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Naba Kiiba, Roi du Yatenga : ‘’C’est le RDA qui a dévalorisé la chefferie traditionnelle’’

Publié le vendredi 6 février 2009 à 00h14min

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Dans la soirée du lundi 02 février 2009 à Ouahigouya, a eu lieu le Napoussoum. Cérémonie traditionnelle de présentation de vœux à Sa Majesté, le roi du Yatenga, elle a connu la présence des princes, rois des villages qui sont sous l’administration de la royauté de la lignée de Naba Kango. En prélude à cette cérémonie, le Naba Kiiba a été élevé commandant de l’Ordre national.

Que de monde ! Que d’engouement autour du palais de Sa Majesté Naba Kiiba, roi du Yatenga ! Dans la soirée du lundi 02 février, les populations de Ouahigouya, jeunes, vieux et enfants, ont ménagé leur temps pour ne pas rater cet événement. Organisé chaque année en cette période, le Napoussoum est un moment de jouissance pour les populations de Ouahigouya. Loin de leurs soucis quotidiens, pour la première fois pour les étrangers, la énième fois pour les Ouahigouyalais, chacun est happé par les rites et autres cérémonials des salutations au roi.

La particularité cette année, c’est l’élévation de Naba Kiiba au Commandeur de l’Ordre national dans la matinée de ce lundi par les hautes autorités de notre pays. Un coup d’œil à gauche puis à droite de l’entrée du palais permet de distinguer deux groupes : les ministres du roi, les notabilités, assis sur des nattes, les regards bien graves, mais sereins. Tapis à l’ombre qu’offrent des arbustes, les princes rois, près d’une centaine, attendent sereins, les têtes décoifées de leurs bonnets.

A droite, sur des chaises placées pour l’occasion, sont assises les autorités administratives et politiques de la région du Nord. Il s’agit, entre autres, de la gouverneure, Viviane Yolande Compaoré, du président du Conseil régional du Nord, Aboubacar R. Savadogo, du haut-commissaire du Yatenga, Jean-Baptiste Zongo, du maire de Ouahigouya, Abdoulaye Sougouri, des directeurs régionaux de services etc.

C’est les coups de fusils, très assourdissants qui ont annoncé la sortie du roi. Après un pied de grue qui a duré des heures. C’est autour de 16h30 que le Naba (roi), drapé dans un boubou blanc écarlate et brodé de fils fins, sur la tête, un bonnet royal rouge ressemblant fort à une chéchia, sort de sa cour par la petite porte située dans la partie nord du palais ; la médaille de commandeur bien pendante au cou et son ‘’bâton de chef » à l’épaule droite.

Il est précédé des fétiches royaux soigneusement conservés dans une mixture visqueuse, mais visiblement collante, de couleur noire d’où pointent des fers. Derrière Sa Majesté, un jeune homme bien robuste tient délicatement un parasol de couleur rouge pour protéger le maître de céans des rebelles rayons de soleil. Le brouhaha de la foule s’estompe. Les coups de fusils continuent de déchirer de plus belle l’air. L’atmosphère sent le soufre. Un valet annonce le roi. Toute l’assistance se lève.

Commence alors sans attendre le cérémonial de salutations. Par groupes de classes, les princes rois s’avancent et se prosternent tous ensemble. Ils offrent des présents à Sa Majesté. C’est des billets de banque ou des paniers de mil. Un valet est chargé de les lui transmettre un à un tout en criant fort : « tel chef de village vous offre ceci pour vous souhaiter la bonne année ». Un autre valet, assis juste aux pieds du roi, est chargé d’enfouir les cadeaux dans un sac à l’ouverture béante.

A la fin, Sa Majesté, par la voix de son porte-parole, le Toogo Naba, présente ses vœux à tous. Pour cette année, Naba Kiiba a souhaité, la paix, la santé et la prospérité à tous les Burkinabé. Dans son speech, le chef a fait un retour dans l’histoire de la Haute-Volta (devenue Burkina Faso). Pour lui, c’est Maurice Yaméogo, de connivence avec le Rassemblement démocratique africain (RDA) qui a retardé la création de la Communauté du Yatenga. « Ils nous ont contraints à faire de la politique en son temps.

Cela pour voter le RDA afin que Maurice Yaméogo soit élu. Après ces élections, ce dernier est allé à Banfora décider qu’il n’y aurait plus de chefferie traditionnelle. C’est le RDA qui a dévalorisé notre chefferie », a-t-il dit, juste avant de suivre ses fétiches pour regagner son palais. Dehors, la fête continue. Coups de fusils et ‘de ’benda’’ (tam-tams) ont fait trémousser les belles princesses jusqu’à tard dans la soirée.

Emery Albert Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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