Ibrahiman Sakandé, DG de Sidwaya : "Il n’y a pas de honte à soutenir un confrère, même concurrent"
Parmi les 400 inscrits à ce 2e marathon international Ouaga-Laye de l’Observateur Paalga qui s’est couru le samedi 30 mai dernier et qui a vu la victoire du Nigérien Yahaya Nahantchi, figurait un athlète dont la participation n’est pas passée inaperçue. Il s’agit de notre confrère et directeur général des éditions Sidwaya, El Hadj Ibrahiman Sakandé. Au-delà de son soutien à celui qu’il appelle son tonton (le DP de l’Observateur Paalga), il a parcouru plus de 10 km, histoire de montrer qu’il n’y a pas de honte à se montrer solidaire d’un confrère, fût-il concurrent.
Monsieur le DG, qu’est-ce qui vous a motivé à prendre le départ du 2e marathon international Ouaga-Laye de l’Observateur Paalga ?
• Nous avons été motivé à participer à ce 2e marathon international Ouaga-Laye organisé par nos confrères de l’Observateur Paalga, au nom de la solidarité nécessaire au sein de la corporation. Comme vous le savez, les éditions Sidwaya, l’Observateur Paalga et les autres maillons des médias du Burkina sont une seule et même famille. Nous avons tenu à participer personnellement à ce marathon pour, primo, montrer, à travers notre présence, que la solidarité entre tous les confrères de la presse nationale doit être une réalité quotidienne autour des chantiers animés par l’un ou l’autre au profit de toute la presse. Secondo, nous étions présent personnellement au nom du ministère de la Culture, du Tourisme et de la Communication en tant que média de service public pour appuyer et accompagner cette initiative de l’Observateur Paalga qui est animée par notre doyen de la presse écrite nationale.
En notre qualité de fils des médias du pays, nous avons tenu à apporter notre soutien à une action qui mérite d’être soutenue par tous les Burkinabè. Comme vous le savez, Sidwaya, en tant que média de service public, se doit d’être aux côtés de tous les confrères qui travaillent au rayonnement de la presse écrite ; afin que, mano à mano, nous renforcions la solidarité autour des médias pour un paysage médiatique beaucoup plus actif. C’est à partir de là que tout le monde sera fier de cette presse écrite qui œuvre pour le développement du Burkina.
Au-delà de la participation morale, vous avez tenu à courir. Dites-nous si c’est la première fois que vous participez à une telle épreuve.
• C’est vrai que quand on voit le directeur général d’une institution comme les éditions Sidwaya, prendre part à une compétition pareille, on peut avoir l’impression que ce n’est qu’un directeur général. Mais un DG a un cursus, un passé. Au plus fort de notre jeunesse (même si nous ne sommes pas vieux pour le moment), nous étions athlète. Nous avons été de ceux qui ont fait les beaux jours de l’équipe d’athlétisme du lycée Philippe-Zinda-Kaboré. Sylvestre Zaré, qui a été le mesureur de ce marathon, a été de ceux-là qui ont moulu nos premiers pas dans l’athlétisme. Et je puis vous dire que je suis détenteur d’une médaille d’or dans la spécialité du sprint.
C’est vrai que le marathon a ses exigences, surtout qu’avec l’âge que j’ai, la profession que j’exerce et le recul par rapport à la pratique quotidienne du sport, ce n’est pas évident de participer à cette course. Mais nous avons tenu à courir pour donner un signal fort et encourager l’initiative. Nous avons également voulu montrer que quels que soient l’âge et les responsabilités, le sport est une pratique à laquelle il faut s’adonner ne serait-ce que pour des questions de santé et aussi pour des questions philosophiques. Le sport doit être un starting-block, un socle à partir duquel on peut travailler à avoir plus de force, plus d’intelligence, à avoir plus d’initiative pour mieux accomplir la mission qu’on vous a confiée, quelle que soit l’activité que vous menez.
A la différence du sprint que vous avez pratiqué, le marathon vous demande de vous alimenter au fur et à mesure de la course. Avez-vous pu vous ravitailler convenablement ?
• Avouons que ce 2e marathon Ouaga-Laye était bien organisé. Comme nous sommes sprinteur à l’origine, nous sommes parti très vite au départ. Mais après 1 km, nous avons commencé à éprouver d’énormes difficultés. Et nous avons commencé à courir à notre rythme, c’est-à-dire mollo, afin de donner le maximum de nous-même. Nous avons pu nous éponger convenablement et avons même gardé nos éponges comme souvenir. En tout cas, nous avons pu courir dans de très bonnes conditions d’assistance sécuritaire. Il y avait des cars qui nous suivaient, des sapeurs-pompiers… et quelques fois, on nous a dit : « DG, arrêtez, arrêtez. » Mais nous avons tenu à poursuivre. Cette course nous a rappelé ce que le philosophe dit par rapport à la volonté : "Lorsque l’athlète est en train de courir, et qu’à un moment donné il est abandonné par son corps et ses muscles, il lui suffit juste de s’arrêter pour retrouver sa tranquillité".
ais si c’est un vrai athlète, il doit poursuivre son effort. Tout le parcours que nous avons effectué nous a rappelé la sagesse philosophique qui entoure la question de l’effort. Et donc dans le cadre des éditions Sidwaya que nous sommes amené à diriger, conformément à la lettre de mission à nous confiée, il est évident qu’il y aura des difficultés, des moments où nous aurons envie d’abandonner, des moments de pleurs, des larmes internes, des moments où nous serons assis seul dans notre bureau en train de réfléchir sur des problèmes des éditions Sidwaya. Il est évident qu’il y aura des moments de bonheur. Mais tout ce qui va nous permettre de traverser ces difficultés-là, c’est aussi cette philosophie qui entoure notre capacité à faire des efforts, même dans la douleur, comme l’athlète. Nous sommes donc allé courir au marathon pour nous replonger dans cette théorie au moment où nous démarrons un mandat de DG à la tête de Sidwaya. Et philosophiquement, à travers cette course organisée par un confrère de la concurrence, cela doit nous donner plus de conviction dans notre mission pour faire avancer notre maison, afin que demain soit meilleur qu’aujourd’hui.
Monsieur le DG, jusqu’où êtes-vous arrivé ?
• Nous avons fait des stops pour prendre des forces, nous avons marché, recouru, mais à partir du poste de police de la sortie de Ouaga, nous avons été abandonné par nos forces et nous avons eu des problèmes de genou. C’est de là que nous avons été convoyé jusqu’à Laye, sans cesser d’encourager les autres.
C’est donc dire que toutes les petites douleurs sont passées ?
• Oui, je pense que 90% des Bobos sont passés. Certains pensaient que nous n’allions pas être présent au bureau le lundi, mais déjà le dimanche, nous étions là, afin de produire l’éditorial du lundi. Le reste des douleurs passera avec le temps. Et c’est comme ça dans la vie d’un athlète. Lorsqu’on est à 90% de ses capacités après une course éprouvante, comme celle du samedi dernier, on ne peut que s’en réjouir et se dire qu’on a fait œuvre utile.
Etes-vous prêt à rééditer votre participation l’année prochaine ?
• Forcément, je crois que l’année prochaine, si le tonton et aîné Edouard Ouédraogo de l’Observateur Paalga porte le dossard 001, je porterai le 002. Il faudra inviter les autres directeurs de publication de la presse écrite et des médias de l’audiovisuel à venir prendre les premiers dossards pour que nous soutenions sans état d’âme, sans retenue aucune, l’action de notre confrère. Parce qu’une œuvre qui mérite d’être soutenue. Je pense qu’il ne faut pas avoir honte de soutenir l’excellence, même quand elle vient d’un concurrent. Nous sommes tous fils de ce pays, qu’on soit médias privé ou média d’Etat. Et c’est ensemble que nous travaillerons à construire la cité. Nous sommes partisan de cette donne et croyons que d’ici là, nous allons entreprendre une ronde de tous les médias pour créer l’esprit d’union où la solidarité sera le maître-mot de nos comportements au quotidien.
Entretien réalisé par Kader Traoré
L’Observateur Paalga