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Sénat : la position de l’Eglise catholique n’a pas évolué

Publié le vendredi 13 septembre 2013 à 22h20min

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Sénat : la position de l’Eglise catholique n’a pas évolué

Le président du Faso, Blaise Compaoré, a reçu en audience, dans la matinée de ce vendredi 13 septembre 2013, les responsables de l’Eglise catholique. Situation nationale et la lettre des évêques sur la mise en place du Sénat ont alimenté les échanges. Selon les prélats, « l’Eglise reste fidèle à elle-même » en ce qui concerne le sénat.

Annoncés pour 11 h, les évêques sont arrivés à la résidence du président du Faso, 10 minutes plus tôt. La délégation, conduite par Monseigneur Paul Ouédraogo, archevêque de Bobo-Dioulasso et président du Conseil permanent des évêques du Burkina, était composée de Messeigneurs Joachim Ouédraogo, vice-président du Conseil, Philippe Ouédraogo, archevêque de Ouagadougou. Il manquait Monseigneur Séraphin Roamba, archevêque de Koupèla, « en mission à l’étranger ». Ils ont été conduits dans la salle où les attendait le chef de l’Etat. A peine trente minutes d’entretien, les voilà ressortis, raccompagnés par le maître des lieux. Etait-ce le début des larges concertations annoncées par le président du Faso en vue d’obtenir le consensus au tour du sénat ? Mgr Paul Ouédraogo situe l’objet de leur visite : « Nous avons demandé cette audience pour nous entretenir avec le président du Faso sur certaines questions qui nous préoccupent surtout après la parution de notre lettre pastorale », a-t-il indiqué.

Lettre pastorale du 21 juillet

Le 21 juillet 2013, le collège épiscopal a, dans une lettre pastorale, relevé les insuffisances de la gouvernance et l’accroissement de la fracture sociale due à la « pauvreté de masse lancinante, à la polarisation de la richesse dans un groupe, la corruption et la patrimonialisation de l’Etat ». Ils s’étaient également interrogés sur la nécessité du Sénat pour le Burkina. Les responsables veulent que l’on voie en cette lettre le travail d’un groupe. « La lettre pastorale est un acte collégial que nous avons posé. Elle dit, en gros, notre analyse de la situation », a précisé Mgr Paul Ouédraogo.

Suite aux manifestations monstres que le projet de création du sénat a engendrées dans tout le pays, le chef de l’Etat a instruit le Premier ministre et le ministre chargé des Réformes politiques de convoquer le Comité de suivi des réformes politiques consensuelles aux fins de lui proposer un rapport circonstancié sur la mise en œuvre du sénat. Un travail a été fait et les conclusions ont été remises au président du Faso. Entre autres propositions, le comité a suggéré la réduction du nombre des sénateurs de 89 à 71, de l’âge requis pour être sénateur de 45 ans à 35 ans et de susciter la prise en compte des femmes et des jeunes dans les désignations des représentants des différentes composantes.

L’église toujours sur sa position par rapport au Sénat

Tout comme l’opinion nationale qui est restée muette sur ces propositions, l’Eglise n’entend pas dévoiler sa position maintenant. « Vous saurez notre position sur le rapport circonstancié dans les jours à venir. Nous restons fidèles à nous-mêmes, logiques. D’ailleurs, notre lettre pastorale s’est appesantie sur ce que nous avons à faire », s’est contenté d’indiquer le président du Conseil permanent des évêques du Burkina. La position de l’Eglise n’a donc pas changé ? A cette question, le prélat répond : « Nous essayons d’être cohérents ».

Après avoir pris connaissance du rapport circonstancié, le président du Faso a demandé au gouvernement d’engager de larges concertations afin d’asseoir la pertinence du sénat. Pour certains analystes, il s’agit d’un abandon du projet par le chef de l’Etat. Mais pour d’autres, en fin stratège, le locataire du palais présidentiel de Kosyam, entend juste jouer avec le temps. Et si le Sénat devait voir le jour, l’Eglise n’y sera-t-elle pas représentée ? Mgr Paul Ouédraogo, donne encore une réponse vague : « Vous verrez bien. Pour cela, ne vous inquiétez pas. Soyez seulement patients, vous verrez la suite ».

Les mesures sociales du gouvernement saluées par les prélats

Pour calmer la grogne sociale qui dénonçait également la vie chère, le gouvernement a annoncé des mesures sociales. Il s’agit notamment une augmentation des salaires, des indemnités de logement, de la création de boutiques témoins pour le riz et de la fixation des prix des produits de grande nécessité. Une décision que l’Eglise salut à sa juste valeur. « Nous les saluons à leur juste mesure. Que ce soit la hausse des salaires, le geste en faveur des filets sociaux ou la création d’emplois pour les jeunes. Ce sont des problèmes qui nous préoccupent et nous ne pouvons que les saluer. Nous sommes prêts à les accompagner pour que ces mesures qui ont été annoncées deviennent bien sûr réalités pour le Bien de l’ensemble de la population et surtout pour les couches les plus vulnérables », a indiqué Mgr Paul Ouédraogo a d’ailleurs tenu à préciser que « les discussions se sont déroulées de façon cordiale ».

Face à cette situation d’instabilité que connait le Burkina ces dernières années, l’Eglise offre au pays ce qu’elle a de plus beau : la prière. « Nous continuons d’accompagner ce pays qui nous est cher de prières. Car la prière est ce que l’Eglise a de mieux à offrir. Nous prions pour la paix. Elle est chère au cœur de Dieu, elle est chère au cœur de tous les hommes et de toutes les femmes ».

Selon un calendrier bien établi, le président recevra demain, samedi 14 septembre, la communauté musulmane et le dimanche 15 septembre, la communauté protestante.

Jacques Théodore Balima

Lefaso.net

Lien utile : Situation nationale : Les évêques du Burkina mettent en garde contre la dégradation du climat social

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