Sidi Napon : « Cela ne me gêne pas d’être redéployé à la tête des Etalons juniors »
L’attelage Paul Put – Sidi Napon, les deux entraîneurs à la tête des Etalons, a fini par voler en éclats après la Coupe d’Afrique des nations de football en Afrique du Sud où le Burkina Faso s’est classé deuxième. Les relations entre les deux hommes étant tendus, la Fédération burkinabè de football (FBF) décidait, après avoir lu un rapport de l’entraîneur Paul Put, de débarquer l’entraineur adjoint, Sidi Napon, et de le "redéployer" à la tête des Etalons juniors. « Moi je le prends très bien », confie l’intéressé sur le plateau d’Africa 24 football club, une émission de la chaîne de télévision Africa 24. Fasozine a retranscrit l’entretien.
Africa 24 : Qu’est ce qui s’est passé ?
Sidi Napon : M. Paul Put a décidé que notre association ne lui donnait pas assez la liberté de bien travailler et qu’il ne fallait plus qu’on bosse ensemble. Donc, le président de fédération à trouvé la solution en me confiant l’équipe nationale junior. Je pense que c’est une bonne chose. Moi je le prends très bien. Pour moi, il faut voir l’intérêt général du Burkina Faso, pas mon propre intérêt. Si aujourd’hui M. Paul Put peut, sans moi, nous amener à la Coupe du monde, cela me ferait vachement plaisir.
Les relations n’étaient pas bonnes du tout entre vous deux ?
C’étaient des relations de travail. Mais vous savez, quand on est l’adjoint, ce n’est pas toujours facile…
Vous vous parliez pendant la CAN en Afrique du Sud ?
Nous nous parlions. Je donnais mon avis sur le classement ou quand quelque chose n’allait pas. Quand il y avait des problèmes avec les joueurs, je l’en informais. Moi je travaille pour mon pays. Ma mentalité c’est Burkina Faso et non Sidi Napon. Aujourd’hui que nous sommes deuxièmes après la CAN, personne ne parle de Sidi Napon ou de Paul Put mais du Burkina Faso. Moi je vois surtout l’intérêt général des mes enfants et de mes petits frères. Si demain on parle très bien du Burkina, ce sont eux qui vont récolter les fruits. Ils seront pris dans les clubs partout dans le monde comme les Camerounais, les Ivoiriens.
Il semble qu’il y a un rapport qui a été rédigé et qui ne dirait pas de bonnes choses sur vous. Pourquoi la décision a été prise justement alors que vous n’étiez pas présent au Burkina Faso ?
Je suis venu en France pour voir ma famille qui y vit. La décision a été prise alors que M. Put était resté au Burkina. Je le prends bien.
Pourquoi Paul Put a dit qu’il ne voulait plus travailler avec vous ?
Mais c’est à lui qu’il faut poser cette question ! Moi, je n’a pas de problème. Peut être qu’il a un problème et ne veut plus travailler avec moi. Mais mon souhait est qu’il amène loin mon pays.
Est-ce que vous n’avez pas voulu le remplacer à la tête de la sélection ?
Pas du tout ! Je ne suis pas un arriviste à ce point. Il est vrai que j’aimerai un jour être l’entraîneur, mais ce n’est pas le moment. Je respecte la hiérarchie. Paul Put a été désigné comme entraîneur principal. Moi, je donne mon avis à M. Paul Put, qui en tient compte ou non. C’est lui qui prend la décision finale. C’est l’intérêt de mon pays qui me préoccupe le plus.
Que gardez-vous comme souvenir de cette CAN ou vous terminez quand même deuxièmes ?
De très bons souvenirs. Ce sont des moments inoubliables…
Paul Put a-t-il été meilleur que Paulo Duarte ?
Bien sûr qu’il a été meilleur parce qu’il a eu les résultats. Mais il faut reconnaitre qu’il y a un travail de fond qui a été fait. Il ne faut oublier ceux qui ont travaillé avant, ce serait trop facile. Paulo Duarte (qui a dû céder sa place à Paul Put, Ndlr) a fait un bon travail aussi, et Put a accentué. Il n’a pas fait les mêmes classements que Duarte. Il n’a pas mis en place le même système de jeu que lui. Il a apporté quelque chose de plus au Burkina Faso.
Dans l’histoire des paris truqués aujourd’hui, où en sommes-nous à propos de Paul Put ?
Je n’en sais rien. Ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse. Cela n’intéresse que Paul Put. C’est à lui de répondre. J’ignorais même jusqu’à l’existence de cette histoire.
Vous allez entrainer la sélection des Juniors à présent. Comment allez-vous organiser votre mission ?
On me donne les juniors, c’est une très bonne chose. J’ai un challenge à relever. Tout ce que je demande c’est qu’on me donne les moyens nécessaires pour travailler comme les expatriés qui exercent sur le continent africain. Après cela, on saura si je sais entraîner ou pas.
C’est un football ambitieux, ce football burkinabè ?
Bien sûr ! Le Burkina Faso est un pays que les gens ont toujours négligé. Mais c’est un pays où il y a du bon football. Nos cadets sont allés loin plusieurs fois en coupe du monde de leur catégorie. Ils ont remporté une coupe d’Afrique. Nos juniors ont participé à plusieurs championnats d’Afrique. Les séniors ont fini quatrièmes de la CAN en 1998. Et cette année, nous terminons deuxièmes. C’est un football qui monte. Et comme le président de la république aime le foot, il a mis les moyens au niveau du football. Aujourd’hui, on ressent l’impact de ce qui a été fait depuis longtemps comme travail. J’en profite pour remercier tous les entraîneurs du Burkina Faso. Ils ont fait du bon boulot, mais on ne les voit pas toujours au-devant de la scène. Nos performances sont la somme des résultats de leurs efforts. Les centres de formation ont aussi fait du bon travail. Aujourd’hui, nous en récoltons les fruits.
Le président de Fédération burkinabè de football, le colonel Sita Sangaré, est-il un ancien footballeur ou pas ?
Il a joué au football comme tout le monde au Burkina, mais ce n’est pas un ancien footballeur. Il connait très bien le football. Je le connais très bien et je pense qu’il prend les décisions qu’il faut. Il a donc pris cette décision, (de le redéployer à la tête des Juniors, Ndlr) en toute âme et conscience. Moi, cela ne me dérange pas. Ce n’est pas une exclusion ou une punition. Je suis de tout cœur avec M. Put et je souhaite qu’il emmène le Burkina Faso à la Coupe du monde.
Source : Africa 24 football club (Africa 24). Retranscrits par Désiré T. Sawadogo
Fasozine