CAN : "Nous sommes convaincus que les Etalons y arriveront un jour" (Yacouba Jacob Barry, président de l’UNSE)
Après la débâcle de l’équipe nationale de football à la CAN 2012, chaque structure, à sa manière, tire son bilan. Au sein de l’Union nationale de soutien aux Etalons, on essaie de tirer les enseignements même si l’on n’a pas encore fini de digérer les défaites. Dans cet entretien, le président de ladite association, Yacouba Jacob Barry, donne sa lecture des faits et revient sur une supposée altercation qui a eu lieu entre lui et l’un de ses présidents d’honneur.
Comment s’est passé le séjour des supporters en Guinée équatoriale ?
Je dois dire que le séjour a été à la fois agréable et difficile. Agréable parce que nous nous sommes un peu retrouvés en famille et on était quasiment logés ensemble. On partageait les mêmes plats et on a vécu une ambiance bon enfant.
Difficile aussi parce que quand on part pour des objectifs précis qui ne sont pas atteints, forcément on a des pincements au cœur, on a des peines et des douleurs. C’est pour dire que c’est surtout les résultats obtenus par l’équipe qui nous a plus déçus.
L’élimination des Etalons a été sans aucun doute difficile à digérer au sein du groupe ?
Avec beaucoup de tristesse. Parce que nous avions fondé peut-être trop d’espoir sur notre équipe. Mais nous étions convaincus qu’elle avait des qualités et que dans l’ensemble, son niveau avait nettement progressé au regard des matches des éliminatoires et au regard des performances de la plupart des ténors dans leurs championnats respectifs.
Cependant, on était un peu conscient des lacunes de l’équipe dans certains compartiments de jeu. Mais on ne s’attendait pas une sortie de ce genre. On se disait qu’on avait les moyens de passer le premier tour. Ça nous a causé beaucoup de douleur de nous rendre compte que, comme d’habitude, on a capitulé plus tôt que prévu.
En votre qualité de président de l’Union des supporters, quel est le désagrément que ce retour prématuré au pays a causé ?
Disons que ce sont les ressorts qu’il faut retrouver pour relancer la machine. Vous savez que c’est un milieu de passion et les gens fonctionnent avec beaucoup d’enthousiasme, d’envie et tout cela se table sur les résultats. Donc c’est comme si on avait réussi à bâtir quelque chose de très grand autour des Etalons au regard des gens qui avaient commencé à prendre des cartes de supporter, des sociétés qui en avaient pris pour leur personnel, des personnalités qui commençaient à y croire. Et comme un château de cartes, tout s’écroule ; et il faut encore rebâtir. C’est ça qui est difficile. Nous, nous sommes convaincus que les enfants ont de la bonne graine et que ça peut donner un jour. Mais comment amener tout le monde à croire comme nous que cette équipe des Etalons n’est pas aussi mauvaise qu’on le croit, qu’elle pourrait nous donner un jour des résultats satisfaisants ? C’est ça qui est vraiment notre peine.
Sans être un technicien, à quel niveau avez-vous senti des lacunes dans le groupe Etalons ?
N’étant pas un technicien, je voudrais bien me garder de faire des réflexions techniques. Cependant, je pense à mon humble avis que le bastion défensif a eu des difficultés. D’abord des erreurs individuelles, des problèmes de communication par moments, des erreurs de jeunesse. Il y a ensuite que certains n’étaient pas au point physiquement pour tenir le rythme de la compétition. Mais je crois savoir qu’il y a eu aussi des erreurs de coaching parce qu’à un moment donné, on a vu au premier match (Ndlr : contre l’Angola) la sortie de Florent Rouamba pour Aristide Bancé. C’était certes un choix offensif, mais un choix qui n’a pas payé. Le milieu était inexistant, ce qui rendait les transmissions de balles difficiles au niveau de l’attaque. Il ne faut pas non plus occulter le manque de réalisme de nos attaquants. Certains ont eu des balles qu’ils auraient pu concrétiser. Ça n’a pas été le cas ; bref, ça reste l’apprentissage.
Combien de supporters avez-vous convoyés à Malabo et combien sont-ils effectivement revenus ?
Nous sommes allés avec 98 supporters et à la date d’aujourd’hui, on peut dire que tous sont revenus parce qu’il y avait un qui devait continuer à Libreville et rentrer au pays à l’issue de la compétition. C’est un employer d’Air Burkina qui est en congé et je crois qu’il reviendra d’ici là. En tout cas, pour ceux qui sont de l’Union, tout le monde est rentré.
Tous les supporters présents à Malabo étaient-ils sous la coupe de l’UNSE ?
Non, il faut comprendre que l’UNSE avait le devoir d’envoyer ses animateurs et ses responsables. Mais tout Burkinabè qui se retrouvait à Malabo était forcément de l’Union des supporters des Etalons. Ils viennent pour soutenir l’équipe, et la structure qui coordonne dans ce sens est la nôtre et nous avons la responsabilité de tout ce monde-là.
Pour déplacer tout ce monde, il vous a fallu un gros budget ?
Il n’y a pas de budget en tant que tel. Parce que nous avions, si vous vous rappelez, projeté de travailler avec les gens qui allaient s’inscrire pour y aller et à la dernière minute, on a dû renoncer à cette idée. Heureusement que l’Etat, de façon responsable, a voulu que les Etalons ne se sentent pas orphelins et a essayé de convoyer avec nous quelques supporters. C’est dans ce sens que notre déplacement a été facilité. Le ministère des Sports est mieux placé pour parler du budget et du coût qui a servi pour ce voyage.
Nous avons ouï dire qu’il y a eu une altercation entre les supporters à Malabo, notamment avec votre président d’honneur Mahamadi Kouanda. Qu’en était-il ?
Non, il n’y en a pas eu et il n’y en aura pas. Il y a peut-être eu un problème de gestion parce que c’est un président d’honneur et en tant que tel, nous travaillons avec les présidents d’honneur et nous leur rendons compte de ce que nous faisons et ils nous donnent des conseils. Il se trouve que sur la base de mes responsabilités, je me suis permis d’envoyer un certain nombre de supporters à Bata pour le dernier match des Etalons, car l’Etat, dans son plan d’actions n’avait pas prévu le déplacement de la troupe d’animation pour ce match. Mais nous, ayant le soutien de certains partenaires, on s’est dit qu’on avait le devoir d’y aller. Mais dans la composition du groupe, je n’ai pas tenu compte de qui relève de la responsabilité de telle ou telle personne… Donc El Hadj Kouanda a estimé que parmi les personnes désignées, j’aurais pu prendre d’autres à leur place. C’est là qu’il a voulu attirer mon attention là-dessus et cela a été interprété de diverses manières par les gens.
Les présidents d’honneur ont-ils la possibilité d’envoyer des gens dans le groupe des supporters ?
(…) des possibilités d’envoyer, je dirai oui, parce que c’est des gens qui sont dans le milieu du sport et si moi, en tant que président de l’Union, j’ai un certain nombre de places définies à l’avance pour telle rubrique et tel registre, s’il y a des personnes que je choisis et qu’on estime que le choix n’est pas conséquent, on peut attirer mon attention sur cela pour que je puisse rectifier le tir.
L’UNSE sort forcément très affaiblie de cette expédition équato-guinéenne ?
Tout le monde sort affaibli. Il faut être soi-même très fort pour retrouver les ressources nécessaires et relancer la machine. Je crois qu’il n’y a pas un seul Burkinabè digne de ce nom qui ne se sente pas frappé par cet échec-là. D’autant qu’on s’y attendait le moins possible. Donc, forcément, l’UNSE fait partie de ceux-là qui ont été secoués par la déroute. Cependant, nous, au niveau de la direction, nous sommes confiants que les fruits ne tarderont pas à mûrir. Nous sommes confiants qu’il faut être aux côtés des Etalons et qu’il ne faut les abandonner. Il ne faut pas jeter l’eau du bain avec le bébé. Il faut savoir raison garder et faire la critique qui s’impose et repartir sur des bases qui peuvent nous procurer le plus de chances pour les éditions à venir.
Que répondez-vous à ceux qui pensent que l’UNSE est une mine d’or ?
(Rires…) ça me surprend comme question. Je ne crois pas. S’ils suivent la petite histoire, ils sauront que nous avons pris la structure avec un crédit de 1,5 million. Nous avons dû travailler pour rembourser cet argent et nous sommes en train de tout mettre en œuvre pour que l’opinion comprenne que nous devrions suppléer l’Etat en faisant cet actionnariat populaire pour que les gens s’investissent pas dans le domaine du sport. On n’est même pas à un millième de cet investissement et on parle de mine d’or. Au contraire, nous sommes très pauvre et il faut que les gens sachent que chacun avec son apport, on construira le sport et particulièrement le football.
C’est le lieu de féliciter les sociétés qui nous ont accompagnés et d’inviter les supporters à la retenue et à l’engagement nouveau parce que nous avons une belle équipe qui peut nous apporter le bonheur. Et nous ne sommes pas très loin de ce bonheur-là.
Il faut donc savoir raison garder comme je le disais tantôt, faire une analyse, corriger les défaillances et aller à la conquête du titre continental. J’écoutais Antoine Bell qui disait que l’équipe burkinabè est la copie conforme de l’équipe ivoirienne, sauf qu’on n’a pas encore atteint la maturité. C’est-à-dire qu’on a de la qualité à l’image des Eléphants. Il faut donc être patient, accepter de soutenir l’équipe et adhérer à la philosophie de l’UNSE dans toutes les couches sociales pour créer cette fédération autour de notre équipe nationale afin d’aboutir aux résultats tant attendus.
Interview réalisée par Kader Traoré
L’Observateur Paalga