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Insurrection populaire : Ouagadougou reprend sa dynamique d’ambiance « habituelle »

Publié le samedi 1er novembre 2014 à 19h49min

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Insurrection populaire : Ouagadougou reprend sa dynamique d’ambiance « habituelle »

La capitale burkinabè, Ouagadougou, retrouve, progressivement, son rythme de vie quotidienne, 48 h après le début de ce que de nombreux gens ont qualifié de « insurrection démocratique et populaire » marquée également par des actes de pillages, d’incendies, d’obstruction de routes, de fermetures de commerces et autres services. C’est le constat en cette matinée de samedi, 1er Novembre 2014.

Les boutiques et stations-services ont repris le service, les garages d’engins à deux roues et de véhicules automobiles, les marchés de quartier, etc. C’est le cas du marché « Katr-yaar », sis côté Est de la capitale. Ce marché qui est l’un des plus animés, du fait qu’il se situe dans une zone à forte densité, a repris dès 8h ce matin, toute son ambiance avec des commerçantes qui, comme d’habitude, ont occupé les lieux jusqu’au débordement de la voie Est qui longe le marché, rendant difficile le passage. Après ces 48 h de mouvements intenses, place est maintenant aux commentaires dans les lieux de travail, les kiosques à café, les débits de boissons bref, tous les lieux de regroupements humains. C’est en ces lieux également qu’est pronostiqué l’avenir du Pays des Hommes Intègres où chacun y va de ses intentions et analyses.

Mais, une chose reste constante chez tout le monde : la nécessité de travailler, individuellement et collectivement à « remonter la pente ». « Il faut bien que l’économie roule, donc les gens doivent se remettre vite au travail pour pouvoir minimiser les effets de cette période difficile que nous avons traversée », a confié M. Soulama, gérant d’une muni-alimentation qui ajoute en outre qu’« il faut que les Burkinabè se ressaisissent très vite en oubliant ce qui s’est passé pour se remettre au travail, redresser ce qui peut l’être ». C’est aussi le point de vue de Mme Nikiéma, commerçante pour qui « c’est maintenant que le plus difficile commence. Ce n’est pas la chute la difficulté mais comment se relever le plus vite possible et encore plus haut ».

Opération « villes propres », pour commencer !

L’appel des organisations de la société civile, des partis politiques, des personnes ressources et de bonne volonté à « remettre » la ville de Ouagadougou à « sa place » n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, dira-t-on au regard de la mobilisation des populations dans les différentes artères de la capitale. Des quartiers périphériques au centre-ville, c’est à cœur joie que les uns et les autres s’adonnent à rendre à la capitale du Burkina, son visage d’antan de « capitale propre ». Cette opération qui devra aussi concerner toutes les grandes villes du Burkina touchées par les mouvements se veut aussi, pour les nombreux jeunes que nous avons rencontrés en plein nettoyage, un autre message fort. « Je suis un citoyen qui a mené la lutte ensemble avec les frères, jeunes burkinabè pour faire partir le régime de la IVè République. Et pour l’exprimer, nous n’avions d’autres moyens démocratiques que ces actes que certains ont qualifié ‘’d’actes de vandalisme’’ qui se sont traduits par des dégâts qui, nous le savons, ne sont pas bien. Mais, c’était, malheureusement, le seul moyen à notre disposition. Aujourd’hui, l’objectif étant atteint, et pour faire comprendre à l’opinion nationale et internationale que nous ne l’avons pas fait parce que nous sommes des délinquants, nous nous sommes remobilisés encore pour rendre nos villes propres. On s’est donc levé ce matin pour rendre propre notre ville, même si elle ne peut pas tout de suite être comme elle était avant. C’est pour faire en sorte que ceux qui vont passer dans la ville ne sente pas qu’il y a eu quelque chose. Que l’étranger qui va entrer soit surpris de ne pas voir une ville abîmée, malgré les manifestations. On montre qu’on aime notre pays, nos villes, c’est pour cela que je suis sorti ce matin pour ce travail », a confié Mohamed Zombra. Même élan pour Hamidou B. Hamidou, habitant du quartier « Katr-yaar », tous sur la rue Maurice Yaméogo au quartier Koulouba, râteaux, balais et autres objets de nettoyage en mains. « J’ai commencé le nettoyage vers le SIAO, dans mon quartier avant de me retrouver ici dans le centre-ville. J’ai vu ce tas d’ordures sur la route, je ne pouvais pas laisser et passer, voilà pourquoi je me suis arrêté pour le débarrasser de la circulation. J’ai été rejoint par des frères et ça fait plaisir. On ne se connaissait pas mais on s’est retrouvé et c’est un lien qui se crée, nous sommes tous des Burkinabè, des frères ; donc c’est la même cause. C’est ensemble que nous avons lutté et c’est ensemble que nous allons remettre la ville au propre » , a relaté M. Kaboré.

« Pillage n’est pas burkinabè »

Pour les interlocuteurs, c’est la même volonté qui a servi à faire partir le régime qui est de mise pour le nettoyage des rues. « Pour dire qu’on ne l’a pas fait parce qu’on veut gâter la ville. On vraiment déploré les actes de vandalisme. Aux gens qui ont pillé les boutiques, on leur dira simplement : ce n’est pas burkinabè. Ce qu’on doit aussi comprendre, c’est que ceux qui ont pillé n’étaient pas sur les lieux de lutte ; ce sont des gens qui ont profité des situations pour aller piller et je voudrais leur dire d’être burkinabè, d’être dignes, des hommes intègres comme tout le peuple et, ensemble, garder cette union pour toujours lutter, à chaque fois que de besoin » , a souligné M. Zombra, soutenu en ces termes par Hamidou Kaboré : « Nous ne sommes pas bandits. En tant que Burkinabè, il faut être digne dans ta vie et assumer ta responsabilité. C’est pour cela que je suis sorti ce matin. Je demande aux frères, à ceux qui profitent de la situation pour faire des pillages, ça ne me plaît pas du tout. Ce n’est pas digne d’un Burkinabè.

Avant-hier nuit (30 octobre, ndlr), je suis rentré très tôt à cause des pillages parce que je n’étais pas content de voir ces scènes. Je n’y pouvais rien aussi parce que j’étais seul. Je demande vraiment aux autorités (les forces de sécurité et de défense) de contribuer à faire cesser ça car, ce n’est pas du tout Burkinabè » . Ils appellent également l’ensemble de la jeunesse burkinabè à une solidarité et à toujours promouvoir les valeurs de fraternité, de patriotisme au-delà de tous les clivages idéologiques.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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