BURKINA-NAMIBIE : Les Etalons infligent une correction aux Warriors
Pour le compte de la 3e journée des éliminatoires de la CAN de football, Gabon-Guinée Equatoriale 2012, l’équipe nationale du Burkina Faso, les Etalons, a laminé celle de la Namibie, les « Warriors », par le score sans appel de 4 buts à zéro. C’était le samedi 26 mars 2011 au Stade du 4-Août de Ouagadougou, devant un public en délire.
Le match Burkina-Namibie était très attendu des Burkinabè. Les Etalons livraient leur deuxième match dans ces éliminatoires. Nous choisissons de prendre place au Stade ce 26 mars deux heures avant le coup d’envoi, soit 16h. Quelques banderoles nous accueillent. On pouvait y lire : " Etalons, vous êtes la fierté ! En avant pour la victoire !". 16h 20mn, les joueurs namibiens, vêtus de maillots et culottes rouges font leur apparition sur la pelouse. Ils sont suivis, deux minutes plus tard des Etalons.
Eux, choisissent de prendre contact avec le gazon en tenue de week-end : chemises manches longues, blancs- rayés, col blanc sur un pantalon noir et les oreilles bouchées par des écouteurs, les mains en poche. Le public est en délire « Hé Dieu, pourvu que ça marche ! », s’inquiéte un supporter. Nous nous orientons vers la porte d’entrée. Il était 16h 27mn. Là, nous entendons un responsable de la Ligue nationale du football donner des instructions aux portiers : « Souley Mohamed, le président du COCAN 98 doit être décoré avant le match.
Laissez passer tous ceux qui sont du COCAN 98". Un des portiers rétorque : "Il fallait leur donner des billets. Même ceux de la CAN 2000 ne passeront pas, on ne parle même pas de ceux de la CAN 98". Rires dans le hall. Très rapidement, nous remontons les escaliers pour voir ce qui se passe sur la pelouse. Les deux équipes regagnaient les vestiaires. Le quatuor d’arbitres venus du Tchad les remplace sur la pelouse. Il est 16h 32mn. C’est en ce moment que la fanfare de la garde nationale s’installe. Pour quelle équipe cette fanfare exécutera-t-elle son premier son pour saluer un but ? On le saura plus tard. Il n’y avait toujours pas trop d’affluence au Stade.
Germain Sanou et Hervé Zengué préférés
A 17h 52mn, les Etalons ressortent, cette fois, en tenue de sport, tous de blanc vêtus. Avant l’échauffement, chaque joueur se dirige vers une tribune pour jeter son maillot. Bousculade dans les gradins. Deux minutes après, à 17h 14mn, les joueurs namibiens, maillot bleus et culottes rouges, apparaissent sur le terrain. A 17h 17mn, le ciel s’assombrit brusquement. Un vent glacial souffle sur le temple du football burkinabè. "C’est bon signe", se rassure un spectateur. A 17h 26mn, la presse se procure de la composition des deux formations. Une observation est vite faite sur la composition des Etalons. Pour la première fois, le gardien Daouda Diakité n’est pas titulaire pour ce match. Germain Sanou (évoluant à Saint Etienne), ex-gardien des Cadets de 2009 a été préféré par l’entraîneur Paulo Duarte.
Sur le couloir gauche, le latéral n’est plus Paul Koulibaly (qui ne figure même pas sur la feuille de match), mais Hervé Zengué qui évolue en D1 en Russie et qui faisait sa première apparition avec ces Etalons. Jonathan Pitroipa qui n’avait pas joué le premier match contre la Gambie (pour raison de blessure) est là, contrairement à Habib Bamogo. Chacun y va de ses commentaires. A 17h 51mn, on assiste à la 3e apparition des deux équipes. Cette fois, c’est pour jouer. Sept membres du gouvernement sont là. Un public acceptable aussi, car seuls les portes 13, 14, 15, 16 et 17 n’étaient pas bien remplies.
Une décoration en levée de rideau
Les Etalons avaient un tee-shirt au dessus de leur maillot. Ils s’en débarrassent vite et chacun le jette encore dans le public. On pouvait y lire, carte du Burkina à l’appui :" Ne brûle pas ; tu n’as qu’un". Comme pour dire que chaque Burkinabé doit éviter de brûler le seul pays qu’il a. Ceci suscite des commentaires dans les gradins. Puis, la décoration de Souley Mohamed par la CAF. La médaille lui a été accrochée par le président de la FBF, Théodore Zembendé Sawadogo. Le trio arbitral s’impatiente. Le match démarre avec 5 mn de retard à cause de ce cérémonial. Le cœur de chacun bat. Que nous réservent ces Etalons ? Le premier corner à la 3e mn, le 2e à la 6e mn et le 3e à la 12e mn situent le public sur les intentions des protégés du technicien portugais Paulo Duarte. Les Etalons contrôlent le jeu.
Les Warriors ne veulent pas se découvrir. Et voilà la 26e mn ! Là, Moumouni Dagano dispute mal une balle dans un duel aérien. La boule ronde retombera, dans le champ visuel de Sibiri Alain Traoré. Le sociétaire de Auxerre adresse un bolide des plus cruels au portier namibien, Amel Mbaha. Il ne voit rien. Les filets tremblent. C’est l’ouverture du score. Le ministre des Sports, Jean-Pierre Palm, bras en l’air, saute de joie depuis la loge officielle. On a maintenant la réponse à une de nos questions. C’est pour les Etalons que la fanfare va s’exécuter. Le but est salué. Le Stade est en joie. Les Etalons pressent. Sibiri Alain Traoré, pendant les arrêts de jeu, tire en mouvement. C’est la barre qui sauve la Namibie. Quelques secondes après, Jonathan Pitroipa (il n’était pas dans son bon jour), ressort une belle balle pour le même Sibiri Alain Traoré qui signe son doublé d’un tir meurtrier. Deux buts à zéro, c’est aussi le score avant la pause.
La soirée d’Alain Traoré
Belle avance ! Gros espoirs. Les Etalons continuent leur balade. A la 65e mn, alors qu’un joueur namibien était étalé sur la pelouse, le capitaine burkinabè, Mahamoudou Kéré, commet l’erreur d’aller vers ledit joueur. Pour quoi faire ? Seul lui le sait. Un autre joueur namibien porte un coup à Kéré. Il s’affale. Dans ce désordre, l’arbitre tchadien, Adam Cordier, prend des renseignements avec un de ses assistants. Il brandit un carton rouge à l’attaquant namibien, Henrico Botes, et un jaune à Kéré, le capitaine burkinabè. La Namibie est réduite à dix. Et sur une frappe de Sibiri Alain Traoré (décidément !), la défense namibienne se mêle les pinces et fait auto-goal. Troisième but burkinabè. Duarte fait un cent mètres plat vers son joueur-buteur et lui saute dans les bras. Ça y est ! Les Etalons n’ont plus peur. C’est pourquoi l’entraîneur épuise ses remplacements pour tester d’autres joueurs.
Duarte a ciré les souliers d’Alain Traoré
Ainsi, Charles Kaboré (moins en vue) cède sa place à Djakaridia Koné qui a montré de bonnes choses. C’était son premier match avec les Etalons à l’image de Razack Traoré qui a pris la place de Wilfried Sanou. Mamadou Tall sort pour Ibrahim Gnanou en défense. C’est à l’issue de ce réaménagement que Jonathan Pitroipa sert une de ces belles balles à Razack Traoré qui manque l’immanquable à la 88e mn. La barre sauve encore la Namibie. Comme s’il était écrit quelque part que ce match devait être celui de Sibiri Alain Traoré seul, ce veinard, dans les arrêts de jeu (comme en première période de jeu), adresse cette frappe "scientifiquement appuyée" au malheureux portier namibien. C’est le 4e but (personnel) du jeune prodige Burkinabè. Extase au Stade ! L’entraîneur Duarte, genou gauche à terre, invite l’Auxerrois Sibiri Alain Traoré à déposer son « soulier » sur sa cuisse droite. C’est fait ! Duarte cire la chaussure de son joueur. Les Etalons viennent de soigner en temps leur goal différentiel.
Les Etalons, leader du groupe
Les Etalons sont vainqueurs. Ils l’ont amplement mérité. Du coup, tout le Burkina Faso est heureux. Un spectateur qui communiquait au téléphone disait ceci à son interlocuteur : « Le match de Alain Traoré contre la Namibie est terminé. C’est 4 à 0 ». Les Namibiens n’ont pu s’octroyer une vraie occasion de but tout au long des 90 mn de jeu. Mahamoudou Kéré et ses coéquipiers sont désormais confortablement assis dans le fauteuil de leader. Ils ont désormais 6 points avec un goal différentiel de +6 contre 3 points pour la Gambie (+0) et 0 point pour la Namibie (-6) pour deux matches joués chacun. Il reste à ces braves Etalons de se préparer pour bien négocier les deux derniers matches qui restent (en Namibie et en Gambie). En attendant, ces jeunes méritent toutes les félicitations. Ils ont demandé et obtenu du ministère des Sports et de la Fédération de football que les recettes de ce match Burkina-Namibie soient entièrement reversées au Fonds d’indemnisation. Ces recettes s’élèvent exactement à 12 132 500 F CFA.
ILS ONT DIT
Sibiri Alain Traoré (milieu de terrain des Etalons) "Nous nous sommes bien préparés pour ce match et personnellement, je tenais à faire un bon match puisque cela fait bien longtemps que nous n’avons pas joué devant notre public. Avec les événements qui se déroulent dans notre pays, nous avons tout mis en place pour réussir quelque chose de bon. Je suis très content ce soir pour avoir réussi trois buts. Je remercie l’entraîneur Paulo Duarte qui m’a fait confiance et ne m’a pas lâché.
Pendant toute la semaine de préparation, il m’a fait savoir que je ne marque pas en sélection et je crois l’avoir démenti avec ce match. Je tenais à faire un bon match et si je ne marquais pas, je devais faire marquer mes partenaires."
Germain Sanou (Gardien de but des Etalons) "C’est un match dans lequel nous avons réussi à tirer notre épingle du jeu et prendre les trois points. Une belle victoire qui nous permet d’améliorer notre différence de but. La Namibie est une équipe à respecter mais pour ce match, nous étions au-dessus sans sous-estimer l’adversaire. Avec cette rencontre, ce fut une première titularisation officielle pour moi mais pour la suite, c’est l’entraîneur qui décide et surtout à moi de travailler davantage."
Paulo Duarte (entraîneur Etalons) "Tous les entraîneurs alignent les meilleurs joueurs du moment et aujourd’hui, c’est la meilleure équipe que nous avons alignée compte tenu de sa qualité. Dans ce sens, les joueurs m’ont donné la meilleure réponse face à une équipe meilleure qui a joué en bloc derrière et tenter de placer des contres avec les ballons en profondeur. En fonction de la tactique de l’adversaire, je fais mon option avec un latéral gauche Hervé Zengué dont ce fut la première sélection officielle et qui a réalisé un bon match. Il faut reconnaître que nous n’avons pas fait une bonne entame de partie, surtout dans les vingt premières minutes et c’est une habitude quand nous jouons à Ouaga. Je ne sais pas pourquoi. Dès que nous réussissons le premier but, la machine donne bien et l’adversaire est obligé de sortir de sa base. Sur le mauvais début de match, je mets aussi en cause la pelouse qui a pris un coup avec la fête du cinéma qui vient de se dérouler alors que nous avons l’une des meilleures pelouses du continent. Malgré tout, nous avons fait un bon match."
Alexandre Le Grand ROUAMBA
Le Pays