Etalons : C’était prévisible
Les statistiques indiquent le 26 janvier 2012 que les Etalons sont pratiquement éliminés de la coupe d’Afrique des nations de football.
Jugez-en vous-mêmes : 2 matches joués, 2 défaites, 4 buts encaissés et 1 seul marqué, soit une différence de -3. Mais sachant que leur survie ne tenait qu’à un fil après leur sortie manquée contre les Palancas Negras de l’Angola, on peut déduire de leur prestation que c’était prévisible.
Le miracle que beaucoup de gens attendaient n’a donc pas eu lieu, et force est reconnaître que les hommes de Duarte ne sont pas encore assez mûrs pour la phase finale : la preuve, comme lors de l’entrée en matière, le onze du Burkina a étalé ses insuffisances en défense en offrant facilement le succès au Ivoiriens, qui n’étaient pourtant pas extraordinaires.
Revoyez les images de ce match et vous serez convaincus que nous ne versons pas dans la critique facile. Sur les deux buts des Eléphants, la défense s’est pendue elle-même et il ne reste plus qu’à faire ses bagages pour rentrer à Ouagadougou. A un tel niveau de la compétition, la moindre erreur est fatale, et les Etalons viennent de l’apprendre à leurs dépens.
Comme en 2000 à Kano (Nigeria), 2002 à Ségou(Mali), 2004 à Tunis (Tunisie) et 2010 à Cabinda (Angola), ils n’ont pu vaincre le signe indien. Faut-il alors penser qu’on leur a jeté des maléfices ? Si non, comment comprendre que l’équipe débute bien un match pour ensuite s’écrouler ? En attendant que des marchands d’orviétan élucident tout cela, la réalité est là, implacable, et la faillite immense. Pourtant, les Etalons nous ont fait croire au départ qu’ils pouvaient faire quelque chose. Aujourd’hui, on réalise qu’ils n’ont pas d’orgueil et il ne fallait vraiment pas trop leur demander le second tour.
On savait qu’après l’échec le 22 janvier à l’Estadio de Malabo, redresser la situation serait difficile. Et il le fut avec des joueurs sans génie ; et le plus écœurant, c’est qu’il n’y a pas même pas de leader capable de tirer les autres vers le haut.
Après ce qu’on a vu, l’heure n’est-elle pas venue de mener une réflexion en profondeur et de remettre de l’ordre dans l’écurie ? La plupart des pros, qui ne le sont que de nom, et ceux qu’on attendait après un début tonitruant avec leurs clubs respectifs en Europe ont tous flanché. On a senti que physiquement certains étaient émoussés, incapables de décrocher pour offrir des appuis. Il n’y a pas d’excuse sous prétexte de tels ou tels bobos. Quand on joue à la star en estimant que le moment est venu de porter le brassard, il faut le prouver sur le terrain et gagner encore plus la sympathie du public.
Avec cette élimination prématurée, une refondation est nécessaire pour repartir sur de nouvelles bases. De soi-disant pros pensent que sans eux, il n’y a plus de foot au Burkina parce qu’ils sont convaincus qu’on ne peut se passer de leurs services. Et c’est pour cela que nous affirmons qu’il est temps de repenser les choses et de faire en sorte que le championnat national soit d’un bon niveau et que la concurrence s’installe véritablement.
L’équipe nationale du Soudan, qui est constituée essentiellement des meilleurs footballeurs évoluant la plupart dans les deux clubs les plus connus du pays, à savoir Al Hilal et Al Merreikh, en est la parfaite illustration.
A cette CAN, les Crocodiles du Nil jusque-là ont produit du foot avec un jeu léché fait de harcèlement. On a vu comment son hardiesse a payé face à l’Angola (2-2). C’est ça, une formation qui sait ce qu’elle veut sur le terrain, et si d’aventure elle quittait le tournoi, elle n’aurait pas démérité.
Essayons de donner une autre dimension au Faso foot, lequel est le seul moyen, avec la compétition des jeunes, de dégager une élite qui ait un vécu plus fort. Tout est question d’organisation pour aboutir à de bonnes options.
Faut-il continuer de convoquer des joueurs qui ont la tête ailleurs et ne voient que leurs intérêts sans égard pour le drapeau national ?
Incapables de marquer le moindre but lors des matches amicaux, ils avaient déjà fait la preuve qu’ils ne feraient rien à cette CAN. Les moyens n’ont pourtant pas manqué pour les accompagner et voici qu’en retour, on produit un jeu sans consistance, insuffisant et pauvre à la limite. Pour que les Etalons ne soient plus bloqués au stade du premier tour, faut-il organiser une autre CAN au Burkina comme en 98 ?
Justin Daboné
Duarte parle de son avenir
Le sélectionneur national, Paulo Duarte, aura passé une CAN 2012 assez délicate. Et pour ne rien arranger à la chose, il affiche à Malabo une mine de grande colère ; brandissant des preuves de l’inorganisation de l’administration autour des Etalons. Pour ce qui est de son avenir avec notre onze national, il affirme qu’il ne continuerait l’aventure qu’à la seule condition qu’il y ait des changements profonds.
La CAN 2012 aura été désastreuse pour les Etalons du Burkina. Eliminé par la Côte d’Ivoire et l’Angola, l’équipe n’a pas été embellie avec l’absence de joueurs tels qu’Abdoul Razak Traoré, Djakaridja Koné (contre les Eléphants), la suspension lors du premier match du capitaine Mahamoudou Kéré. Toutes ces situations ont engendré le courroux de Paulo Duarte. A toutes les conférences d’après-match, il soulignait ces faits-là. « J’ai perdu des joueurs à cause de passeport, j’ai perdu des joueurs à cause des suspensions, j’ai perdu des joueurs à cause des blessures. Ça ne peut pas continuer. Il y a trop de problèmes », affirmait-il. « Tout le monde est capable de régulariser les joueurs, mais je ne sais pas pourquoi le Burkina n’y arrive pas. Il faudra questionner et comprendre pourquoi. Voilà ! »
Il pointait sans aucun doute du doigt son employeur, la Fédération burkinabè de football, à qui il reproche de ne pas lui faciliter le travail. On aurait cru que la débâcle des Etalons s’expliquerait par cela ; à en croire les propos de Duarte.
Pour être plus clair, il a signifié que son avenir à la tête des Etalons dépendrait forcément d’une nouvelle organisation. Celle qui lui permettrait de travailler plus sereinement et dans un bon climat. Très ferme, il ne semble pas d’humeur à supporter certains faits et gestes. Et il se fera entendre sûrement. Cependant les bruits des couloirs de la Fédération font état du fait que le contrat du Portugais, qui expire en mars, juste après la CAN, ne sera pas renouvelé. Recruté en 2009 pour un bail de 2 ans, il a vu celui-ci prolongé de 2 ans en 2010.
Kader Traoré
L’Observateur Paalga