Sié Vincent Kambiré /RCK : « Ce qui se passe au RCK me fait penser au Real de Madrid… »
Convaincu, après le recrutement à tour de bras de joueurs et d’un entraîneur expatrié, de jouer les premiers rôles dans le Fasofoot, le président délégué du Rail club du Kadiogo (RCK), Sié Vincent Kambiré, qui a bien voulu se prêter aux questions de Fasozine.com, est maintenant peu enthousiaste. Il aborde dans cet entretien la vie au quotidien du club, donne sa lecture du football burkinabè et se prononce sur les chances des équipes africaines qui vont participer à la coupe du monde en Afrique du Sud.
Fasozine.com : Vous avez affirmé, au début du championnat, vouloir jouer les premiers rôles. Après 17 journées, la machine du RCK semble grippée, puisque vous n’êtes que 7e après 17 journées…
Sié Vincent Kambiré : Nous pensions qu’avec le recrutement que nous avions fait, la restructuration du club et le retour des joueurs que nous avions prêtés à l’Etoile filante de Ouagadougou, avoir tout mis en œuvre pour jouer les premiers rôles cette année. Mais à mi-parcours, la réalité est différente. Le bilan n’est pas très reluisant. Tout n’est cependant pas perdu pour le RCK, car il reste encore dix journées, et nous comptons deux matchs en retard.
Qu’est-ce qui coince véritablement ?
Nous nous posons actuellement la question au sein du club. L’entraîneur que nous avons fait venir est un professionnel. Il fait du bon travail. Mais la mayonnaise tarde à prendre. Pourtant les joueurs que nous avons recrutés ont le niveau et l’expérience de notre championnat. En plus, ces joueurs ont prouvé qu’ils avaient du mérite. Ce qui se passe présentement au RCK me fait penser au Real de Madrid, lorsque ce club avait réussi à s’attacher les services des plus grands joueurs du monde. Mais cette constellation de stars n’a pas apporté grand chose au club. Au RCK nous avons un effectif très riche. Nous avons recruté les meilleurs joueurs du championnat de la saison dernière. Mais les résultats ne suivent pas. Les responsables que nous sommes, font tout pour mettre les joueurs dans les meilleures conditions. Ils en sont conscients, ils se parlent et j’espère qu’il y aura un sursaut d’orgueil dans les jours à venir.
Une controverse relative à un prêt de joueur vous a récemment opposé à l’Etoile filante de Ouagadougou (Efo)…
C’est un dossier qui a fait des gorges chaudes et que j’ai suivi de bout en bout. Je vous dis simplement que le RCK a toujours soutenu les clubs du Burkina qui participent aux coupes africaines. Si un club approche le RCK parce qu’il convoite un joueur, nous discutons avec ce club et nous lui cédons le joueur. Nous l’avons fait avec l’Asfa-y et avec l’Efo. Nous avons même soutenu financièrement ces clubs, même si notre contribution a été très modeste. C’est dans cette optique que lorsque l’Efo nous a approchés, nous n’avons pas hésité à leur prêter des joueurs. Après le départ de ces joueurs, les responsables du RCK ont été pris à partie par des supporteurs du club. Le club a même frôlé la relégation. Beaucoup de choses ont été dites sur cette affaire. Je salue la maturité du Président du conseil d’administration de l’Efo, Lazare Banssé. Contrairement à ce que racontent les gens, c’est un grand monsieur qui connaît le milieu du football. Nous avons beaucoup échangé avec lui. Il a fini par nous comprendre et a accepté de libérer les joueurs concernés au profit du Rail club du Kadiogo
Où en est êtes-vous avec la recherche des sponsors que vous aviez promis de dénicher ?
Nous avons pris des contacts au Burkina et à l’extérieur. Des promesses fermes nous avaient été faites par des maisons et sociétés de la place. Avec les inondations du 1er septembre 2009, toutes les portes se sont refermées. Seule une société de téléphonie mobile de la place nous a aidés financièrement. Même Sitarail, notre maison mère, traîne encore les pieds pour nous soutenir. Le Burkina est à la traîne en matière de sponsoring. Il y a des dirigeants de clubs qui ne dorment plus car ils ne savent pas où trouver des fonds. Tout cela se ressent sur le terrain. Au niveau des recettes des matchs, c’est la catastrophe. Le trésorier du club m’a présenté une somme de 14 674 F CFA, comme recette de notre dernier match au stade du 4-Août. La subvention aux clubs de D1 est de 1 000 000FCFA, octroyée en deux tranches de 500 000 F CFA. Et nous attendons depuis belle lurette. Nous sommes obligés de préfinancer les déplacements.
Les caisses du RCK sont donc vides, qui rétribue alors l’entraîneur expatrié du club ?
C’est grâce aux relations du PCA Amado Traoré avec des clubs en Europe que nous bénéficions des services de Jean Luc Girard. Il a joué au haut niveau. Il a entraîné des clubs en Europe. Il a accepté de venir au Burkina dans le cadre d’une coopération entre clubs. Pour lui, c’est un challenge qu’il compte bien relever.
Nous sommes à moins d’un mois de la coupe du monde. Quelles sont les chances des équipes africaines ?
Les Eléphants de Côte d’Ivoire étaient super favoris lors de la Coupe d’Afrique des nations 2010. La suite on la connaît. Le Cameroun est un habitué du mondial et les joueurs ont un esprit de gagneur, l’Algérie est aussi de retour sur la scène mondiale. Si chacune de ces équipes tire les leçons de la Can passée, ils peuvent aller loin. Je reste convaincu que les équipes africaines peuvent créer la surprise lors de ce premier mondial qui se joue en Afrique.
Joël Zoundi
Fasozine