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JOHN WILLIAM SOMDA (journaliste et analyste sportif) : Cette seconde place à la CAN doit être le début et non l’aboutissement…

Publié le mercredi 20 février 2013 à 11h09min

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JOHN WILLIAM SOMDA (journaliste et analyste sportif) :	Cette seconde place à la CAN doit être le début et non l’aboutissement…

John William Somda, journaliste sportif burkinabè, fait sans conteste partie des meilleurs connaisseurs de l’actualité sportive. Aussi bien africaine que mondiale. C’est lui qui, le premier, a levé le lièvre concernant l’arrivée de Paul Put au Burkina. Dans les lignes qui suivent, il se prononce sur la prestation des Etalons en Afrique du Sud et sur les perspectives qui s’y rattachent.

Bon œil, bonne plume. A la veille de la CAN 2013 en Afrique du Sud et à la différence de bon nombre de ses confrères, John William Somda se fendait d’un éditorial dans le journal ‘’Stades’’, dans lequel il disait sa grande foi aux Etalons.

Pour lui, les burkinabè pouvaient « surprendre agréablement ». Ce qu’ils ont effectivement fait.

« On peut s’attendre disait-il, à un sursaut d’autant plus que certains s’expriment sans doute pour la dernière fois sous le maillon national ». Les événements lui ont donné raison.

Lefaso.net : L’actualité sportive au Burkina est marquée par la bonne prestation des Etalons footballeurs en Afrique du sud. Un commentaire là-dessus ?

John William Somda (JWS) : De toutes les façons à cette Can nous n’étions absolument pas parmi les favoris. Encore que beaucoup d’observateurs nous voyaient jouer les trois matchs du premier tour et revenir à la maison.

Les joueurs ont montré que les analystes et les bookmakers peuvent se tromper. L’équipe est allée au-delà du premier tour. Et même qu’on n’est pas passé loin de remporter cette coupe.

En finale, tout le monde a vu que c’est la fatigue qui a été notre principal adversaire et non le Nigéria. Je pense que c’est une prestation qui permet aux burkinabè de comprendre que leur équipe a du talent.

Lefaso.net : Qu’est ce qui a fait la force de cette équipe selon vous ?

JWS : Les joueurs eux-mêmes en étaient arrivés à un état de prise de conscience. Je pense qu’ils ont gardé en travers de la gorge les deux dernières prestations au Gabon et en Guinée Equatoriale. Surtout en Guinée équatoriale. Du coup, certains joueurs tels que Daouda Diakité ou Bakary Koné avaient une sorte de revanche à prendre avec le monde du football.

Il y en a qui se disaient qu’à un moment donné ils jouaient leur carrière sur cette CAN. Donc il fallait absolument rectifier le tir.

C’est des joueurs qui d’une façon individuelle ne doutent pas de leurs talents. Il fallait seulement mettre ce talent à la disposition du groupe. Et faire en sorte que ce talent puisse rejaillir sur le collectif.

C’est ce qui s’est passé. Il faut aussi dire qu’au niveau de la fédération et de l’encadrement technique les gens ont admis que c’est scandaleux qu’avec les talents qu’on a, on puisse partir à la CAN pour seulement jouer trois matchs.

Mais à mon avis le grand mérite revient aux joueurs. Ils se sont serrés les coudes et ont fait montre d’un esprit de solidarité qui faisait défaut par le passé.

Lefaso.net : Ils ont gagné en maturité ?

JWS : C’est une évidence parce que cette équipe est là depuis 2006, exception faite de quelques joueurs qui sont venus après.

Quand vous regardez le onze type des Etalons, je pense qu’il n’y avait peut-être que Djakaridja Koné qui est venu après 2006 ;

Sinon ce groupe c’est pratiquement le même que Saboteur a constitué de ce match de référence face au Sénégal en octobre 2006 ici à Ouaga.

Donc c’est une équipe qui, logiquement, aurait dû gagner en maturité depuis longtemps. Mais si c’est cette compétition qui a révélé la maturité de cette équipe, on ne peut que s’en féliciter.

Lefaso.net : On a aussi parlé du bon coaching de Paul Put…

JWS : Il a apporté l’esprit de la gagne à l’équipe. A mon avis il est parvenu en peu de temps à bien connaître les joueurs et l’équipe. A savoir bien associer les joueurs.

A un certain moment il est parvenu à insuffler une dynamique positive à l’équipe. C’est un fin tacticien qui a su s’entourer de bons relais sur le terrain. Malheureusement on l’a voué aux gémonies dès son arrivée au Burkina. Mais, en tout cas, il a fait du bon boulot et il faut le féliciter.

Lefaso.net : A ce propos vous avez été le premier à révéler, à l’époque, l’information sur la venue de Paul Put au Burkina…

JWS : Je pense qu’à l’époque lorsque nous balancions le scoop, certains nous ont associé à tort à toutes les tractations en cours. Alors que nous ne faisions que notre travail de journaliste.

Mais j’avoue qu’avec le recul, j’éprouve de la fierté, car il y a des personnes qui reconnaissent à présent qu’elles sont allées un peu vite en besogne et qu’il fallait laisser ce monsieur faire son travail. Il a signé pour trois ans et j’espère qu’il va continuer sur cette lancée et que des fédérations plus huppées ne viendront pas nous l’arracher.

Lefaso.net : Il pèse désormais un grand défi sur les épaules du Burkina après cette seconde place en Afrique du Sud en 2013 ?

JWS : Nous avons été deuxième à la CAN. C’est peut-être le niveau de notre équipe nationale, mais ce n’est pas le niveau réel de notre football. Parce que notre football est à mon avis assez éloigné de ces réalités.

Cette CAN ne doit pas être perçue comme l’aboutissement, mais plutôt comme le point de départ d’une nouvelle politique sportive. Car pour l’instant, je n’ai pas l’impression que nous ayons encore une politique sportive capable de nous porter vers les sommets.

La référence qui manquait à notre sport elle est là. Il faut donc s’appuyer dessus. Je pense que ce sera l’occasion de renforcer les capacités de la direction technique nationale, travailler à avoir un championnat local compétitif, renforcer les moyens financiers au niveau des clubs, revenir aux valeurs de base qui ont conduit à cette équipe.

C’est-à-dire la formation, parce la grande majorité des joueurs est issue des centres de formation à l’image de Planète champions ou autre.

2015 ce n’est pas loin et je pense qu’on sera attendus à tous les carrefours.

Car il est indéniable que notre statut va changer. Et le regard des autres pays avec. Nous devons donc nous mettre au travail.

Lefaso.net : Il y a également un travail à faire au niveau des autres sports ?

JWS : Cette place nous permet de montrer ce dont nous sommes capables en termes de résultats en matière de sport. Par conséquent il y a lieu de revoir la législation pour mieux appuyer financièrement les autres disciplines.

Mettons donc les moyens pour avoir de bons résultats. A titre d’exemple, en France il est de notoriété que le titre remporté par Yannick Noah à Roland Garros en 1983 a contribué à pousser le sport français vers l’avant.

Entre 1960 et 1983, la France n’avait qu’environ 124 de titres de champions du monde toutes disciplines confondues. Entre 1983 et 2004, ils en étaient à plus de 680.

C’est pour vous dire que si Roland Garros a été la référence pour les Français. La référence pour les Burkinabè peut donc être ce titre de vice-champion obtenu en Afrique du Sud.

Interview réalisée par Juvénal SOME

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