CAN 2010 : Le mauvais sort des Etalons
Après les éliminatoires combinées de la CAN et du mondial 2010 et en attendant la deuxième compétition dont le tirage au sort est prévu pour le 4 décembre prochain en Afrique du Sud, les seize (16) qualifiés pour la phase finale de l’épreuve continentale connaissent désormais leurs adversaires.
Et ce, depuis le vendredi 20 novembre dernier. C’est à Luanda, au Centre de Conventions de Talatona, que s’est déroulé le tirage au sort, devant une belle brochette de personnalités, notamment du monde du sport et de la politique. De tous les groupes, celui qui semble le plus relevé, c’est là où le sort a jeté le Burkina Faso. Voyez donc : il y a la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo.
Ce qu’il faut dire d’emblée, c’est qu’on a l’impression qu’une bohémienne a prédit que les Etalons et les Eléphants se retrouveraient dans la même poule. Alors, faut-il « maudire » la main qui a tiré les équipes pour ce groupe B ? C’est selon, et maintenant que le mauvais sort en a décidé ainsi, il n’y a pas d’autre solution que de se mettre à l’ouvrage pour être d’attaque dans 50 jours à Cabinda.
En se retrouvant dans un groupe sous-régional pour un mini-championnat ouest-africain avec des pays limitrophes du nôtre, les Etalons débuteront le tournoi contre un ancien adversaire du dernier tour des éliminatoires, les Eléphants de Côte d’Ivoire. Autant dire un client bien connu. Vainqueurs de la CAN 92 au Sénégal et qualifiés pour le mondial sud-africain, les Ivoiriens visent un deuxième titre en Angola. Lors des éliminatoires dans le groupe E, ils avaient tout écrasé sur leur passage, en terminant en tête avec 16 points (sur 18 possibles) et un goal différentiel de + 15.
On se rappelle, la bande à Didier Drogba avait battu celle de Dagano à l’aller comme au retour (3-2 et 5-0). Après la mémorable raclée d’Abidjan, la noyade collective dans la lagune Ebrié, les Burkinabè en ont certainement gros sur le cœur. L’heure de la revanche a-t-elle sonné du côté de Ouagadougou ? On le saura dans pas très longtemps.
Le deuxième match des Etalons à Cabinda, ce sera contre les Eperviers du Togo, qui avaient dû attendre la dernière journée pour arracher leur qualification, face aux Panthères du Gabon (1-0). Troisièmes dans le groupe A avec 8 points –4, les Togolais, quoi qu’on dise, sont devenus de bons compétiteurs et montent en puissance. Cette formation, qui est conduite par Emmanuel Adebayor, joue bien au football et se paye même le luxe de tenir la dragée haute aux gros bras.
Enfin, l’autre ténor dans le groupe B n’est autre que le Ghana qui a fêté en septembre dernier sa deuxième qualification d’affilée (la deuxième de son histoire) pour une phase finale de coupe du monde. Comme la Côte d’Ivoire, son principal objectif est de monter sur le podium dans le pays du président Eduardo Dos Santos. Les Black Stars, c’est le dernier adversaire des Etalons pour le premier tour et leur face-à-face, ce sera le 19 janvier à Luanda. A priori, les deux grands favoris et leur attaque de feu ont les moyens de se tirer d’affaire pour s’ouvrir les portes des quarts de finale.
On dira que le foot reste le foot et que la balle demeure ronde pour tout le monde. Mais force est de reconnaître que ce ne sera pas facile : les poulains de Paulo Duarte sont, à l’évidence, les moins forts. Le problème des Etalons, c’est que leur jeu est plein de déchets, et l’inconstance, n’en déplaise, semble être leur qualité première. Or, l’idée de base du sélectionneur national est de ne pas trop modifier l’équipe, qui lui a donné satisfaction jusque-là.
C’est de bonne guerre, et un entraîneur a ses principes. Mais une chose est sûre, si les nôtres n’améliorent pas leur façon de jouer, s’ils ne musclent pas davantage leur jeu en défense et si Dagano et les autres ne se montrent pas plus incisifs sur le front de l’attaque, il y a de fortes chances qu’ils reviennent tôt à Ouagadougou. Passe encore si le capitaine Mahamoudou Keré et ses coéquipiers tombent les armes à la main, après avoir mouillé le maillot et s’être battus vaillamment.
On reconnaîtra sportivement qu’ils sont tombés sur plus coriaces qu’eux et il n’y a pas de honte à cela. Mais ne pas livrer bataille, passer le temps à déjouer ou être anormalement maladroits devant les buts adverses, bref manquer de rigueur, c’est ce qu’il y a de plus rageant. A Cabinda, nous devons être forts dans la tête pour surnager dans ce groupe, certes très difficile, mais jouable. La clé, c’est de bien entamer la compétition pour viser l’une des deux premières places.
A Abidjan comme à Accra, on ne va d’ailleurs pas sous-estimer la sélection nationale du Burkina, qui ne s’est certainement pas endormie sur ses lauriers pour être à cette 27e CAN. Que la Côte d’Ivoire et le Ghana aient chacun une histoire et une légende, soit, mais ils ne sont pas pour autant intouchables. Le 11 janvier, les Etalons devront donc hausser le niveau de leur jeu actuel pour nous confirmer que c’est un mauvais sort qui vient d’être jeté sur eux.
L’Observateur
L’Observateur Paalga