Levée de la sanction contre le Togo : Issa Hayatou revient à la raison
La CAF avait pris la décision, on se rappelle, d’exclure la sélection nationale du Togo des deux prochaines éditions de la coupe d’Afrique des nations (2012 et 2014) et 50 000 dollars US d’amende. Eh bien, cette même CAF, avec la médiation du tribunal arbitral du sport TAS et la FIFA, vient de lever cette suspension.
La sélection pourra donc réintégrer le gotha du foot continental à travers les éliminatoires de la CAN Gabon-Guinée-Equatoriale 2012. Le tort des Eperviers était de s’être retirés de la phase finale de la CAN Angola 2010 après que le bus qui transportait les joueurs ait été mitraillé à la frontière de Cabinda par les rebelles des Forces de libération de l’enclave de Cabinda (FLEC). Dès lors, Lomé avait appelé ses joueurs à rentrer au bercail car il leur était inadmissible de poursuivre la compétition avec 1 mort et 2 blessés graves sous la main.
Il n’en fallait pas plus pour que le président de la toute- puissante confédération, Issa Hayatou, et sa clique crient haro sur le bodet en qualifiant d’ingérence du politique dans le sport, le décret du gouvernement togolais. Et la sanction, aussi inhumaine qu’impopulaire dont on connaît la teneur, tomba (cf. l’article paru le 1er février 2010). A l’époque, l’on avait reproché à la CAF d’avoir pris une décision hâtive sans avoir bien analysé sereinement la situation. Aujourd’hui, la levée de la peine nous en donne raison. Car quoi qu’on dise, c’est la fédération qui gère l’équipe nationale mais en même temps, c’est le gouvernement qui envoie une sélection à une compétition.
Et l’autre couac, c’est que l’exclusion du Togo a été décidée par le comité exécutif et non en assemblée général. Or dans le cercle restreint de la CAF, personne n’ose tenir tête au grand Camerounais ; de peur de perdre les faveurs de ce dernier. Maintenant, il reste à Hayatou d’officialiser son parjure devant son même comité exécutif. Il s’ensuivra alors une autre procédure, celle de réfléchir sur l’introduction des Eperviers dans l’une des poules éliminatoires de la CAN 2012 puisque le tirage au sort a déjà eu lieu le 20 février dernier.
Au-delà de la levée de la sanction, il faut surtout voir le travail qui a été fait en bas. Et comme l’a souligné avec sagesse, le président de la FIFA, Sepp Blatter, c’est la preuve que l’on peut trouver des issues favorables aux conflits internes à la famille du football. Et comme chacun devrait faire un compromis, la Fédération togolaise a reconnu sa faute administrative ; celle de n’avoir pas fait une notification motivée à la CAF avant le retrait des éperviers. Mais dans le feu de l’action, chacun agit par médias interposés et étant donné que le retrait est intervenu dans des circonstances dramatiques, en faire un argument pour l’exclusion était inutilement sévère.
L’autre aspect du dossier, c’est qu’il reste maintenant à l’Etat togolais de faire pression sur les familles des victimes afin qu’elles retirent leurs plaintes formulées auprès du Tribunal de grande instance de Paris. C’est en tout cas une exigence de la CAF car l’instance africaine de football estime que ce dossier en justice doit opposer le Togo à l’Angola et non à la CAF ; puisque c’est le pays organisateur qui a en charge la sécurité des participants. Bon, si un arrangement a été trouvé avec la Confédération et le Togo, on estime que Lomé volera au secours des familles éplorées en les dédommageant en conséquence afin que réparation soit faite. Et chaque partie aura eu son compte dans cette affaire.
Kader Traoré
L’Observateur Paalga