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Pose de stimulateurs cardiaques : Chirurgie de pointe à la clinique du Cœur

Publié le vendredi 13 février 2009 à 02h07min

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Vous souffrez d’insuffisance cardiaque sévère ? Plus besoin de vous faire des soucis ou de dépenser des fortunes pour une évacuation sanitaire vers l’Europe. La solution à votre pathologie est à portée de main à la clinique du Cœur à Ouagadougou à un coût relativement abordable, moins onéreux en tout cas qu’en France ou dans d’autres pays du vieux continent. L’annonce de cette nouvelle a été faite le 11 février 2009 par les professeurs agrégés de cardiologie, Ali Niakara et Lucie Nébié.

Une conférence de presse sur un thème médical, comme la technologie appliquée à la santé du cœur, n’est pas chose aisée à rapporter du fait des termes médicaux et techniques employés par les spécialistes. Face aux multiples questions d’éclaircissement des journalistes sur des points qui paraissent simples à leurs yeux, les animateurs de la conf. de presse de la clinique du Cœur ont vite pris la mesure de la difficulté de compréhension.

Ainsi donc, ils ont, en français facile, expliqué que le cœur de l’homme dispose d’une partie électrique et d’une partie mécanique. Lorsque la première citée a des défaillances, on y place des piles électriques, appelées Pace-maker, pour recharger de façon permanente les « batteries », et « l’affaire est réglée ».

Mais, dans le cas d’une panne mécanique, le fonctionnement du cœur est totalement perturbé, puisque la pompe du cœur a un faible débit, et le cœur se dilate et se contracte de façon anarchique. Résultat : le malade dort mal et a d’énormes difficultés à mener ses activités quotidiennes.

Grâce à la recherche et au génie des médecins, il est possible aujourd’hui d’améliorer la vie du patient à l’aide de stimulateurs cardiaques, placés sur le cœur pour lui redonner son rythme initial : « Les parois se contractent normalement grâce aux sondes installées à l’intérieur du muscle cardiaque ». De nombreuses études ont montré que les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque, après une intervention, peuvent mieux vivre grâce à cette technologie chirurgicale de pointe, qui permet de resynchroniser les activités du cœur.

Désormais donc, la clinique du Cœur de Ouagadougou, sise à Ouaga 2000, peut le faire. D’ailleurs depuis 2001, le Pr Ali Niakara, un des fondateurs de cette structure sanitaire privée avec le Pr Lucie Nébié, place les Pace-maker chez des patients dont le cœur manquait d’énergie électrique.

Les spécialistes de la clinique verront désormais leurs compétences dans la pose des stimulateurs renforcées en vue de réparer les pannes mécaniques. Pour cela, le Dr Sylvie Diananian du centre hospitalier universitaire Antoine-Beclère près de Paris a fait le déplacement à Ouaga pour assurer la formation des deux médecins burkinabè.

Elle dispose d’une riche expérience dans ce type d’intervention et a accepté de venir former gratuitement les responsables de la clinique du Cœur. Mieux, le Dr Diananian est accompagnée de son mari, lui aussi médecin de haut vol, puisqu’il est chef du service réanimation dans un hôpital parisien.

Philippe Bouvet, autre membre de la mission française, travaille à Saint-Jude Medical, une société spécialisée dans la fabrication des stimulateurs cardiaques et de bien d’autres matériels techniques sanitaires. Le Pr Ali Niakara n’a pas tari d’éloges à l’endroit du couple Diananian et de la firme Saint-Jude pour les « sacrifices énormes consentis ».

En effet, le Dr Diananian, malgré sa qualité et sa fonction, a accepté d’abandonner son travail pour une prestation gratuite dans notre pays. Quant à la fabrique, elle a réduit de moitié le coût des stimulateurs nécessaires à la réussite de l’opération, réussite qui est de 100% sauf si l’anatomie du cœur du patient pose quelques difficultés.

« Cette semaine est donc historique » à la clinique du Cœur, dans la mesure où, selon le Pr Niakara, c’est la première fois, sauf erreur, qu’une activité médicale similaire se déroule en Afrique noire. Trois malades étaient en lice pour la pose des stimulateurs : un a réussi son examen de passage, le second, pour des raisons médicales, a eu son opération chirurgicale reportée à une date ultérieure, et le dernier entre au bloc le vendredi 13 février 2009.

Coût de l’intervention : 3 500 000 F CFA, somme qui n’est certes pas à la portée de tous, mais abordable comparée au coût d’une évacuation sanitaire vers l’Hexagone, par exemple, et à celui du matériel technique (plus de 4,5 millions), auquel il faudra ajouter les frais de transport et les taxes douanières.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 13 février 2009 à 14:57 En réponse à : Pose de stimulateurs cardiaques : Chirurgie de pointe à la clinique du Cœur

    Il faudrait mettre en place un système d’assurance maladie obligatoire pour le secteur public et privé, mettre en place des mutuelles de santé comme cela se voit ailleurs afin de prendre en charge tous les citoyens.
    Du reste, cette conférence est la bienvenue en ce sens qu’elle informe le public de l’existence et de la disponibilité d’une nouvelle technologie sur place et à moindre coût. Cependant il faut souligner qu’un réel effort de professionnalisme est exigé aux journalistes. De la manière dont vous avez annoncé l’heureux évènement en gras, cela s’apparente à une forme de publicité qui est interdite pour les cliniques. Et la loi est bien claire la dessus.
    Par ailleurs, je constate que ce sont deux professeurs agrégés qui ont ouvert cette clinique. D’autres en ont ouvert aussi. Ce qui est une excellente chose car cela contribue à améliorer l’offre de soins et répondre avec efficacité à la demande de soins. Mais il faut toute de même souligner que tous ces professeurs qui ont ouverts des cliniques n’ont pas démissionné de la fonction publique. Le statut de la fonction publique est incompatible avec de pareilles activités. Soit le fonctionnaire démissionne, soit il prend sa disponibilité. Des vacations en cliniques sont toutefois permises en dehors des heures de service. Dans certains pays, un texte organise les consultations privées même au sein de l’hôpital pour seulement les professeurs de médecine à raison de deux après midi par semaine. Les maîtres assistants et les assistants n’ont pas ce droit. La situation actuelle au Burkina Faso est caractérisée par une inobservation criarde des textes. Ce précédent a été justement toléré aux tous premiers qui avaient leur salaire de la fonction publique et les revenus qu’ils tiraient des bénéfices de leur clinique. La conséquence est que cela a encouragé les autres d’autant plus qu’à l’époque le Président de l’Ordre des Médecins, censé respecter et faire respecter les textes était dans illégalité. Les malades maintenant sont abandonnés à Yalgado qualifié par dame rumeur de "mouroir", ceux qui ont les moyens sont orientés à la clinique du professeur ou à la clinique où il consulte s’il fait des vacations. Les étudiants n’arrivent plus à bénéficier de toute l’expérience des professeurs, un manque d’encadrement et de formation se fait sentir de plus en plus. Certaines spécialités ont trois à quatre professeurs agrégés mais ils ont du mal à dépasser leurs querelles intestines pour ouvrir des Certificats d’Etudes Spéciales(CES). Ce qui est dommage car il est moins coûteux et plus valorisant d’avoir formé aussi des gens pour la relève. C’est cela le rôle d’un professeur d’université : enseigner, former par la recherche et pour la recherche afin d’apporter des réponses aux problèmes de la société. Or dans notre pays, on aime bien entretenir la culture du mythe, être parmi les seuls de la spécialité et fermer la porte aux jeunes générations montantes. C’est vraiment ingrat, ces générations de l’époque coloniale et des indépendances n’avaient pas bénéficié des largesses de l’Etat providence, elles ne se seraient pas bien formé. Pourtant, on les a formé pour renforcé des capacités, pour formé la relève. Dans certaines UFR à l’UO on peut remarquer aisément un seul professeur habilité à diriger des thèses. Et en toute fierté ils vont dans les conférences, les congrés, les symposiums etc. D’autres jugent des enseignants d’autres universités pour l’avancement dans leur grade dans le cadre du CAMES. Ce qui veut dire que nous avons des ressources humaines de très bonnes qualité. Cependant nous avions été frustrés d’entendre une fois ceci par un enseignant lorsque nous voulions nous inscrire à une spécialité : au Burkina Faso il y a pas cette spécialité ? C’est bien de juger mais c’est aussi bien de former. Professeur X du Burkina Faso c’est lui qui nous juge. Il peut bien ouvrir cette spécialité et faire appel à ces collègues de l’extérieur pour intervenir dans un premier temps. Voilà en un mot l’objet de ce cri du coeur puisque l’on parle de clinique du coeur.

    Bien à vous !

    • Le 13 février 2009 à 20:00, par Storm En réponse à : Pose de stimulateurs cardiaques : Chirurgie de pointe à la clinique du Cœur

      Comment pourrez-vous développer et implanter un système d’assurance maladie obligatoire en faveur du secteur public et privé et oublié de ce fait la grande population du pays qui n’appartient à aucune de ces catégories ? Votre initiative devrait s’étendre à toute la population du pays sans être source de conflit, d’injustice et de division. Ce genre d’idée demande beaucoup de discernement et le développement d’une stratégie d’implémentation claire et précise sur la base historique de ce que certains ont déjà. A défaut nous importerons un système qui sera avant son implémentation en parfaite inadéquation les facteurs socio-économiques de nos populations. J’insiste sur le fait que les modèles de systèmes de santé occidentaux se sont bâtis dans le temps : ils ont été inventés, puis réajustés au fur et à mesure de l’évolution politique, économique et sociale des pays occidentaux.
      Par ailleurs, à défaut de discipline dans l’ordre de médecins les autorités politiques du Burkina doivent mettre en place :

      1-un cadre légal rigoureux lève l’ambiguïté entre l’exercice de la médecine dans le public et dans le privé.
      2-une politique de développement des talents qui mettrait les médecins hospitalo-universitaires à l’obligation de résultats

      Sincèrement !

      • Le 15 février 2009 à 05:32 En réponse à : Pose de stimulateurs cardiaques : Chirurgie de pointe à la clinique du Cœur

        Cher ami, les mutuelles de santé tiennent justement compte de cette catégorie de population dont vous faites allusion. Autrement en effet j’aurais convenu avec vous à une inéquité, une injustice. Aussi, je vous informe que des pays africains ont ce système de mutuelle qui fonctionne très bien et qui diffère du modèle occidental. Pourquoi pensez vous que toutes les fois que l’on met en place quelque que chose né pour la première fois en Europe on va reproduire exactement ce qu’ils font. On peut s’inspirer d’une expérience et l’adapter à nos besoins. Du reste votre je conviens avec vous que les autorités doivent jouer pleinement leur rôle dans la prise de mesures rigoureuses et à la faire appliquer. Par ailleurs, l’obligation du médecin est une obligation de moyen. La jurisprudence de la cour de cassation l’a clairement établie. Exceptionnellement l’obligation peut être une obligation de résultat dans certains cas bien déterminés.

    • Le 13 février 2009 à 23:07, par un mossi En réponse à : Pose de stimulateurs cardiaques : Chirurgie de pointe à la clinique du Cœur

      Tout d’abord mes remerciements et felicitations au pr. agr Niakara, pour m’avoir sauvé en 2007. a l’epoque j’avais trouvé le coup exhorbitant jusqu’a un voyage en Europe ou le cardiologue m’a explique (au vu du dossier de la clinique du coeur que j’avais emmené) que j’avais été recupéré dans les bras de la mort. donc une fois de plus merci.
      Je suis d’accord avec mon predecesseur sur la mutuelle ou l’assurance maladie mais il me semble que sur la question ceux qui peuvent actionner les leviers ne se sentent pas concernes car disposant pour le moment de moyens substanciels mais c’est un raisonnement par l’absurde car la duree d’une vie excede largement le temps des faveurs et surtout que vos enfants seront un jour confrontés à la situation.
      Je voudrais nuancer le cas de Yalgado, le "mourroir national", ceux qui y sont sont dans leur ecrasante majorité competents, consciensieux et honnetes. mais comme on le dit c’est un ane qui gate le nom de toute sa communauté. mais enfin, il ne faut pas jetter le bebe avec l’eau de bain ; il faudrait a un moment ou a un autre qu’au BF, on mette sur le tapis l’utilité sociale de chaque fonction en rapport avec les contreparties ; je me demande toujours qu’est ce qui justifie le traitement des deputés au BF et en plus si c’est pour venir demander si le lundi de pacques tombe sur un dimanche qu’est ce qu’on fait... il faut qu’on ait le courage de leur demander de justifier leur traitement

    • Le 15 février 2009 à 16:04 En réponse à : Pose de stimulateurs cardiaques : Chirurgie de pointe à la clinique du Cœur

      Je suis d’accord avec ce qui est dit là mais il y a un mais. Les choses sont plus compliquées qu’il ne parait. certains ont demandé des disponibilités pour aller dans le privé mais ne l’ont pas obtenu car étant tout seul dans leur domaine. D’autres n’ont pas le courage d’abandonner leur salaire du public pour prendre les risques du privé, etc.... Mais ceux de la clinique du coeur ont chosi la voie la plus en adéquation avec la législation en vigeur, et ont pris leur disponibilité de la fonction publique, c’est très honorable. Il faut encourager et créer des cadres favorables à ce que l’activité privée soit complémentaire du secteur public, dans la santé comme dans d’autres domaines. c’est notre seul salut dans cette mondialisation !Le privé peut avoir des opportunités pour notre pays que le public n’aura pas forcément. Faisons donc très attention à ne pas faire trop d’amalgames, ayons connaissances des fondset des contours des dossiers avant de nous prononcer, et nuancons toujours ! la vérité d’aujourdh’hui n’est pas forcément celle de demain. En tout cas, le Burkina peut être fier de la compétences de ses fils dans bien de domaines, il ne reste plus qu’à fédérer les forces pour aller dans le même sens, dans la diversité et l’esprit ouvert et toujours critique envers nous mêmes.

      • Le 16 février 2009 à 15:28 En réponse à : Pose de stimulateurs cardiaques : Chirurgie de pointe à la clinique du Cœur

        En tant que premier intervenant sur l’article de l’observateur paalga, je partage votre analyse. Je trouve très honorable pour les Professeurs de la clinique du coeur d’avoir pris une disponibilité. En fait, si vous relisez bien mon intervention, j’ai bien précisé que tous ces professeurs n’ont pas démissionné de la fonction publique. Par la suite j’ai dit que le statut général de la fonction publique est incompatible avec l’exercice cumulatif d’activités publiques et d’activités privées de ce genre en nuançant avec la possibilité de faire des vacations en dehors des heures de service. C’était une manière d’amener l’idée suivante : soit le fonctionnaire démissionne, soit il prend sa disponibilité. A ce que je crois, nombreux sont ceux qui n’ont pas pris leur disponibilité comme les professeurs Niakara et Nébié qui à mon humble avis font des merveilles au Burkina Faso en apportant des soins de qualité aux patients. Je précise par ailleurs que je ne suis pas contre le développement de l’initiative privée. C’est ce qu’il faudrait encourager car cela manque beaucoup au Burkina Faso. Par contre je suis contre la dispersion, la course effreinée vers les sous qui nous fait nous écarter de la déontologie professionnelle, de l’éthique des soins je dirais même. Je trouve donc très honorable ce que les Professeurs Nébié et Niakara ont fait : Prendre leur disponibilité pour être en conformité avec les textes et créer une clinique. En ce moment ils deviennent des vacataires à l’Université. Et on ne peut contraindre quelqu’un à rester indéfiniment pour le même employeur avec le principe de la flexibilité de l’emploi en droit du travail. Il me vient donc à l’esprit de proposer ceci :
        1.Les autorités doivent prendre des textes stricts et les faire respecter.
        2.Il est plus qu’impérieux de revaloriser le statut de l’enseignant du supérieur si l’on veut aspirer au développement. Nous sommes le seul pays au monde où les enseignants d’université ont des salaires bas. Du coup leurs activités de consultance les rendent indisponibles envers les étudiants qu’ils sont censés encadrer. D’autres dans certaines facultés ont démissionné pour mener leur propres activités en ouvrant un cabinet de consultance ou un cabinet d’avocat etc. C’est une lourde perte pour l’Université, ce temple du savoir, moteur du développement. Des pays de la sous région ont compris cela en multipliant par deux ou trois les salaires des enseignants d’Université. Aujourd’hui on ne parle plus de fuite de cerveau dans ces pays. Au contraire, ce sont les ressortissants de ces pays depuis l’étranger qui frappent à la porte de l’université pour se faire recruter.
        3. Les autorités doivent jouer pleinement leur rôle en demandant aux professeurs détenteurs en parallèle d’une clinique, ou toute autre activité, de se conformer aux textes. Sinon demain on verra des professeurs de pharmacie ouvrir des pharmacies parallèlement à leur activité universitaire. Parlant des pharmacies, il est interdit qu’une pharmacie soit au dessus ou en dessous d’une clinique. Il doit aussi y avoir une certaine distance qui séparre les cliniques entre elles, les pharmacies entre elles. Je me demande parfois si on ne ferme pas les yeux la dessus pour donner les autorisations. Où sont les inspecteurs des services de santé ?

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