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Pour la dissolution du RSP : Des politiciens et des membres de la societé civile s’expriment

Publié le dimanche 8 février 2015 à 22h49min

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Pour la dissolution du RSP : Des politiciens et des membres de la societé civile s’expriment

« Nous ne voulons pas d’une armée dans une armée » ! Ainsi, se résume le message de la coordination des OSC adressée au Régiment de sécurité présidentielle ce samedi 7 février 2015 à la place de la révolution. Conscients que la lutte entamée les 30 et 31 octobre 2014 est inachevée, les jeunes et les femmes sont ressortis nombreux pour dire Oui au démantèlement du RSP au profit d’une armée républicaine unifiée. A la fin du meeting qui a duré 3 heures d’horloge, nous avons arraché quelques mots à certains « Chasseurs de dictateurs », puisque c’est ainsi que se font appeler les manifestants. Pour eux, il n’y a plus à tergiverser : le RSP doit être dissout pour la bonne réussite de la transition burkinabè. Lisez !

Me Bénéwendé Sankara, Président du Front progressiste sankariste, « Le RSP n’a plus sa raison d’être »
Le Régiment de sécurité présidentiel est un régiment qui a été élaboré par Blaise Compaoré pour ses besoins personnels. Ayant fui avec l’insurrection, le RSP n’a plus sa raison d’être. Son démantèlement avait été recommandé par le Collège des Sages depuis le 30 juillet 1999. Aujourd’hui, demander la dissolution et le démantèlement de ce corps, est une exigence de notre peuple. De ce point de vue, nous pensons que les tractations qui sont en cours avec les autorités de la transition devraient purement et simplement être reversées dans le cadre des réformes générales comme cela est prévu dans la charte de la transition. Il n’y a pas, de mon point de vue, lieu à faire des reculades, à négocier le dilatoire, avec le régiment de sécurité présidentielle. Nous pensons qu’il faudrait ici et maintenant, le démanteler et le reverser dans l’armée républicaine. Le RSP n’est pas au-dessus des autres institutions de la république. 2000 militaires ne peuvent pas confisquer et prendre en otage la vie de plus de 17 millions de Burkinabè. Ce n’est pas possible ! L’armée est au service du peuple et l’expertise des militaires qui y sont dedans, peut être remployée dans d’autres structures.

Jonathan TAPSOBA, député du CNT, « Il faut qu’on laisse les autorités travailler »

Notre position est toute simple. Il faudrait qu’on fasse en sorte que le RSP disparaisse parce que nous ne pouvons pas avoir deux armées sur le même territoire. Il faut une seule armée qui va s’occuper de la défense et de la sécurité des populations. Aujourd’hui, nous trouvons que leur présence est inopportune, et surtout qu’ils dérangent la transition. Il faut qu’on laisse les autorités travailler parce que nous n’avons pas 12 ans ; nous n’avons que 12 mois. Et pour pouvoir travailler efficacement, il faut qu’on arrête d’interrompre les conseils des ministres, qu’on arrête de déranger la population et les autorités de la transition.

Rasmané Ouédraogo, Artiste-Comédien, « La peur a changé de camp »

Depuis un certain temps, nous assistons à un marasme dû à un comportement antipatriotique du régiment de sécurité présidentielle. Voilà un régiment qui est devenu anachronique, archaïque, désuet, parce que les raisons qui ont prévalu à sa création ne sont plus valables. Blaise est parti alors qu’ils (ndlr, les éléments du RSP) s’en aillent. De toutes manières, dans une république normale, on sait quelles sont les forces de l’ordre qui gardent le président : il y a la police et la gendarmerie. Il faut que les militaires du RSP rejoignent les autres militaires dans les camps. Voilà des gens à qui on a tout payé, voilà des gens qui se retournent aujourd’hui pour faire du chantage au peuple. Mais la lutte va aboutir parce que le peur a changé de camp. Le peuple connait ses droits et est prêt à mourir pour parvenir à ses desseins. Des martyrs sont tombés pour que Blaise parte et nous sommes prêts pour que le RSP disparaisse de notre paysage politique.

Eli Kamano, Artiste musicien Guinéen, « On peut tuer les hommes aux grandes idées mais pas les idées »

Je vous garantis que j’ai voulu tenir un sit-in dans mon pays pour soutenir le peuple burkinabè, chose qui a été empêchée par les autorités de la Guinée parce qu’ils avaient peur que les évènements qui se sont produits au Burkina, ne se produisent dans leur pays. J’ai donc jugé nécessaire de me déplacer pour venir au Burkina Faso pour vivre la chaleur du changement avec le peuple. Le Burkina donne une leçon aux peuples africains qui ont soif de liberté. Aujourd’hui Sankara est mort et je le dis souvent dans mes chansons, on peut tuer le révolutionnaire mais on ne pourra jamais tuer la révolution. On peut tuer les hommes aux grandes idées mais pas les idées. Aujourd’hui vous avez donné une très belle leçon aux autres dictateurs qui veulent s’éterniser au pouvoir contre le gré du peuple. Je pense donc que la peur de nos autorités en Guinée émane du fait que le seul révolutionnaire sankariste dans le pays c’est Eli Kamano. Quand il descend dans la rue, la population suit. Je suis très content et je tire mon chapeau d’artiste engagé à l’ensemble du peuple burkinabè.

Bassolma Bazié, SG de la CGT-B, « Il ne doit pas avoir une armée dans une armée »

L’insurrection populaire des 30 et 31 octobre a eu des raisons bien précises. C’est la mal gouvernance, l’impunité des crimes économiques et de sang, c’est la corruption, c’est la fraude, c’est la vie chère. De ce point de vue, les responsables et les autorités, à tous les niveaux, sont interpellés d’avoir constamment à l’esprit les raisons qui ont conduit à l’insurrection. Après l’assassinat du Journaliste Norbert Zongo, le collectif des organisations de masse et de partis politiques, à l’issue des travaux sur la commission nationale d’enquête indépendante, a décelé quatre suspects au niveau du RSP et a revendiqué dès lors la dissolution de ce corps. Notre position est claire, l’armée doit être unie. Il ne doit pas avoir une armée dans une armée. Dans un pays démocratique, c’est le rôle des militaires de veiller à la sécurité des frontières, des populations et des biens. Il ne leur appartient pas d’indiquer qui il faut nommer à tel ou tel poste. L’armée a un rôle précis dans un Etat républicain, au-delà, c’est une intrusion malsaine.
Nous demandons également le démantèlement de toutes les zones rouges et aussi le démantèlement des bases militaires étrangères dans notre pays. Notre combat, au-delà de l’amélioration des conditions de vie des populations, c’est de revendiquer une véritable indépendance politique, économique, militaire et socio-culturelle pour notre pays. Là où se trouve le peuple, la CGT-B est prête et sera toujours présente pour l’accompagner.

Laurent Moné, SG du Collectif anti-référendum (CAR) : « Le RSP constitue une gangrène pour … la démocratie »

Aujourd’hui c’est un grand jour pour les Burkinabè, un grand jour pour la jeunesse consciente en ce sens que nous avons un certain nombre d’objectifs. Aujourd’hui, nous posons sans condition la dissolution pure et simple du RSP parce qu’il constitue une gangrène pour le développement de notre pays, pour la démocratie. Il faut en finir une bonne fois pour toutes car si l’on n’y prend pas garde dès à présent, on risque de basculer dans un chaos. Et c’est nous qui allons beaucoup en pâtir. C’est la raison pour laquelle, nous lançons un appel ferme non seulement aux Burkinabè, aux autorités mais à la communauté internationale de se mobiliser autour de la question afin qu’elle soit résolue pour toujours. Et si dans les jours à venir, des décisions fermes ne sont pas prises, nous allons ressortir. S’il faut une fois de plus assumer, nous allons le faire. Nous allons marcher sur Kossyam pour les (ndlr : les militaires du RSP) déloger. Le président Nelson Mandela a dit ceci : « Quel que soit la puissance de l’armée, face à la population, elle devient impuissante »

Tahirou Barry, Président du PAREN

Le RSP doit connaitre une véritable réforme. Il faut qu’il soit au service du peuple et non pas au service d’un homme. On n’a pas besoin d’une armée dans une armée, on n’a pas besoin d’une institution dans une institution. Le RSP ne sera grand que lorsqu’il se mettra de façon franche et sincère au service du peuple souverain.

Gislain Bonzi, Mouvement M21

Avant de parler du RSP, je voudrais parler des leaders du CDP. Il est inhumain qu’après les 30 et 31 octobre, ces gens parachutent, avant même qu’il n’y ait une cérémonie d’hommage aux martyrs, pour observer une minute de silence en leur nom. Nous ne voulons pas qu’ils continuent de salir la mémoire de ceux qui sont tombés lors de l’insurrection. Il est temps qu’ils prennent leurs bagages et foutent le camp d’ici avant que les choses ne tournent au vinaigre. Je suis contre le RSP. C’est nous qui avons fait notre insurrection et nous avons remis le pouvoir à un responsable, un civil pour assurer la transition. Il n’y a donc pas de raison pour que ces militaires viennent persécuter cette transition. Et s’ils continuent à mettre la pression sur qui que ce soit et que les élections pas eu lieu en 2015, nous allons réagir.

Martine Yabré, Societé civile « Même s’ils détiennent les armes, c’est le peuple qui décide ».

La spécificité de notre engagement en tant que femme, c’est de préserver les acquis de l’insurrection populaire. Ce n’était pas évident qu’on puisse amorcer un processus de transition. Mais dès lors qu’il y a eu un minimum de consensus contenu dans la charte et qui commande aujourd’hui un certain nombre d’actions sur le terrain, il est de bonne guère qu’on puisse se mobiliser pour dire « Non aux intimidations, non à la prise en otage de la transition ». On souhaiterait quand-même que le délai imparti pour la fin de la transition soit respecté. Même si les contenus des messages diffèrent, nous nous rejoignons en un seul point qui est l’unité pour la préservation des acquis de la transition de telle sorte qu’en novembre 2015, la passation de charges entre Michel Kafando et le président élu démocratiquement puisse avoir lieu. Le RSP a compris que c’est la voix du peuple qui compte et non pas la leur. Même s’ils détiennent les armes, c’est le peuple qui décide. Et comme plus rien ne sera comme avant, alors intégrons dans nos comportements, le respect des valeurs contenues dans notre charte.

Souleymane Ouédraogo, alias Basic Soul du Balai Citoyen, « La lutte n’est pas terminée »

Nous sommes satisfaits de la mobilisation de ce matin qui est tout à fait exceptionnelle compte tenu du temps qu’on a pris pour organiser ce rassemblement. Nous sommes également satisfaits des différentes interventions de ce jour, des nombreux artistes musiciens et de la réaction du public. On va dire là, que le RSP a compris le message. On ne veut pas de ce corps, on ne veut pas une division au sein de l’armée. Je pense que maintenant, il y a un processus qui va se mettre en place. Nous allons suivre attentivement ce processus de démantèlement, de dissolution du RSP. Il y a une coalition de la societé civile qui été mise en place. Vigilance et engagement autour de ce point qui est non négociable. D’ici-là, toute la stratégie sera dévoilée et on compte accompagner les autorités de la transition jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel normal après les élections. Et le mot d’ordre est le même : la lutte n’est pas terminée et on reste mobilisé.

Propos recueillis par Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net

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