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Faits divers : Un suicide inutile

Publié le lundi 18 octobre 2004 à 06h38min

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Dans le Saint Coran, il est bien précisé qu’un homme qui a les moyens de sa politique pour entretenir et aimer plusieurs épouses de la même manière peut le faire. Mais hélas, certaines épouses ne l’entendent pas de cette oreille.

Non contente de n’être pas passée devient l’officier d’Etat civil, Awa ne voulait pas que son mari Souley prenne une seconde épouse. Pour mettre à exécution sa détermination, elle se donna la mort. Comme une trainée de poudre, la nouvelle fit le tour de la ville. Les parents, les amis, se rendaient à la maison mortuaire tandis que les fossoyeurs se dirigeaient vers le cimetière. Ainsi, Awa venait de mettre fin à ses jours laissant Souley avec trois enfants sur les bras.

C’était un suicide inutile, car comme l’a écrit Mass Makan Diabaté dans son livre, "le coiffeur de Ka Kouta", un chef de guerre ne doit pas s’attendrir sur le cadavre du fils, car deux semaines après ce drame, le mariage religieux était célébré entre Souley et Bibata. Il fallait bien quelqu’une pour s’occuper des orphelins.

Souley est un commerçant. Après les récoltes, il était de ceux qui attendaient les producteurs les jours de marché, à l’entrée de la ville pour leur acheter leurs céréales. C’est ainsi qu’il fit la connaissance de Awa, jeune villageoise, mal mise comme ses consœurs, mais belle et charmante. Il lui fit la cour et Awa accepta de l’épouser. Depuis leur union, Souley a refusé que Awa s’occupe d’autre chose à part le ménage. Il avait les moyens nécessaires pour l’entretenir.

Souley logeait dans une villa dotée de tout le confort moderne : télé, eau, électricité, téléphone. Il s’était attaché les services de ses frères, cousins et neveux. En plus des céréales, il évoluait dans le bétail, l’alimentation, le transport etc. Il dirigeait ainsi une entreprise familiale florissante. Il fallait à Awa une moto Yamaha dame. Awa était veinarde car ne manquant de rien.

Voilà que pour une affaire de coépouse elle se mit à faire le moue pour finir par abréger son séjour sur terre. Souley avait un ami d’enfance du nom de Damba. Ils se fréquentaient toujours. Ce dernier avait une sœur qui malgré les nombreux sacrifices ne réussit pas à dépasser le secondaire. Pour mieux sceller leur amitié, il la proposa à Souley. Cette dernière du nom de Bibata ne trouva rien à redire. Souley informa sa famille et surtout à Awa qui s’y opposa catégoriquement.

Pour elle, si Souley voulait prendre une seconde épouse, que ce soit une illettrée comme elle car elle ne tenait pas à être une boyesse. Souley proposa de prendre une bonne pour le ménage ou de loger Bibata ailleurs. Niet, fut la réponse de Awa qui commença à bouder la chambre conjugale. "Han Sayin" a écrit dans son livre intitulé "Les multiples splendeurs", que les explications ne servent à rien quand les deux parties sont décidées à interpréter de travers. Souley passa outre et fit publier les bancs à la mosquée car la chèvre ne mord pas le chien. Où il était le chef de famille ou il ne l’était pas.

Convaincue que l’union entre Souley et Bibata allait se faire, Awa la veille de la cérémonie se gava de barbituriques. Au chant du coq, alors qu’une des marâtres de Souley procédait à ses ablutions pour la prière, elle entendait des gémissements qui provenaient des toilettes. Après vérification, elle constata que c’était Awa qui était en très mauvaise posture. Toute la maisonnée fut alertée. Souley conduisit Awa à l’hôpital mais il était trop tard, trop tard et elle rendit l’âme dans d’atroces souffrances.

Aujourd’hui, Bibata s’occupe très bien des enfants de Awa et a demandé à Souley de lui trouver une coépouse. Elle épouse ainsi l’idée à Amin Maolouf qui a écrit dans le "Rocher de Tanios" que la meilleure façon de prendre une forteresse est de s’assurer des alliés à l’intérieur.

N’est-ce pas !

Rakissé

Sidwaya

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