CAN 2012 : Etalons... “ya yandé”*
La 28e édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) est terminée pour les Etalons du Burkina. Après une victoire concédée lors de leur première sortie face à l’Angola, ils ont enregistré leur deuxième défaite face à la Côte d’Ivoire, synonyme d’élimination.
Décidément, les CAN se suivent et se ressemblent pour les Etalons du Faso. L’on est tenté de se demander s’ils sont maudits. C’est cette question que nombre de fanatiques du sport roi se posaient au lendemain de la défaite des Etalons face à l’Angola par le score de 2 buts à 1. Ces fanatiques du ballon rond ont été confortés dans leur inquiétude avec cette nouvelle défaite de notre onze national face à la Côte d’ Ivoire, 2 buts à 0. Comme d’habitude, le point névralgique de cette équipe des Etalons, la défense, a encore montré qu’elle n’était pas du tout à la hauteur. Une erreur de Mahamadou Kéré a permis aux Ivoiriens d’ouvrir le score avant que Bakary Koné n’enfonce le clou en inscrivant un but contre son camp.
Que dire de plus, sinon que les CAN se suivent et se ressemblent pour les Etalons du Burkina Faso. Une défense qui ne finit pas de commettre des erreurs et une attaque peu mordante. Cela fera pratiquement huit ans y compris la CAN 96 que les Etalons du Burkina ne franchissent pas le premier tour lors des phases finales. L’on se rappelle encore de cette CAN où l’on a mobilisé un milliard pour ces Etalons. Ce milliard a valu un but. Deux milliards ont été mobilisés pour soutenir l’équipe nationale à cette présente édition.
Pour cette CAN, en deux sorties les Etalons ont marqué 1 seul petit but et en ont encaissé 4. Un bilan à mi parcourt décevant. Ces deux défaites spectaculaires sont donc synonymes d’élimination pour notre équipe nationale avant leur troisième sortie pour formalité. Encore, une fois de plus les Eléphants de Côte d’Ivoire nous barrent la voie. Comme le dirait un de nos amis élucubreur devant son gnontoro favori, vraiment Etalons “Ya yandé”.
En se limitant simplement à nos deux sorties, on peut déjà se prononcer sur la qualité du jeu de notre équipe. Sans pour autant être hypocrite, on peut affirmer que Paulo Duarté et ses poulains ont développé un football plaisant basé sur la collectivité et quelques individualités. Ils ont une belle circulation de balle, un jeu assez posé et ils font tout sauf l’essentiel c’est-à-dire marquer et ne pas encaisser. En deux sorties, Moumouni Dagano et Aristide Bancé se sont attirés les foudres des supporteurs à cause de leur piètre prestation. Paul Coulibaly, Bakary Koné et Mahamadou Kéré ont été décevant et ont confirmé tout le mal que l’on disait de notre défense plus précisément au niveau de l’axe central.
Huit ans donc que les Etalons n’arrivent pas à vaincre le signe indien. A qui la faute ? En tant que profanes, nous diront que probablement à tous les acteurs de l’espace footballistique avec en premiers chefs le département en charge du sport et la Fédération burkinabé de football. En effet, le football commence toujours à la base. On ne peut pas avoir une bonne équipe nationale si on n’a pas un bon championnat. Ce n’est pas dans les Etalons qu’il faut injecter de l’argent mais plutôt conséquemment dans les clubs de football et dans le championnat. Dans la même veine, les clubs ne peuvent pas avoir de bons joueurs si on n’investit pas dans les écoles de formation et les championnats scolaires. Ne pas comprendre cela, c’est volontairement choisir de faire du surplace. Et ce n’est pas non plus en trichant dans le recrutement de joueurs étrangers ou en trafiquant l’âge des joueurs (l’âge réel de certains joueurs considérés comme des stars de l’équipe frise 37-38 ans) qu’on obtiendra de notable progrès.
Après la déconfiture des Etalons, les supporteurs et les dirigeants pensent déjà à l’édition 2013, c’est-à-dire à la 29e édition qui se jouera en Afrique du Sud. Que faut-il alors faire ? Continuer avec le même encadrement, c’est-à-dire, le même entraîneur avec son staff et avec les mêmes joueurs pour aborder les éliminatoires ? Voilà donc toute la problématique qui va définir le sort de notre football dans un futur proche.
En écoutant les uns et les autres après ces piètres prestations, certains sont pour un renouvellement total de la structure dirigeante de notre football et un remaniement de l’équipe en permettant à certains joueurs comme Dagano, Kéré, Bancé et Panandétigri de se reposer et permettre à la nouvelle génération issue des cadets de prendre la place et de se familiariser avec la compétition. D’autres, avec un esprit plus ou moins machiavélique évoquant la thèse de la malédiction, estiment qu’il faut une refondation totale de notre équipe en lui donnant une nouvelle image et un nouveau nom. C’est de là que partira le renouveau selon eux et nous pourrons vaincre le signe indien.
Dans tous les cas, une chose est sûre, le sélectionneur risque de faire les frais de cette débâcle prévisible. Nous disons prévisible car nous n’étions pas parmi les équipes favorites de ce groupe. Prévisible parce que notre équipe semble ne pas encore être solide dans tous les compartiments du jeu et il nous manque certains talents et un collectif pour arriver à la hauteur des autres. Pour notre part, nous pensons qu’il faut repenser intégralement notre football si l’on veut aller de l’avant.
*“Ya yandé” (en langue nationale mooré) : c’est la honte.
Par Akim Amazebo
Par Bendré