LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Ce sont nos choix qui montrent qui nous sommes, bien plus que nos capacités.” Joanne K.Rowling

CAN 2012 : Paulo Duarte, sélectionneur national des Etalons :« Pourquoi certains de mes joueurs ne sont pas qualifiés  ? Expliquez-moi  ! »

Publié le lundi 30 janvier 2012 à 02h26min

PARTAGER :                          

Eliminés dès le premier tour de la 28e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), l’heure est au bilan au sein des Etalons. Pour le sélectionneur national Paulo Duarte, le football burkinabè souffre de sa mauvaise organisation. Il l’a dit haut et fort dans l’interview qu’il a accordée à Sidwaya à Malabo.

Quelles leçons tirez-vous de la participation du Burkina Faso à la 28e Coupe d’Afrique des nations (CAN) ?

Je suis triste pour mon équipe. Nous étions partis dans l’objectif de faire une bonne prestation à la CAN avec une équipe de talents. Mon équipe a joué le meilleur football après la 2e journée de la compétition. C’est dommage qu’elle n’ait pas gagné. Cela me donne un sentiment de frustration. La réalité est que nous avons encaissé des buts sur nos propres erreurs. Pour vous dire qu’à cette CAN, le Burkina a montré à l’Afrique et au monde entier qu’il a une équipe d’avenir. L’autre réalité est que nous sommes arrivés diminués par des absences pour des raisons de blessures, de passeports etc. Il nous faut être bien organisés si nous voulons avoir une place dans le gotha du football africain et mondial. Il faut que vous exigiez des responsables des explications sur la non présence d’Abdoul Razack Traoré à cette CAN.

L’on a aussi remarqué l’absence de Djakaridia Koné lors de la rencontre face à la Côte d’Ivoire. Pourquoi ?

Posez la question aux responsables du ministère des Sports et à la Fédération. Je me sens triste parce que je ne comprends pas pourquoi avait-on eu peur d’aligner ces joueurs.

A vous entendre parler, l’on a l’impression qu’on s’ingère dans votre travail ? ?

Sur ce plan non. Personne n’intervient sur tout ce que je fais sur le terrain. Ce qui me fait mal c’est lorsque tu donnes à une équipe un statut avec de grandes prestations pendant les éliminatoires et qu’à la phase finale tu vois ton effectif diminué. Pour cette CAN, à chaque 3 jours, je perdais un joueur soit à cause d’un passeport ou d’un carton jaune. Carton jaune comme pour Mahamoudou Kéré suspendu pour la rencontre face à l’Angola. Je vous dis que c’est à 5 jours du match que j’ai été informé de cela alors que j’avais préparé mon équipe pour la rencontre avec Kéré. On te dit de ne pas aligner un joueur sans te dire la raison. Cette affaire a commencé avec Adoul Razack et 3 jours après, avec Djakaridia Koné. Ce sont des choses qui ne favorisent pas une stabilité de l’équipe.

Vous êtes à votre 2e phase finale d’une CAN avec les Etalons. Quels sont les problèmes techniques de cette équipe ?

Ça serait exagéré de parler de problèmes techniques. Si nous étions arrivés à cette CAN avec un effectif au complet, cela allait changer beaucoup de choses. Je suis arrivé diminué de 50% de mon groupe. C’est vrai que nous avons raté les quarts de finale de deux CAN mais pas à cause de la qualité du travail ni à cause de la qualité de l’équipe mais à cause du hasard et des problèmes autour.

Peut-on dire aujourd’hui que vous avez des joueurs de qualité pour bâtir une grande équipe des Etalons ?

Les joueurs de qualité existent. Nous avons une belle équipe que le Burkina n’a jamais eue. C’est clair. Durant ces 4 ans passés à la tête de l’équipe, j’ai essayé de préparer l’avenir. Aujourd’hui, nous avons une équipe qui peut se qualifier pour la coupe du monde. Que ça soit moi ou un autre, nous avons l’obligation de nous qualifier pour la coupe du monde. Et je sais que même si je pars aujourd’hui, l’entraineur qui va venir aura un travail déjà fait. Vous avez remarqué qu’à cette CAN, Mohamed Koffi que j’ai transformé en latéral droit a été selon moi la révélation côté burkinabè. Un joueur difficile à passer, fort dans les uns contre uns, avec une bonne détente malgré sa petite taille.

Quelle est la nature de vos relations avec les membres de la Fédération burkinabè de football ?

C’est le respect mutuel entre un patron et son employeur. C’est comme je vous l’ai déjà dit, je ne suis pas ici pour voler l’argent du Burkina et pour fermer les yeux sur tout ce qui ne va pas. Je veux progresser et faire progresser l’équipe. Je pense qu’elle a progressé grâce au travail de tout le monde et à mon exigence parce que le peuple burkinabè mérite un entraîneur sérieux et une équipe sérieuse qui se bat. Et lorsque je vois que celui qui est à côté ne fait pas son travail, je parle. Je respecte le président de la Fédération qui est un grand homme professionnel. Mais je pense qu’il ne s’est pas entouré d’une grande équipe et il est en train de payer la facture. Il va le découvrir plus tard.

Il se dit que vos relations sont surtout tendues avec le secrétaire général de la Fédération. Qu’en est –il exactement ?

Je vous ai dit que lorsque je ne suis pas content du travail, je parle. A plusieurs reprises, il ya eu une mauvaise organisation dans le travail. Qui est le responsable ? ? C’est pour vous dire que ce n’est pas une question d’homme à homme. Comme la fédération exige le résultat, moi j’exige une bonne organisation. C’est ça le problème. Ils sont là pour défendre le football burkinabè. Ils ont un salaire comme moi ; donc chacun doit faire des efforts.

Présentement, vous connaissez bien le football burkinabè. Quelles sont les insuffisances ou les difficultés que vous aurez constatées aussi bien au championnat national qu’en équipe nationale ?

Je pense que le championnat national a fait voir 3 à 4 bons joueurs. Il y a par exemple Adama Ni Plange qui a un bon avenir, Ocansey Mandela qui est déjà hors du pays et Issa Gouo. Le problème que peut avoir l’équipe nationale dans le futur c’est au niveau de la défense. Il lui faut des latéraux et un gardien qui peuvent lui apporter beaucoup plus de qualités. Dans l’axe, nous avons des défenseurs aux mêmes caractéristiques ? : puissance et bon au marquage. Il faut un axial qui a une bonne lecture du jeu. Sinon nous avons plein de jeunes attaquants qui montent. Il faut donc pour pallier à tout cela, un bon championnat pour une bonne formation.

Etes-vous prêt à continuer avec le Burkina si la Fédération vous fait la proposition ?

Je me sens prêt mais je me pose la question de savoir si ça vaut la peine. Est-ce vraiment utile que je reste lorsque je prépare mon équipe et pendant la phase finale, des problèmes qui ne relèvent pas de moi me privent de certains joueurs ? Est-ce que ça vaut la peine à chaque fois que je veux résoudre un problème que j’ai besoin de me fâcher au point de passer pour le méchant aux yeux des gens ? ? Est-ce que l’Etat et les joueurs méritent de faire des efforts et qu’à chaque CAN il y ait des problèmes ? ? Toutes ces questions me font réfléchir. Je rêvais de qualifier le Burkina à la coupe du monde, mais je ne peux pas rester toute la vie à lutter seul contre tous. Il y a des problèmes dans le football burkinabè.

Avez-vous déjà des contacts pour une autre destination ?

J’avais déjà 3 contacts pour entraîner des équipes nationales

Lesquelles ?

Je ne le dirai pas. Je ne veux pas changer pour changer. Il me faut une équipe qui va me donner de meilleures conditions, une équipe de grand niveau, une équipe qui va me donner la chance de me qualifier pour le mondial. Je suis ambitieux, mais j’ai eu une grande affection pour le Burkina et son peuple. Les 4 années passées au Burkina m’ont donné de fortes sensations. Mais je serai obligé de me décider à un certain moment. Je peux rester comme je peux partir. Pour le moment, je ne sais pas. Ça dépendra du projet que le Burkina va me proposer. Parce qu’auparavant, j’ai signé un contrat avec des objectifs mais pas de projets. Progresser dans le football ce n’est pas seulement dans les résultats mais aussi dans les mentalités. C’est-à-dire dans la professionnalisation et dans l’organisation. C’est ce que j’entends par projet. Ce qui veut dire que tout le monde travaille ensemble et s’il ya échec que les responsabilités soient situées. Je suis prêt à rester avec une autre mentalité parce que depuis plus de 6 mois, ce n’est plus la même chose qu’avant.

Interview réalisée par Yves OUEDRAOGO à Malabo

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos réactions (92)

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Étalons : Adama Guira met fin à sa carrière de footballeur
Mara’Monde 2024 : Les Étalons qualifiés en quarts de finale