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Partis politiques : Amadou Tall lance le MDA

Publié le jeudi 4 décembre 2014 à 01h09min

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Partis politiques : Amadou Tall lance le MDA

« Le président Compaoré est responsable de ce qui lui est arrivé »
Le paysage politique burkinabè vient de s’agrandir avec un dernier né : le Mouvement pour la démocratie en Afrique (MDA). Le parti a été porté sur les fonts baptismaux courant mois de novembre 2014. Il a reçu son récépissé le 18 novembre dernier de l’administration. Son patron se nomme Amadou Tall, un jeune homme d’affaires de 32 ans qui sillonne le monde dans le cadre de ses affaires. Natif de Titao dans le Nord, Tall se dit révolté par l’arriération de son pays malgré les ressources qu’on possède et qui auraient pu servir à développer le pays pour soulager la misère des populations. Le parti se réclame de la droite libérale et s’inscrit théoriquement dans l’opposition. L’occasion faisant le larron, nous avons pu obtenir, en exclusivité, une interview avec le président du MDA venus dans nos locaux. C’était hier 20 novembre 2014 dans la soirée. Lisez plutôt.

Le Soir : Dites-nous pourquoi vous avez décidé de créer un parti politique ?

Amadou Tall : Nous avons décidé de créer ce parti pour le changement. Quand on regarde le Burkina Faso, on peut dire qu’on a tout. Mais paradoxalement, les populations n’ont rien. Quand on traverse les quartiers, on se demande si vraiment il y a une volonté de faire de ce pays un pays digne de ce nom. Donc nous venons apporter le changement au Burkina Faso. Le changement réel.

Selon vous, où se situe le problème du Burkina Faso. Est-ce un problème d’hommes, de compétences, de manque de volonté ou s’agit-il d’un mal de gouvernance ou de choix ?

Le problème, il est connu. Ce sont les hommes. Vous savez chaque pays a sa richesse. Aujourd’hui en Afrique, on a des pays qui ont le pétrole mais qui ne pèsent pas. Malgré le pétrole qu’ils ont, les populations souffrent le martyr. Vous avez à côté de ceux-ci des pays qui n’ont pas grand-chose en termes de richesses du sous-sol, mais dont les populations sont à l’aise. Le Burkina Faso peut être l’un des meilleurs pays en Afrique. Malheureusement. Tous ceux qui viennent à la tête de l’Etat, chacun pense d’abord à lui-même, à mettre sa famille à l’aise, à voler l’argent pour déposer dans des comptes en Europe, en Suisse, là où on n’en a vraiment pas besoin. Vous voyez aujourd’hui, les Burkinabè viennent de chasser leur président. Cela est inadmissible. Imaginez-vous s’il avait bien travaillé, pourquoi et comment sa propre population peut prendre la décision de le chasser du pays ?

Le MDA, à vous entendre, vient faire la promotion des valeurs africaines, c’est-à-dire, de travailler avec le peu dont on dispose dans intégrité pour développer le Burkina Faso ?

C’est un peu cela. Nous estimons qu’avec le peu qu’on a, si on y ajoute de la bonne volonté, de l’intégrité, de la vision, on peut développer le Burkina Faso. C’est ce que nous allons apporter au peuple burkinabè.
Aujourd’hui le MDA est implanté dans combien de localités au Burkina Faso ?
Nous venons d’avoir notre récépissé qui date du 18 novembre. C’est vrai que l’idée a germé depuis un bout de temps. Mais pour le moment, nous nous attelons à avoir notre siège et à mettre tout en œuvre pour que les choses puissent aller d’elles-mêmes. Vous voyez, nous avons la chance de voyager à travers le monde. Donc nous avons la ferme volonté de travailler à faire du Burkina Faso ce que les autres pays sont.

Vous avez des idées certes, mais est-ce que vous les moyens de vos ambitions ? Au Burkina, les partis existent mais beaucoup ne sont pas nantis à même de pouvoir dérouler leurs idées ?

Les moyens ne vont pas manquer si tant est que les idées sont bonnes et cohérentes.

Est-ce que vous avez des relations sur le plan international à même de pouvoir vous soutenir ?

On ne crée pas un parti comme cela. Il faut s’assurer qu’on a le minimum, voire le nécessaire pour pouvoir travailler. Nous nous connaissons le monde. Nous connaissons l’Europe, nous connaissons l’Asie et nous allons mettre à profit nos relations pour pouvoir faire avancer notre parti et faire changer notre pays. Le Burkina Faso mérite mieux que ça. Regardez depuis les indépendances en 1960, il n’y a vraiment pas eu de changement en tant que tel. Regardez ne serait-ce que la capitale Ouagadougou, par rapport à d’autres villes africaines, il n’y a pas match. Nous sommes en retard. C’est ce désir de faire du Burkina Faso, une grande nation qui nous anime et pour cela nous saurons trouver les moyens là où ils se trouvent.

Le Burkina Faso vit une crise après cette insurrection qui a contraint le président à quitter son fauteuil. Quelle est votre analyse ?

Le président Compaoré est responsable de ce qui lui est arrivé. Si un président dit que son pays l’aime, il faut en retour qu’il aime son peuple. Quand on aime son peuple, il y a des décisions qu’on ne doit pas prendre surtout lorsque ce peuple te dit qu’il n’a pas besoin. Il aurait fallu qu’il écoute son peuple et qu’il renonce à son projet de révision. 27 ans au pouvoir, je pense que ça suffit largement. C’est pourquoi, nous pensons qu’il faut limiter les mandats partout en Afrique et surtout faire en sorte que personne ne remette en cause cela. C’est une valeur essentielle de la démocratie. Sans ce garde-fou, il nous sera difficile de nous développer.

Nous avons actuellement un nouveau président, un Premier ministre militaire et une transition qui est en marche. Est-ce que vous avez une analyse particulière. Est-ce que vous croyez que ça va aboutir ?

J’ai foi en la transition et je crois que ça va bien aller. J’apprécie la vision du lieutenant-colonel Zida devenu Premier ministre. C’est un homme qui en deux semaines a su rallier tout le monde à sa cause. C’est un grand homme et moi jusqu’à preuve de contraire, je lui fais confiance.
Est-ce que votre parti a déjà des relations avec d’autres partis au plan national ?
Non, pas encore.

Entendez-vous tisser des relations avec d’autres partis ?

Nous n’avons pas encore réfléchi à la question.

Nous n’avons plus le CFOP et la majorité. Néanmoins, les partis évoluent par tendance. Vous vous êtes de quelle tendance ? Celle de l’ex-opposition ou de l’ex-majorité ?

Déjà nous sommes contre l’ancien régime. Si on doit évoquer les tendances, de ce point de vue, je dirai que nous sommes de l’opposition politique.

Est-ce que vous pensez qu’il faut juger le président du Faso, le patron de l’autre régime ?

C’est vrai qu’il a conduit le Burkina Faso dans la situation dans laquelle nous sommes actuellement. Mais je pense qu’il faut faire les choses avec mesure. Nous ne devons pas tomber dans une sorte de chasse à l’homme ou de justice des vainqueurs.
Nous allons vers des élections présidentielles, législatives et municipales en 2015. Le

MDA compte-t-il présenter un candidat à l’élection présidentielle ?

Nous sommes un parti qui ambitionne d’être aux affaires. Nous ne sommes pas venus pour faire de la figuration. En toute logique, nous prendrons part aux élections. Mais pour l’élection présidentielle, nous n’avons pas encore une position arrêtée. Mais, d’ici-là, les instances habilitées prendront la décision appropriée.
Il est vrai que vous avez votre siège à Ouagadougou, mais où se situe votre fief ?
Notre fief c’est à Ouahigouya. Notre base, c’est certainement dans le grand Nord.

Que pensez-vous de Gilbert Noël Ouédraogo et Salif Diallo qui sont des fils du Nord et des hommes politiques incontournables ?

Je n’ai pas trop de commentaires les concernant. Pour Gilbert, en deux mots, je dirai qu’il a tout simplement trahi son peuple.

Et Salif Diallo ?

Je pense que c’est un homme de bien.
Quelles seront vos activités dans les jours à venir ?
Ne soyez pas pressé. Bientôt, vous entendrez parler du MDA.
Pour finir peut-on savoir l’idéologie politique du MDA ?
Nous sommes un parti de droite et des libéraux.

Encadré :
L’EMBLEME DU MDA

Le MDA prend pour emblème un tigre dans un cercle porté par deux mains entourées par deux épis de culture vivrière. Les mains signifient la solidarité et les épis l’autosuffisance alimentaire.

Les couleurs utilisées par le MDA sont : l’orange qui signifie l’union, le vert qui signifie l’espoir pour une nation prospère. Le blanc signifie la paix et la justice dans la nation.
Le Tigre a un tempérament galvaniseur, il reste toujours maître de lui. Le Tigre est intelligent et curieux.

Le Tigre sait ce qu’est l’amitié et va au-delà du simple coup de main quand on fait appel à lui. C’est le symbole de la solidarité entre les militants du parti.
Le Tigre a une sensibilité d’observateur avant de s’investir. Pour le MDA, c’est le sens de la concertation inclusive de tous les fils et filles du pays avant la prise de toute décision en rapport avec l’intérêt de la nation. C’est l’expression même de la démocratie une des valeurs primordiales au sein du MDA.

Ousmane Tiendrebéogo
Journal Le Soir

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