Jamais une conférence de presse de la Fédération burkinabè de football (FBF) n’a mobilisé autant de journalistes. Plus de 60 hommes et femmes de médias ont pris d’assaut la salle de conférences de la FBF pour écouter Zambendé Théodore Sawadogo et son comité exécutif. Au regard du mutisme observé par cette structure fédérale malgré tous les problèmes que la presse rapportait au quotidien, la communication n’avait pas été établie entre la structure fédérale et les médias. Cette conférence de presse était donc une aubaine pour les journalistes de revenir sur bien de sujets.

Et comme pour attester que les hommes de presse en avaient vraiment besoin, 64 questions ont atterri sur la table occupée par le président Zambendé Sawadogo, son 1er vice-président et son secrétaire général qui a du reste été, pour la plupart des interventions, la cible. Normal donc que cette conférence de presse ait duré de 9h 42mn à 13h 05 mn, soit 3h 23mn d’horloge. Comme l’a reconnu le président, sa structure est en train de boucler une saison riche en satisfaction (comme le titre de champion d’Afrique remporté par les cadets), en doute et en interrogations.

Championnat à problèmes

Le championnat national de football a connu nombre de problèmes liés à des litiges non tranchés à temps à l’image du match EFO ?ASFA-Y ou encore USO ?USY. Le président de la FBF explique le mutisme de sa structure face à ces cas non vite tranchés par le fait que "la période que nous traversions (ndlr, crise sociale) exigeait la retenue pour ne pas ajouter de la poudre au feu", surtout que, fait-il noter, "vous savez de quoi sont capables les partisans de ces deux équipes", en parlant de l’EFO et de l’ASFA-Y. "J’ai pris la mesure de ce que cela pouvait donner comme éléments d’instabilité. C’est pourquoi nous avons pris un peu de temps pour décider."

Cette situation a même déjà créé un conflit entre la structure fédérale et la Ligue du Nord à laquelle appartient l’USY dont le gain du match contre l’USO a été attribué sur tapis vert à cette dernière. La conséquence de cet acte est que la Ligue du Nord, à travers une conférence de presse, a décidé de ne plus travailler avec cette structure et demande la démission de Zambendé Théodore Sawadogo.

Que pense ce dernier de cette décision de la Ligue du Nord ? Réponse : "Ils ont demandé mon départ, c’est leur problème. J’ai un mandat. Mais, si toutes les ligues et les clubs me retirent leur confiance, j’assumerai. Je suis un démocrate." Comment finir un championnat avec des matches en retard, s’est interrogé un confrère ? La FBF rassure seulement que tous les matches en sursis seront vidés avant la finale de la Coupe du Faso prévue pour le 5 août prochain.

Le cas du championnat épuisé, les confrères se sont attaqués à la Coupe du Faso. Ils ne comprennent pas pourquoi les deux matches des quarts de finale (AS SONABEL ?BPS de Koudougou et Santos ?EFO) sont à rejouer alors que les arbitres n’ont pas arrêté les matches parce qu’ils le voulaient, mais bien parce que des acteurs sont à l’origine des troubles qui se sont produits. Pour les journalistes, il fallait simplement punir les fautifs. Est-ce pour cela que les rumeurs annonçaient que le Santos refuserait de jouer ce match ?

Au moment des échanges, donc à quelques heures dudit match, la Fédération confiait que ce dossier n’était toujours pas parvenu à son niveau. Et d’ajouter : "La FBF n’a pas dit de rejouer les matches, c’est la Ligue nationale qui a dit de les rejouer." Comme promis, le Santos ne s’est donc pas présenté au Stade municipal et le forfait a été constaté. Gageons que ce n’est pas un autre conflit qui est ainsi ouvert.

Affaire Zengué : le Burkina confiant

S’il y a un dossier qui a suscité tant de questions au cours de ces échanges, c’est bien l’affaire Hervé Zengué, le joueur burkinabè sur lequel la Namibie a posé une réserve lors de son dernier match contre les Etalons chez elle. Où en-est-on avec cette affaire qui préoccupe les Burkinabè ? Zambendé, dans son calme légendaire, répond : "Laissez la procédure suivre son cours. Nous faisons foi à la CAF. Attendez que cette procédure prenne fin. Nous avons envoyé les informations en bonne et due forme. On nous a demandé son certificat de nationalité et nous l’avons envoyé. En plus, nous avons même transmis son certificat de mariage." Et le président de la FBF de rassurer : "Nous sommes sereins au niveau du Burkina Faso."

Mondial des cadets : "Nous assumons notre responsabilité morale"

Venant au sujet de la débâcle des Etalons cadets au dernier mondial mexicain, le président de la FBF a tout de suite reconnu que les résultats de cette équipe (dernière de la compétition) ont été en deçà des attentes des Burkinabè. Mais, comment est-on arrivé à commettre toutes ces erreurs administratives qui ont pénalisé l’équipe ? Pour Zambendé Théodore Sawadogo, il ne faut pas prendre la forme du problème, mais le fond avant d’avouer, sous le regard de son secrétaire général : "Nous assumons notre responsabilité morale." L’aveu fait, quelle conséquence en tirer ? Quelle sanction la FBF va-t-elle s’infliger ? Réponse du président : « Je prends tout mon temps pour regarder. Je suis en train de rassembler toutes les informations.

Je ne gère pas dans la précipitation et dans la passion. Dans le cadre du bien-être du foot, s’il y a des sanctions à prendre, je les prendrai." Pour la FBF, le fond du problème, c’est l’absence de compétitions de jeunes. Elle a donc annoncé qu’un championnat des moins de 15 ans sera lancé incessamment, au cours de sa dernière année de mandat. Ceci permettra, dit-il, de fichier tous les jeunes qui vont s’engager avec leurs vrais âges." On apprend qu’à propos de la débâcle des Etalons, le ministère des Sports avait demandé une lettre d’explication à la FBF qui dit la lui avoir envoyée. Pour ce qui concerne le sort de l’encadrement technique des Etalons cadets qui arrive à terme cette année, la FBF dit attendre de voir. L’entraîneur des Etalons A, Paulo Duarte, qui a accordé une interview à L’Observateur Paalga le 26 juillet dernier a aussi fait l’objet d’interrogations. Il a, dans cette interview, avoué qu’il y a trop de problèmes à la FBF. Quelle réaction de son employeur ?. "Nous allons nous réunir pour savoir quelle suite donner à cette interview", annonce le patron de la FBF

Le SG à la barre

A travers les interventions des uns et des autres, tous ont fustigé le manque de communication du pivot de la FBF, le secrétaire général, Emmanuel Zombré. Ils le lui ont dit en face, devant le regard gêné de son président qui ironise à travers ceci : "Je ne sais pas s’il y a un conflit ouvert entre le SG et la presse." Des problèmes administratifs au niveau des cadets comme au niveau de l’affaire Hervé Zengué en passant par le championnat national et la Coupe du Faso, le SG Emmanuel Zombré a été la cible des journalistes qui lui reprochent son manque de collaboration pour l’obtention d’informations justes et à temps. Ce dernier, en rapport avec les problèmes administratifs des Etalons cadets, a lancé à l’endroit de son patron : "Nous assumons" avant de dire aux journalistes : "Par rapport aux reproches qui me sont faits, je pense que je suis ouvert". Désapprobation bruyante dans la salle avant qu’il ne termine sa phrase.

Conscient que son secrétariat a des limites, le président Zambendé finit par avouer diplomatiquement : "Nous avons senti une faiblesse au niveau du secrétariat général. C’est pourquoi nous avons recruté un secrétaire administratif." Cet ex-préfet et juriste du nom de Saidou Coulibaly était effectivement dans la salle. Le président Zambendé lui voue beaucoup de qualités et demande à la presse de l’accompagner.

La commission presse inexistante à la FBF, l’absence d’un championnat de football féminin, l’absence de maillots aux vraies couleurs de notre pays pour nos Etalons, l’escroquerie de la fondatrice du centre de formation « Béog Kamba » de Mme Bado que la FBF dit ne pas reconnaître et d’autres sujets ont été abordés. Même la remunération en carburant des membres du comité exécutif (100 000 F CFA de carburant par an pendant deux ans puis 100 000 F CFA par trimestre) ont fini par faire dire à Zambendé qu’à la FBF, « nous sommes clean ». Il a annoncé que c’est à partir de novembre prochain que l’équipementier PUMA sera vraiment opérationnel et toutes les équipes nationales évolueront avec des maillots vraiment aux couleurs nationales."

Face à tous ces problèmes, le président de la FBF a tenu à rappeler que « nous sommes un pays en construction footballistique et chacun doit s’y mettre » pour le bonheur de tous. Il a promis revoir les textes pour que les problèmes rencontrés ne se répètent plus. Il a annoncé que des mesures seront prises sur le plan de l’organisation pour que « notre gestion administrative soit des plus efficaces ». A ceux qui lui reprochent de n’avoir pas toujours eu le temps de se consacrer au football, le président Zambendé, sourire aux lèvres, annonce qu’il est désormais en stationnement à la Fédération burkinabè de football.

Alexandre Le Grand ROUAMBA

Le Pays