SCANDALE DE CORRUPTION A LA FIFA : Quand foot rime avec fric
Que des membres de la FIFA soient impliqués dans un scandale de corruption, cela est à la fois étonnant et inquiétant. En effet, Amos Adamu et Reynald Temarii, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, ont accepté respectivement les sommes d’environ 580 000 euros et 1,7 million d’euros qui leur ont été proposées par des journalistes qui se faisaient passer pour des lobbyistes américains favorables à l’organisation de la coupe du monde 2018 aux Etats-Unis. Le fait est étonnant parce que la toute puissante Fédération s’est toujours voulu incorruptible et irréductible.
L’on voit toute l’énergie qu’elle déploie pour taper du poing sur la table quand un Etat, aussi puissant soit-il, cherche à intervenir dans les affaires du football, qu’elle considère comme relevant de ses seules compétences. En tout cas, le président nigérian, Goodluck Jonathan, en a eu pour son compte, lui qui avait cru nécessaire d’intervenir pour mettre de l’ordre dans l’équipe nationale nigériane en la dissolvant. Ce scandale de corruption au sein de la FIFA est inquiétant. Il amène à se demander si cette affaire n’est que la partie visible de l’iceberg. A tout le moins, cette inquiétude est loin d’être infondée quand on sait qu’aujourd’hui, le domaine du sport roi fait l’objet de tractations intenses.
En effet, à voir comment certains pays du monde, les riches notamment, se battent pour obtenir de l’institution, le feu vert d’organiser le mondial, l’hypothèse que Adamus et Temarii ne soient pas les seuls membres à être impliqués, n’est pas à exclure. Autre fait marquant dans cette affaire : parmi les deux présumés corrompus, figure un Africain venu du Nigeria, Amos Adamus. S’agit-il d’une simple coïncidence ou est-ce parce qu’il est Africain, c’est-à-dire venant du continent où la barrière entre la chose publique et celle personnelle est pour le moins poreuse ? Dans un cas comme dans l’autre, il est à se demander s’il n’a pas de précédents, quand on sait qu’il avait été à l’origine d’une crise au sein de l’Union des fédérations ouest-africaines de football (UFOA) en 2007, crise qui avait déstabilisé le président d’alors, l’Ivoirien Jacques Anouma auquel il a d’ailleurs succédé.
Et puis, les membres de l’instance suprême du football qui devraient donner le bon exemple n’ayant pas pu résister aux espèces sonnantes et trébuchantes, que dire maintenant des présidents des confédérations continentales et autres responsables d’associations nationales, africains notamment ? En tout état de cause, au regard de ces manigances et autres scandales de corruption autour du sport roi, il y a de quoi croire que l’idéal du fondateur des jeux olympiques, le baron Pierre de Coubertin, selon lequel "l’émulation est l’essence du football", tend à disparaître pour faire place à la surenchère. Et quand football rime avec fric, les enjeux économiques risquent de l’emporter sur le jeu dont les principaux objectifs sont l’émulation et la cohésion de personnes d’origines, de races, de confessions et d’idéologies différentes.
Boulkindi COULDIATI
Le Pays