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Pensions françaises : On a zouté du riz

Publié le samedi 29 novembre 2003 à 12h56min

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Après plusieurs décennies de lutte, les anciens combattants commencent à voir le bout du tunnel. Pour ce dernier trimestre, de bonne nouvelles sont arrivées de l’Hexagone avec la série de mesures prises en vue d’une réforme des pensions françaises.

Les Tirailleurs sénégalais, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ont toujours été des laissés-pour-compte. La France, la patrie de la liberté, avait même été accusée d’ingratitude à l’égard de ceux-la qui, pendant le conflit, étaient en majorité sur la ligne de feu. C’est dire comment leur courage et leur ténacité ont permis à la France de réussir à bouter l’ennemi nazi hors de ses frontières. Dès la fin de la guerre, en 1945, les Tirailleurs sénégalais ont regagné fièrement leur continent, heureux d’avoir fait oeuvre utile au service de l’humanité.

Cette joie a cependant été de courte durée, car les vaillants soldats se sont rendu compte que la France s’est montrée discriminatoire dans sa reconnaissance. La pension servie a tous les anciens combattants a été un instrument d’injustice flagrante. Parfois pour le même grade et pour avoir enduré les mêmes difficultés, les anciens combattants d’origine africaine n’avaient pas la moitié du traitement de leurs collègues français. Les choses allaient être encore plus difficiles après les indépendances des années 1960. La loi de finances gestion 1960 de la République française a décidé de bloquer le montant des pensions des anciens combattants africains. Le fossé entre soldats noirs et français n’a cessé de s’élargir. Les revalorisations successives observées de temps à autre n’ont été que saupoudrage.

L’augmentation des pensions des anciens combattants n’aura un sens qu’avec l’application des dispositions contenues dans le décret du 3 novembre dernier relatif aux pensions. Il y est affirmé le principe de la décristallisation des pensions avec une révision annuelle des prestations versées. Ledit décret annonce une augmentation de toutes les prestations de 20 % pour compter du 1er janvier 1999, avec un rappel équivalent à une année de pension. Mieux, chaque année, il sera fixé un coefficient d’actualisation proportionnel aux rapports des parités des pouvoirs d’achats France-Burkina. Au cas où ce coefficient entraînerait une baisse de la prestation, les anciens combattants bénéficient du principe des droits acquis.

Avec ces nouvelles mesures, tout laisse croire que la France est décidée à mettre les anciens combattants - ou ce qu’il en reste - dans les meilleures conditions. Vu l’âge avancé des pensionnés, les textes leur donnent la possibilité de renoncer à leur pension pour recevoir le versement d’un capital. Les tirailleurs ont jusqu’au 31 décembre 2005 pour se décider. Cependant, quelle que soit l’option choisie, ils conserveront le bénéfice des droits aux soins médicaux gratuits et l’appareillage. Et comme pour se faire pardonner de ces vaillants Tirailleurs sénégalais qui sont au soir de leur vie, la France entend également garantir le soutien servi aux invalides. Ainsi, une révision des droits peut être obtenue si des expertises médicales réalisées au Burkina révélaient une aggravation des infirmités.

L’année 2003 s’achève donc sur des notes optimistes pour nos anciens combattants. L’application de ces nouvelles mesures prend effet à partir de janvier 2004, et ce n’est pas moins de six milliards de nos francs qui seront servis par la France au Burkina Faso, pour les quelque 7 300 dossiers traités. La balle est désormais dans le camp du Burkina, qui doit soustraire ces anciens combattants des mains de certains agents indélicats des perceptions dans les préfectures. L’expérience montre, en effet, que ces agents sont quelquefois de véritables sangsues pour ces Tirailleurs sénégalais et leur famille.

Adam Igor
Journal du jeudi

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