Moussa Ouattara, l’un des grands noms de la boxe de notre pays, mais peu connu de la jeune génération, mérite qu’on parle un peu de lui à l’instar des autres tels que Kélétigui Ouattara, Salam Ouédraogo, Bazié, Tiga, Tapsoba (ex-champion d’Afrique au compte de la Côte d’Ivoire), Vincent Dabiré, Mamadou Paré, Dramane Nabaloum, Idrissa Kaboré, Boniface et Alexis Kaboré que nous avons présentés dans de précédents articles. Et comme la plupart de ceux-ci, la carrière de Moussa fut mal gérée. Nouvellement affecté à Bobo en 1977 comme Directeur de la CICA (groupe CFAO), je fis la connaissance de ce jeune boxeur alors aide-tapissier chez Thiam, son patron, situé derrière le stade Wobi (Municipal).

Avec l’appui de quelques aînés et amis de Bobo comme Fulgence Toé, Directeur général de la CFDT (actuelle SOFITEX), et Feu Moussa Koné, Directeur régional BCEAO Bobo, sans oublier notre infatigable et disponible aîné, Drissa Koné (fondateur de l’orchestre Volta Jazz et pionnier discret de la boxe burkinabè) et bien sûr d’autres personnes, nous le soutenions. Agé aujourd’hui de 49 ans, Moussa a connu un parcours remarquable et exemplaire dont mes archives sur la boxe me permettent d’en donner un aperçu :

Parcours amateur

82 combats : 75 victoires
7 défaites chez les amateurs. Palmarès : 02 médailles d’or, 03 médailles d’argent et 03 médailles de bronze.
1976 : 02 mois à Paris pour préparer les jeux olympiques de Montréal.
1978 : médaille d’argent aux jeux africains à Alger en catégorie moyen.
1979 : médaille d’argent aux championnats d’Afrique à Benghazi (Libye) en catégorie mi-lourd.
1980 : jeux olympiques de Moscou ½ finaliste après 03 mois de préparation à Paris.
1981 : médaille d’or du tournoi CISM à Abidjan.
1982 : médaille d’or de la zone 3 (CSSA).
1984 : jeux olympiques de Los Angeles (Etats-Unis) éliminé en ¼ de finale.
1985 : médaille d’argent CSSA à Niamey.

Parcours professionnel

N’ayant plus d’adversaire dans son pays où chaque année, sans combattre, il était déclaré champion national, il s’exila à Abidjan, capitale phare de la boxe africaine à cette époque, surtout que toute la sous- région le connaissait et le craignait. De 1985 à 1988 en Côte d’Ivoire, il fit six combats pour autant de victoires tous, avant la limite, soit par K.O ou par arrêt de l’arbitre. Face au même problème vécu dans son pays d’origine, à savoir le manque d’adversaires, il décida le grand saut dans l’hexagone, plus précisément à Lyon.

1988-1996 (France) : 15 combats dont 10 victoires et 05 défaites.
1993 : champion du tournoi de France.
1994 : ½ finaliste de la coupe internationale de France et retour au Burkina après avoir connu des problèmes dans le renouvèlement de ses documents de séjour auxquels nous n’avions pas pu trouver une solution à l’époque.
1995-1996 : 03 combats pour 03 victoires, élu champion du Burkina. En 1996, pas de combat parce que pas d’adversaire comme dans les années 80. En 1998, sans préparation et à l’arrêt depuis 2 ans, il fit le combat de trop, ce qui devait arriver arriva, c’est-à-dire la défaite et la fin de sa carrière à 35 ans.

Les distinctions de Moussa

07/02/2003 : l’Ordre du Mérite de la jeunesse et des sports.
11/12/2004 : Chevalier de l’Ordre du Mérite burkinabè avec agrafe : Jeunesse et sports. Depuis quelques années, Moussa Ouattara travaille au stade Sangoulé Lamizana (ex-stade Omnisports de Bobo-Dioulasso), donc pas totalement oublié. Ce rappel a pour seul objectif de faire connaître un grand champion peu connu par les jeunes générations de notre pays. Malheureusement au Burkina, les anciennes gloires sont souvent des anonymes ou des oubliés.

Très sincèrement

Demba FOFANA Ancien président de clubs de boxe :
Burkina Club de Boxe (Ouaga)
Caïman boxing Club (Ouaga)

Le Pays