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3ème congrès de la société Burkinabè de Chirurgie : La quête de l’excellence dans les pratiques chirurgicales au profit des patients

Publié le mardi 16 décembre 2014 à 00h09min

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3ème congrès de la société Burkinabè de Chirurgie : La quête de l’excellence dans les pratiques chirurgicales au profit des patients

La Société burkinabè de chirurgie a tenu son 3ème congrès du 4 au 6 décembre dernier à Ouagadougou. Les chirurgiens du Burkina ont partagé durant ce rendez-vous biennal avec leurs homologues de la sous-région et du Maghreb les techniques innovantes de leur métier. Il s’agit notamment de la cœlochirurgie et la transplantation d’organes, des pratiques chirurgicales très peu développées au Burkina. Un rendez-vous du donner et du recevoir qui a eu lieu à l’hôpital national Blaise Compaoré.

La chirurgie par les petites voies d’incision, cette technique très répandue dans les pays du nord est assez marginale en Afrique et particulièrement au Burkina. Pourtant, pour les praticiens, la cœlochirurgie ou la laparochirurgie, offre plus d’avantages. Ils sont liés notamment à la limitation considérable des incisions d’accès aux organes, à la meilleure image du site d’intervention, à l’amélioration de la période postopératoire avec une diminution de la douleur et de la durée d’hospitalisation. « Avec l’évolution vers laparoscopie, on tend à faire moins de dégâts » reconnait le Pr. Théodore Ouédraogo, président de la société Burkinabè de chirurgie pour qui, c’est une prouesse et cette technique permet au malade d’être fonctionnel plus rapidement, parce qu’il n’a plus la plaie qui est importante au niveau de la paroi.

C’est donc une chirurgie qui apporte une qualité de soin sans égale, et qui de l’avis des chirurgiens, met tous les malades au même niveau de qualité de soin. Ce qui tranche avec La chirurgie classique qui expose le malade à plusieurs dangers. La douleur, le saignement, l’infection, la mise en repos prolongée…« Il faudra des antibiotiques, en cas d’infection, il faudra que le malade se repose, et plus tard l’éventration, un ventre qui ne sera pas normal et il faudra réopérer le malade, ce sont les inconvénients de la chirurgie à ventre ouvert, la grande chirurgie. Lorsque celle-ci n’est pas obligatoire, il faut l’éviter », nous dira un praticien.
Le ministre de la santé qui a présidé la cérémonie officielle d’ouverture du colloque, a apprécié les thèmes qui au centre des discussions. Pour lui, les avantages de la laparochirurgie ne font pas objet de débat et ce rendez-vous est une occasion d’entamer la réflexion afin de jeter les bases de développement de cette chirurgie dans la sous-région en général et spécifiquement au Burkina.

Formation et équipement, défis à relever

Si tous les praticiens font chorus sur les avantages de la cœlochirurgie, cette technique a cependant des exigences. Elles sont liées à la formation des praticiens et à l’équipement. De la formation, il en faut à plusieurs niveaux. Les infirmiers qui s’occupent du matériel, des infirmiers chargés de nettoyer tout le matériel après chaque intervention, les infirmiers anesthésistes et les médecins anesthésistes et enfin les chirurgiens. L’acquisition du matériel nécessite également une mobilisation importante de ressources, dont dépend une volonté politique.

Le ministre de la santé, Dr. Amédéé Prospère Guiguimdé a rassuré que son département travaillera à renforcer les capacités du personnel et « veiller à ce que les plateaux techniques suivent pour que le personnel une fois formé, soit dans un environnement décent pour offrir le meilleur de lui-même ». Il a par ailleurs assuré que son département prêtera une grande attention aux conclusions des travaux sont sortis de ce congrès. Une oreille attentive qui réjouira les chirurgiens burkinabè qui étaient les parents pauvres de cette technique chirurgicale dans la sous- région.
Au mali par exemple, la technique est en pleine expansion. Et tout a commencé en 2001, à l’issue d’un symposium aussi. « A travers ce symposium, nous avons pu réaliser des interventions en direct pendant deux à trois jours. Tout le monde était là. C’est dans ce contexte qu’on a pu démarrer la cœlochirugie et depuis, nous n’avons plus jamais arrêté dans le service de chirurgie dans le CHU du point G, où nous officions » se plait a rappelé le Pr. Sanogo Zimogo, maitre de conférences agrégé en chirurgie générale du Centre hospitalier universitaire du point G à Bamako.
Actuellement, selon, lui, la cœlochirurgie occupe entre 20 et 25% des opérations.

Pour lui donc, ce congrès de chirurgiens, est l’occasion d’échanger, partager l’expérience des uns et des autres et se donner des voies à suivre pour les différentes avancées. Se fondant sur sa propre expérience, le Pr. Sanogo Zimogo dit être sûr qu’avec ce colloque « les choses » vont commencer à bouger ici(Ndlr. Au Burkina Faso) aussi. « J’ai échangé avec mes collègues du Burkina. Il ne faut jamais oublier cet aspect de chose, le compagnonnage qui aplatit les difficultés. Nous avons eu des compagnons, venus d’Europe qui sont venus et qui nous aidé à travailler » ajoute le très volontaire Pr. Sanogo.

De la théorie à la pratique

Le 3ème congrès de la SOBUCHIR a été riche de communications. Mais parce que la chirurgie, c’est surtout la pratique, les participants ont assisté à une intervention par voie laparaoscopique. Depuis la salle de conférence, le public a pu suivre toutes les étapes d’une opération effectuée par le Pr. Babakar Fall dans le bloc opératoire de l’hôpital national Blaise Compaoré. Comme dans un film projeté, les participants ont suivi en direct la chirurgie laparoscopique sur une patiente de 19 ans.
En moins d’une heure, le Pr. a réussi à enlever une vésicule biliaire (petit sac qui se trouve sous le foie et qui parfois abrite des cailloux dus à l’alimentation ou à certaines maladies). Nous voyons la paroi n’a pas été ouverte, c’est cela la particularité. Il est allé directement à l’organe » nous lancera le président de la SOBUCHUR. Babakar Fall, Cet expert en matière de cœliochirurgie venu du Sénégal, a magistralement exécuté l’opération, arrachant les applaudissements des congressistes. Pour lui, la chirurgie par les petites voix sera incontournable dans les années à venir, la chirurgie classique pratiquée encore de nos jours, finira par être l’exception.

Bientôt la transplantation d’organe au Burkina ?

La question intéresse les chirurgiens Burkinabè qui l’ont inscrit au programme de ce 3ème congrès. Une table ronde a regroupé des personnes ressources en la matière. Aucune transplantation d’organe n’a encore eu lieu au Burkina alors que beaucoup de patients en ont besoin. De l’avis du Dr Adama Sanou, maitre de conférences agrégé à l’Université de Ouagadougou et chef de service de la chirurgie à l’Hôpital national Blaise Compaoré, spécialiste dans le traitement du cancer du foie et du pancréas, cette table ronde consistait à commencer à parler de cette méthode thérapeutique au Burkina.

« Beaucoup de burkinabè ont besoin de transplantation d’organe, des personnes au Burkina aussi peuvent donner des organes à transplanter. (…) On sait qu’en côte d’ivoire, il y a eu la transplantation de reins, quelques cas ont marché. Si c’est possible dans les pays voisins pourquoi pas chez nous ? « Se demandent le Dr. Pour lui donc, le Burkina doit d’ores et déjà jeter les bases de la transplantation, au moment où certains pays sont passés à la vitesse supérieure. Dans les pays de l’Afrique du nord, en Tunisie par exemple, il se pratique des transplantations de moelle osseuse, de reins, de cœurs, du foie.

Le défi est toutefois énorme. « Ce sont des interventions très compliquées qui nécessitent l’engagement politique important pour la réalisation. C’est possible, il faut des hommes qui soient formés, il va falloir engager des finances à faire après la transplantation pour le suivi des patients, il faut vraiment que ce soit une cause nationale. Il faut commencer à en parler pour que dans quelques années, on mette quelque chose sur pied sur place », a ajouté le Dr. Sanou. Cette table ronde fut simplement l’occasion de jeter les prémices. Les implications du point de vue du point de vue religieux, éthique, ont été discutées. Il faut commencer à préparer les mentalités pour accueillir la transplantation.

Rendez-vous du donner et du recevoir, le 3ème congrès de la Société burkinabè de chirurgie a été de l’avis des organisateurs et des participants, une réussite. Les chirurgiens Burkinabè ont beaucoup reçu des expériences de leurs confrères du Mali, du Sénégal, et de la Tunisie autant qu’ils en ont donné. Le rendez-vous est pris dans deux ans, pour encore se pencher sur d’autres thématiques. La finalité étant d’améliorer les pratiques des chirurgiens burkinabè et d’ailleurs, pour plus d’efficacité au profit des malades.

Tiga Cheick Sawadogo
Photos : Lawasselea Bonaventure Paré
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