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ASSEMBLEE NATIONALE : La gestion de la santé très critiquée

Publié le vendredi 28 novembre 2003 à 10h05min

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Les députés membres de la Commission des finances et du
budget (COMFIB) se sont retirés à Bobo Dioulasso pour faire le
point de la session budgétaire et rédiger leur rapport. Les
auditions des membres du gouvernement furent, cette année,
particulièrement impitoyables, à commencer par le ministre de
la Santé.

Le ministre de la Santé et les nombreux collaborateurs qui
l’accompagnaient n’oublieront pas de sitôt la séance qu’ils ont
eue avec la Commission des finances et du budget. Les
informations qui ont filtré de cette rencontre montrent bien
qu’elle fut houleuse et tendue. Le chef du département de la
Santé, Alain Yoda, a montré des signes de nervosité face aux
observations et critiques des députés sur la gestion des
établissements sanitaires et la CAMEG, le fonctionnement des
conseils d’administration, la sous-traitance généralisée,
l’exercice de la médecine privée dans les formations sanitaires
publiques, la lutte contre le Sida, etc.

L’emprunt de 300 millions de F CFA contracté par l’OST (Office
de santé des travailleurs) auprès de la CNSS a particulièrement
retenu l’attention des commissaires qui ont émis des réserves
sur les conditions de ce prêt et l’état de santé défaillante de
l’OST. La sous-commission que préside le député Cyril
Goungounga a posé la question qui fâche : "Ne craignez-vous
pas, M. le ministre , que ce prêt dont l’opportunité et la légalité
restent à prouver n’enlise davantage et ne subordonne cet
instrument des fonctionnaires aux diktats de la CNSS" ?

Il n’en
fallait pas plus pour exaspérer les représentants du
gouvernement. Selon certaines indicréditions, la séance a failli
se terminer en queue de poisson, dans une salle surchauffée,
avec de virulentes diatribes à la clé. Le ministre a fait l’objet de
critiques sévères des élus qui ont trouvé son attitude aux
antipodes du respect mutuel qui doit régir les relations entre le
législatif et de l’exécutif. Ce d’autant que d’autres ministres se
sont accommodés aisément de la procédure. Salif Diallo,
Mahamoudou Ouédraogo et Jean-Baptiste Compaoré, surtout,
se sont pliés aux observations de la COMFIB qui peuvent être
une source de meilleure gestion des finances publiques.

Bientôt une commission d’enquête parlementaire ?

Finalement, en bon joueur, le ministre Yoda, à la fin de la
séance, a renoué le dialogue avec les élus, dans une ambiance
détendue. Simple répit ? Les couloirs de l’hémicycle bruissent
en effet de rumeurs annonçant l’imminence d’une commission
d’enquête parlementaire, histoire de vérifier si les pactoles
déversés au ministère de la Santé profitent effectivement aux
malades ou vont à ailleurs.

Si le ministère de la Santé était sur
la sellette, les dysfonctionnements d’autres départements n’ont
pas moins été dénoncés. La mauvaise réalisation de la route
Boromo-Bobo, la baisse du taux d’intérêt de la Caisse nationale
d’épargne, les conditions vétustes de travail dans les services
des Impôts, le mauvais adressage des rues et la numérotation
approximative des plaques minéralogiques, etc., sont autant de
problèmes soulevés par la COMFIB.

Cette commission voit,
dans la plupart des cas, la main des institutions financières
internationales dans la mise en oeuvre de certaines mesures
qui s’avèrent désastreuses. La SONAPOST a ainsi enregistré un
départ massif des épargnants de la CNE à cause de la baisse
du taux d’intérêt consécutive à la restructuration du système
financier et bancaire. On estime à 4 milliards de F CFA les
remboursements que la CNE pourrait effectuer, sur un avoir
global d’environ 34 milliards de F CFA.

La COMFIB a réussi à exercer ce contrôle serré sur la gestion
de la chose publique grâce à une nouvelle organisation qui a
accru son efficacité. Ainsi, 7 sous-commissions ont été créées
cette année, dirigées chacune par un député. Il y a 5
sous-commissions thématiques et 2 sectorielles (ministères et
institutions). Dans le premier groupe, on note les Recettes, la
Dette, les Programmes et grands projets, les PPTE et comptes
spéciaux, les établissements publics de l’Etat et autres
transferts courants, présidés respectivement par Viviane
Compaoré, Théodule Dah, Soma Barro, Datouissama Théodore
Sawadogo et Cyril Goungounga. Les sous-commissions
sectorielles sont sous la responsabilité de Patrice Diessongo et
Abel Lompo.

La COMFIB doit ses performances actuelles à un
facteur non moins négligeable : la haute compréhension du rôle
d’un député, notamment au sein d’une commission aussi
importante que celle des finances et du budget. Le député doit
en effet se départir des pesanteurs politiques ou sociologiques
qui l’ont souvent amené à caresser plus qu’il n’en faut l’exécutif.
Protégé par la constitution en son article 95, il ne peut être
inquiété pour les opinions émises dans le cadre de ses
fonctions. Tout juste craint-il des représailles politiques, quand
le jour viendra où il voudra un ballon ou des maillots pour une
coupe. Mais l’indépendance de jugement propre à l’élu a un prix,
au nom de l’engagement pris auprès des électeurs. Et la
commission que dirige Christophe Dabiré tente de mériter cette
confiance. Les séances plénières prévues pour bientôt
permettront sans doute d’apprécier son travail et de savoir si elle
a bien rempli son contrat.


Mériter son salaire

Les députés veulent-ils faire oublier la mauvaise image qui leur
colle à la peau depuis le début de la législature ? Accusés de
s’accorder des prébendes, ils avaient en effet connu un
démarrage difficile de leur mandat, en 2002. Une année après,
l’impression qui se dégage est que les élus tiennent à mériter
leurs émoluments. Les questions orales sont plus pointues les
unes que les autres et les travaux en commission sans
complaisance. Les députés de l’opposition ont même fait de la
surproduction puisque nombre de leurs propositions de loi,
questions orales ou demandes d’enquête parlementaire n’ont
pu aboutir.

Par Mahorou KANAZOE
Le Pays

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