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Manifestations de l’opposition pour le départ de Blaise Compaoré : Acte 1, le fiasco !

Publié le lundi 2 mai 2011 à 22h40min

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Samedi 30 avril 2011. Après, les manifestations des élèves, étudiants, commerçants et militaires, l’opposition politique burkinabè entre dans la danse. Elle a organisé son premier meeting pour exiger le départ de Blaise Compaoré du pouvoir. Mais la mobilisation était loin des attentes. A peine 1000 personnes. Donc, pas de quoi inquiéter le locataire de Kossyam. L’opposition doit donc revoir sa stratégie car, à cette allure, il lui faudra attendre des années encore pour éjecter Blaise Compaoré de son fauteuil.

Ce meeting de l’opposition politique burkinabè avait fait couler ancres et salives. Au final, une déception pour les partisans de l’opposition. Un ouf de soulagement pour le président du Faso et ses partisans. Apparemment, aucun sérieux dans l’organisation. Des pancartes avec des messages hostiles à Blaise Compaoré : « Blaise, dégage », « CDP= Compaoré Doit Partir », « Blaise= Ben Ali », etc. Les messages des discours sont aussi forts les uns que les autres, mais les bons points pour l’opposition s’arrêtent là. La mobilisation est décevante. Moins de 1000 personnes pour 34 partis politiques regroupés autour du chef de file de l’opposition.

A 8h15, au moment où arrive le président du comité d’organisation du meeting, Fidèle Kientèga, les jeunes s’affairaient toujours à coller des affiches imprimées sur des feuilles A4, essentiellement des noms de « victimes du système Compaoré ». Des noms tels Assad Ouédraogo, Justin Zongo, Flavien Nébié, Dabo Boukari… 8h 40, la place de la nation se transforme pratiquement en un dancing lorsque retentit « quitte le pouvoir », le morceau fétiche du célébrissime reggaeman ivoirien Ticken Jah Fakoli. Le dispositif se met progressivement en place, les manifestants commencent à clamer des slogans hostiles au pouvoir en place. Pendant ce temps, la vie suit son court normal dans le reste de la ville. Comme si de rien n’était. Aucun signe de panique dans la circulation. Pourtant, c’est l’acte1 « du départ de Blaise Compaoré ». Tous les ouagalais savaient que ce meeting de l’opposition ne pouvait aucunement ébranler le pouvoir, vieux de 24 ans. C’était un non-évènement pour la population.

9h05, Hama Arba Diallo, arrivé 2e à l’élection présidentielle de novembre 2010, avec un peu plus de 8% des suffrages fait en entrée sous un tonnerre d’applaudissements. Deux minutes, plus tard, il sera suivi du chef de file de l’opposition politique burkinabè, Me Bénéwendé Stanislass Sankara, l’initiateur du meeting. D’autres chefs de partis politiques de l’opposition feront leur arrivée, peu après. L’arrivée la plus remarquée a été celle du célèbre rappeur burkinabè, Smokey avec une pancarte sur laquelle est inscrit « Blaise, dégage ».
Pendant que le maître de cérémonie donne le programme du déroulement de la cérémonie, trois cargos militaires sont de passage. Panique ! Mais, il rassure en estimant à tort « les militaires nous rejoignent ». Ils continuent leur chemin.

L’heure est donc venue d’entonner en cœur le ditanyè, l’hymne national. Dans l’indifférence totale des passants. Comme si ce n’était pas leur hymne à eux.
Pour la faible mobilisation, qui, du reste a été reconnue par les organisateurs, elle s’explique par le blocage des sms et d’autres mesures dissuasives des hommes forts du moment, ont fait comprendre les manifestants.

Le décor planté, le président du PAREN, Tahirou Barry se lance en premier pour son discours. Comme nous, il a sans doute remarqué que la mobilisation n’est pas grande. « Ce n’est pas la quantité qui compte, mais la qualité. Une fourmi transporte dix fois son poids », dit-il. Le plus jeunes président de parti politique au Burkina dira à sa génération que « l’avenir est sans avenir ; la formation est devenu une industrie de chômeurs ». Comme tous ceux qui prendront la parole après lui, il remet en cause la légitimité de Blaise Compaoré. Certains iront plus loin en disant que sa réélection est illégale du fait de l’illégalité des cartes d’électeurs.

Nikiema Bessin Edwige prend ensuite la parole au nom des femmes. Mais lorsqu’elle monte sur le podium, des manifestants entonnent « RTB, descend, RTB descend, RTB descend ». Ce qui n’a pas manqué d’indigner l’ensemble des journalistes venus couvrir l’évènement. Il a fallu l’animateur de Ouaga FM, Sams’K le Jah pour calmer ces jeunes, révoltés contre la télévision nationale qu’ils jugent partiales. « RTB=Radio Télévision Blaise », pouvait-on lire sur des pancartes.
Pr Etienne Traoré du parti Faso-Metba prend la parole et prévient : « les obstacles seront de plus en plus nombreux, mais n’abdiquez pas jusqu’à ce que Blaise Compaoré nous fiche le camp ». Norbert Michel Tiendrébéogo, à son tour dénonce ce qu’il a appelé « 24 années de compaorose ».

Les artistes engagés auront droit à la parole. D’abord, Smokey qui dira que « devant là, c’est farine » établissant un lien avec « y a rien en face, devant là c’est maïs » des partisans de Laurent Gbagbo. Sams’K le Jah aussi aura droit à la parole. Il est aussi amer que son prédécesseur.

Hama Arba Diallo, parlant des élections présidentielles de 2010 dira : « on nous a eu ». Puis, faisant allusion à sa génération, il dit « nous sommes responsables de la pagaille dans laquelle nous vivons aujourd’hui ». Pour avoir laissé Blaise Compaoré accéder et se maintenir au pouvoir aussi longtemps. C’est le chef de fil de l’opposition qui prononcera le dernier discours. Aujourd’hui, « c’est un premier pas, ça va se poursuivre sur l’étendue du territoire, sur l’ensemble des 45 provinces ». Il sollicite l’aide des burkinabè de l’étranger ainsi que la communauté internationale pour « assister ce peuple qui est en danger de par la démission de l’Etat ».

Même l’armée serait la bienvenue. Donc les manifestations devront se poursuivre dans les prochains jours. En attendant, l’acte1 semble être un vrai fiasco. Blaise bénéficie-t-il toujours de la confiance du peuple ou bien, c’est l’opposition qui n’a pas de crédibilité ? La question reste posée. Blaise Compaoré battra tous les recors de longévité au pouvoir. S’il ne tient qu’à l’opposition. Acte1, l’opposition a mordu la poussière. Attendons de voir l’acte 2 du film.

Moussa Diallo

Lefaso.net

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