrétiens et aux Burkinabè à l’occasion de Pâques ?

Je souhaite pour les chrétiens et à tous les Burkinabè que cette fête de Pâques apporte à chacun la joie de vivre. Je souhaite que cette fête suscite en chacun des coeurs des Burkinabè, un élan qui les porte vers les autres. Enfin je souhaite que cette fête donne de l’espoir à ceux qui vivent dans n’importe quelle souffrance ; espoir né de la certitude que celui qui a vaincu la mort donnera aussi à chacun la grâce qui lui convient.

Est-il obligatoire pour un catholique de se confesser et d’aller à la messe le jour de Pâques ?

La confession découle d’une prise de conscience qu’on a mal vécue et pour laquelle on a besoin du pardon de Dieu. C’est donc un élan de notre coeur vers le coeur miséricordieux de Dieu. Il n’y a donc pas obligation dans la confession. Il n’y a que liberté. Maintenant, Pâques est une fête tellement importante qu’il est fortement recommandé aux chrétiens cette prise de conscience pour que les grâces de Pâques puissent trouver accueil dans un coeur digne. C’est pour cela qu’à l’approche de cette fête, on crée les occasions pour permettre à ceux qui le désirent de rentrer dans cette grâce de Dieu en recevant le sacrement de la réconciliation.

Il y a des catholiques qui vont à la messe, rien que pour Noël et le jour de Pâques. Qu’en pensez-vous ?

Ceux qui vont à la messe à Noël et à Pâques, vous pouvez les appeler chrétiens catholiques, mais moi je les appellerai chrétiens circonstanciels. On est chrétien toute la vie. Noël et Pâques sont des moments forts de cette vie. Ceux qui s’en contentent ont leur raison de le faire, mais ils doivent reconnaître que ce n’était pas pour Pâques et Noël qu’ils ont reçu le baptême.

Quel doit être l’engagement d’un chrétien dans la vie sociale ?

L’engagement du chrétien dans la vie sociale est avant tout celui d’un homme intègre. Je veux dire, quelqu’un qui cherche le bien et la vérité. Chercher le bien et la vérité veut dire, les vouloir et les promouvoir. Sa vie chrétienne exige cela et c’est dans la mesure où il parvient à le faire qu’il peut estimer vivre sa foi chrétienne.

Quel est le côté difficile et le côté positif dans la vie d’un prêtre ?

Je crois que ce sont des questions qu’on ne pose pas parce qu’en réalité, il n’y a ni côté facile, ni côté négatif. C’est une vie d’engagement : engagement vis-à-vis de Dieu et engagement pour les hommes. Et pour réaliser ces engagements, il y a une traversée à faire. C’est une traversée qui ne se fait pas sans sacrifices mais ce sont des sacrifices consentis dans la joie.

Depuis que vous êtes prêtre, quel est votre meilleur souvenir ?

Mon meilleur souvenir depuis que je suis prêtre ? Je ne sais pas si je vais le qualifier de meilleur, mais il est spécial. C’est le jour où, sous un soleil ardent, au Stade omnisports de Bobo, je devais être fait prêtre. Je ne saurai vous dire concrètement quoi, mais le souvenir que j’ai de ce jour me revient régulièrement.

Propos recueillis par Evariste Télesphore NIKIEMA (Collaborateur)
Le Pays