Koras 2010 : le Burkina, les pieds sur terre
Tout ça pour ça ? C’est la seule et triste conclusion objective à laquelle on parvient, à la fin de la 8e édition des Koras Awards 2010. Pourtant, ce ne sont pas les moyens financiers et matériels qui ont fait défaut à cet événement censé récompenser les artistes les plus méritants en Afrique. Suite à une pression qui ne dit pas son nom, les opérateurs économiques et de grandes boîtes de la place ont cassé la tirelire pour faire de la manifestation une réussite, selon la vision du président du Faso, qui visiblement voulait en faire une fenêtre mondiale pour le « Pays des hommes intègres ».
Et c’est avec empressement, que ces mécènes et sponsors « forcés » qui ont toujours rechigné à sponsoriser convenablement des initiatives locales du même genre que les Koras, et parfois même plus élaborées, ont sorti les chéquiers. Toute la république, s’est alors mobilisée pour tenir les Koras qui cherchaient désespérément scène, après avoir fait ses valises de l’Afrique du sud. Malgré nos sinistrés du 1er septembre 2009, qui tardent toujours à trouver abris et nourriture, nous nous sommes tous alignés derrière les premiers responsables de ce pays pour « sauver » les Koras. La presse dans son ensemble, Fasozine en particulier, n’ont ménagé aucun effort pour sonner le retour des Koras pensant contribuer ainsi, selon notre idéal, au rayonnement du Burkina et de l’Afrique culturelle.
Mais hélas… Décevante fût la cérémonie et ses trop nombreuses pauses inutiles. Insipides, les Koras 2010 le furent à souhait, contrairement à toutes ces belles soirées auxquelles les hommes du showbiz burkinabè ont habitué un public connaisseur et exigeant. Les spectateurs triés sur le volet qui s’attendaient à l’ « effet waou » et à un show inoubliable ont, pour la plupart pour ne pas dit tous, regretté de s’être « hermétiquement » laissés enfermer dans cette belle prison du gigantesque palais des sports en cette belle soirée pascale. Dire qu’au bout des calculs de sponsorings, certaines tables revenaient au bas mot à 20 millions de francs CFA. Que certaines entreprises aient pu décider de " casquer " 50 millions de F CFA pour une visibilité à somme nulle laisse songeur. Quid des téléspectateurs de la RTB et de Africable, les deux seules chaînes qui ont diffusé en direct l’événement pourtant pompeusement annoncé être suivi à travers le monde entier, par la magie des satellites ? Nombre d’entre eux ont simplement préféré les matchs de championnats européens ou des émissions nationales de variétés moins ennuyeux que les Koras qu’ils ont attendus avec impatience. C’était vraiment dommage car, sur toute la ligne, les Koras qui ont connu une grande défection d’artistes et ont battu au contraire le record des représentants, ont finalement l’air d’une grosse tromperie. C’est fort de ce constat que certains ont laissé tomber le couperet, en signifiant que le Burkina a été très peu inspiré dans cette aventure qu’ils espèrent sans lendemain.
Dernière question : qu’a-t-on fait de Madson Junior, le seul artiste burkinabè, avant dernièrement Smokey, qui avait obtenu avec brio une Kora, notamment celle du meilleur espoir masculin en 2004 et dont le prix en espèce n’a toujours pas fini d’être payé par les organisateurs ?
Il faut maintenant espérer que sagesse et lucidité reprennent le dessus, pour nous conduire à nous concentrer sur ce que le Burkina a de plus précieux, pour valoriser son image à l’international : Fespaco , Siao , etc
Morin Yamongbé
Fasozine