« Il n’aura pas de Tour du Faso cette année. On va attendre l’année prochaine, tout en souhaitant effectivement qu’on puisse vaincre Ebola », c’est l’information réitérée par le ministre des sports et des loisirs, Yacouba Ouédraogo. Pour lui, ce n’est pas avec gaieté qu’une telle décision est prise ; elle est recommandée par la prudence à observer face à un contexte sous-régional marqué par le « ravage » du virus Ebola.
Le plus grand Tour cycliste d’Afrique subit donc le même sort que d’autres grandes manifestations comme le SIAO, le SITHO ou encore le Forum national des jeunes. A en croire Yacouba Ouédraogo, aucune autre motivation ne sous-tend la décision d’annulation de cette édition que celle visant à préserver le Burkina du virus Ebola. « Que ce ne soit pas par le sport que notre pays va connaître un grand mal que tout le monde fuit », a-t-il justifié avant d’ajouter : « On joue la carte de la prudence. Nous ne voulons pas que par le sport, on crée des problèmes au pays ».

Selon Yacouba Ouédraogo, l’envie des uns et des autres de participer au Tour, en Afrique et en Europe, est bien perceptible, mais il faut rester prudent pour ne pas ouvrir la porte au risque. « Si on dit qu’il y a Ebola au Burkina, on ne va pas se retrouver ici et s’asseoir ensemble. Les gens ne vont plus se saluer. Il y a des pays où même le Président ne salue pas ses ministres. Ce n’est pas nous qui allons donc dire qu’on a investi, donc nous allons organiser le Tour. Nous allons prendre les précautions », a caricaturé le ministre avant d’expliquer ce que peuvent être les conséquences de la présence du virus Ebola dans la vie socio-économique d’un pays.

A la question de savoir s’il va y avoir un « plan B » pour combler le vide, le ministre est catégorique : « il n’y a pas de plan B envisagé. C’est un grand Tour qui fait honneur à notre pays, un patrimoine national. Le Tour du Faso ne doit pas être comparé à ceux d’autres pays où ce sont les locaux seulement qui font leur tour entre eux. On peut faire un autre Tour. Mais, il ne s’appellera pas Tour du Faso. Le Tour du Faso, ce ne sont pas avec les locaux. Quand on dit Tour du Faso, avec l’UCI (Union Cycliste internationale), on ne peut pas le faire avec les locaux seulement. Et c’est cela qui nous a poussés à faire cette conférence de presse parce qu’effectivement, on a entendu sur certaines radios internationales, des cyclistes qui parlaient de faire le Tour entre eux. Les compétitions sont différentes. Donc, il n’y a pas de plan B ». Pour Yacouba Ouédraogo, d’autres compétitions existent pour permettre aux coureurs nationaux de se maintenir ; c’est le cas, entre autres, du « Tour de l’Impossible ». D’autres compétions d’envergure internationale pourraient subir le même sort. « Tout dépendra de l’évolution des choses. A la veille ou à une semaine de la tenue, on peut annuler. Tout dépend des informations que nous aurons. On ne va pas faire une activité par plaisir pour ensuite créer des problèmes sanitaires à notre pays », a-t-il précisé.

Le ministre s’insurge contre des cas de « malversation »

Interrogé sur les dettes qu’aurait le Tour du Faso envers certains prestataires, notamment des locataires de véhicules, le ministre a révélé : « Chaque année, l’Etat a toujours remis au minimum 125 millions au Tour. Les membres du comité d’organisation le savent, la Fédération burkinabè de cyclisme le sait. A ce niveau, on vous donne de l’argent et on vous dit, faites le Tour avec des sponsors. Mais, la dernière fois, lorsque j’ai reçu les plaignants, ceux qui avaient loué leurs voitures, nous avons compris que l’argent n’était pas effectivement utilisé pour le Tour ! Lorsque vous faites un point, vous voulez 100 véhicules pour le Tour, alors qu’en réalité, c’est 50 véhicules qui sont utilisés sur le Tour. On vous donne l’argent des 100 véhicules, vous retenez la moitié. Et même vous ne payez pas la totalité à ceux qui vous ont loué les véhicules. Nous avons vu des hôtels qui avaient 50 lits mais qui ont facturé près de 80 lits. Tout cela, nous avons découvert. Est-ce que ça c’est l’Etat qui doit ? ». Pour le ministre, c’est la raison pour laquelle des dispositions avaient été prises cette année à travers la composition du comité d’organisation. « Cette année, on avait mis un colonel de la Gendarmerie comme président de la commission logistique et le conseiller technique à la commission accueil et hébergement », a souligné le ministre. Il a indiqué que des enquêtes seront menées pour faire la lumière sur la question.
Par ailleurs, le premier responsable du département des sports et des loisirs a annoncé que ce moment de trêve sera mis à profit pour redonner un nouvel élan au Tour du Faso notamment, par une réorganisation de la compétition. Dans cette dynamique, il est prévu l’érection d’un secrétariat permanent chargé de l’organisation de la compétition.

CAN 2015, se qualifier avant la fin des éliminatoires

Le 11 octobre prochain, les Etalons footballeurs affrontent à Libreville (Gabon), les Panthères pour le compte de la 3ème journée des éliminatoires pour la CAN, Maroc 2015. Yacouba Ouédraogo souhaite que le « Onze national » garde toujours le même « moral d’acier » et l’esprit de solidarité qui règne dans l’équipe. « Depuis la CAN 2013 jusqu’à ce jour, ils ont toujours démontré cette solidarité et ils n’ont jamais négligé une équipe », s’est réjouit le ministre du comportement des joueurs. C’est pourquoi a-t-il demandé l’accompagnement et les encouragements de tous les Burkinabè pour non seulement une qualification pour Maroc 2015 mais, mieux encore, une qualification avant la fin même des éliminatoires. « Avec cette équipe, il n’y a pas de raison que le Burkina n’aille pas au Maroc en 2015 », a certifié Yacouba Ouédraogo.

Oumar L. OUDRAOGO

Lefaso.net