LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Ce sont nos choix qui montrent qui nous sommes, bien plus que nos capacités.” Joanne K.Rowling

Fédération burkinabè de football : Et si on nettoyait les écuries de Zambendé ?

Publié le jeudi 22 avril 2010 à 03h47min

PARTAGER :                          

Financièrement asphyxiée, la Fédération burkinabè de football (FBF) l’est effectivement puisqu’elle est à bout de souffle, ployant sous le coup de plus de 400 millions de FCFA de dettes qu’elle doit à des institutions bancaires et à des prestataires de services. L’ardoise, qui a pris du volume au fil des années, a inévitablement gangréné l’organe suprême du ballon rond burkinabè qui a vu ses comptes en banque saisis ainsi que le bâtiment de son siège.

Du coup, le règlement des salaires, des dépenses de fonctionnement et du financement du championnat national deviennent un casse-tête. C’est l’une des informations que Théodore Zambendé Sawadogo, le président de la FBF, a livrée lors d’une conférence de presse qu’il a animée le 20 avril dernier à Ouagadougou.

S’il y a une réalité que cette fâcheuse situation met à nu, c’est bien les problèmes de gouvernance que la FBF traîne depuis des années. Difficile donc de voir clair dans la gestion des fonds mobilisés pour les Etalons.

Et la situation ne date pas d’aujourd’hui, car depuis 98 aucun bilan public n’a été fait par le COCAN (Comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations de football) ni par la structure qui a collecté les souscriptions pour la CAN 98. Idem pour toutes les autres levées de fonds qui ont suivi.

Evidemment, cette absence de rendre compte officiellement et publiquement de la gestion des deniers publics a sans doute fait le lit de la situation qui prévaut actuellement à la fédé.

L’Etat a aussi sa part de responsabilité, car les ministères des Sports et des Finances ne peuvent pas dire n’avoir pas été au courant des ardoises qui s’accumulaient du côté du gestionnaire de notre foot. Et qu’ont-ils fait face à la situation ? Si réellement ces ministères étaient au courant, c’est grave. Mais c’est encore plus grave s’ils n’étaient pas au courant.

Prise à la gorge, la FBF n’a d’autre choix que de s’en remettre au bon vouloir du ministère en charge des Sports. Une hérésie en matière de gestion du sport-roi ! En effet, de tout temps, les fédérations ont toujours réclamé et revendiqué leur indépendance vis-à-vis des pouvoirs publics.

Comme on le sait, elles sont aidées en cela par la FIFA (Fédération internationale de football association), l’organe chargé de la gestion mondiale du football, dont les poils se hérissent dès qu’on parle d’immixtion du politique dans le sport.

Mais il faut avouer que sous nos tropiques, cette injonction de la FIFA a véritablement du mal à prospérer, car les fédérations sportives vivent sous perfusion financière du ministère des Sports. Et comme on le dit assez souvent, il est normal que celui qui paie la guitare soit celui qui impose l’air à jouer. Voici donc une fédé qui se veut indépendante, mais qui est incapable de faire face à ses dépenses de souveraineté. Alors de quelle indépendance parle-t-elle ?

Cette donnée, il faudrait que la FIFA l’intègre correctement dans son tableau de bord. C’est une institution qui ne badine avec les textes et beaucoup de ministères en savent quelque chose quand ils s’immiscent dans les affaires des fédérations. C’est connu, la FIFA est devenue une sorte d’Etat puissant dont les gouvernants ont plus peur des "fatwas" que des résolutions et autres embargos de l’ONU, qu’ils peuvent contourner impunément.

A présent que la FBF est dans une mauvaise passe, il se peut que la FIFA suive de loin ce qui se passe du côté de Ouaga 2000. Mais comme il ne s’agit pas d’une destitution du bureau, elle attend peut-être de voir l’évolution des choses. Jean Pierre Palm va-t-il laisser l’institution de Zambendé mourir à petit feu ?

Conscient que sans la FBF c’est le football dans son ensemble qui est menacé, il n’hésitera pas à frapper tous les jours à la porte de son patron pour régler les problèmes. Et quand on sait qu’il est le premier capitaine des Etalons, on peut parier qu’il fera quelque chose dans ce sens.

Si demain on nous annonçait une bonne nouvelle, il ne faudrait pas qu’on classe les conclusions des audits. On a parlé de cumul qui ne date pas de maintenant, ce qui veut dire qu’il y a des gens qui font ce qu’ils veulent quand ils gèrent ce football, dont les résultats sont des plus médiocres.

Il est donc temps, surtout que cette crise constitue un tournant décisif dans la vie de la FBF, de nettoyer les écuries de Zambendé. Pour une refondation totale de la structure sportive, les brebis galeuses devraient être éloignées sinon les mêmes problèmes surgiront toujours.

Beaucoup viennent dans ce milieu pour leurs propres intérêts, sachant qu’ils ne seront jamais inquiétés. Et si aujourd’hui la FBF est dans une telle situation, c’est en partie par leur faute.

En écoutant Zambendé l’autre jour, on est enclin à penser que tout n’a pas été dit. Mais saura-t-on un jour ce que les audits ont révélé ?

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos réactions (6)

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Étalons : Adama Guira met fin à sa carrière de footballeur
Mara’Monde 2024 : Les Étalons qualifiés en quarts de finale