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Sourou sport : L’espoir de toute une région

Publié le mercredi 28 janvier 2009 à 00h13min

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Depuis le 23 novembre 2008 et sa victoire en match d’appui sur le Nalambou FC de Fada, le Sourou sport de Tougan a effectué un atterrissage en douceur sur le tarmac de la D1. Un environnement qui lui est inconnu depuis sa création il y a une soixantaine d’années. Pour ne pas reprendre aussitôt l’ascenseur et redescendre, toute la région de la Boucle du Mouhoun a décidé de conjuguer ses efforts pour aider cette équipe à demeurer parmi l’élite.

Le Sourou sport a pour le moment bien répondu à ceux qui contestaient la validation de son ticket pour le championnat de la première division. Bien calé dans le ventre mou du classement après cinq journées, cette formation, qui fait la fierté de la Boucle du Mouhoun fait mieux que de la figuration. Il profite de l’euphorie de la montée qui baigne encore les joueurs pour grapiller des points çà et là. En attendant que la dure réalité de la D1 le rattrape.

Le niveau limité du coach, un handicap ?

Alassane Damiba dit "Bob" symbolise, à lui tout seul, la volonté et la détermination du Sourou sport à persévérer dans le travail. Ailleurs, il ne serait pas autorisé à s’asseoir sur le banc de touche d’un club de D1. "Bob" n’a pas le niveau requis pour prendre les rênes d’une formation évoluant parmi l’élite du football national. Il le reconnaît et aime à le dire : "Je suis simplement un animateur de sport qui aime son travail". Alassane Damiba a bénéficié des stages "Coaching for hop" et de la formation des animateurs de sport animée en son temps par Jean Macagno, alors directeur technique national.

Cela fait deux ans qu’il a déposé ses valises au Sourou sport et en deux années, il est parvenu à amener l’équipe là où d’autres ont échoué pendant soixante ans. "Je veux juste écrire l’histoire du Fasofoot", lâche-t-il parfois avec un ton ironique. Dans l’environnement hostile de la D1, "Bob" a déjà enregistré une victoire, deux nuls et deux défaites. Mais ne nous voilons pas la face, la suite de la compétition sera bien plus compliquée pour lui et sa formation.

Il n’a pas un large éventail de plan de jeu ni un effectif riche et expérimenté. Il suffira de bien disséquer son système et la machine va caler. La tête pensante du Sourou sport en a conscience : "j’ai des difficultés à faire adhérer mes joueurs lors des ateliers. En plus, si je mets un plan de jeu en place, je ne sais pas où il va aboutir". Pour masquer ces lacunes, le coach tient un autre discours face à ces joueurs : "le ballon est rond pour tout le monde. Nos adversaires ont une tête et deux yeux comme nous". Pour le moment, cela passe. Mais ce discours aura bientôt une fin. Mais que peuvent faire les dirigeants du Sourou sport s’ils n’ont pas de quoi engager un technicien chevronné ?

L’équipe manque énormément de moyens financiers. "Sincèrement, on n’a pas le matériel nécessaire pour bien s’entraîner", martèle le capitaine de l’équipe Amidou Zerbo. Le Sourou sport ne jure cette saison que sur le maintien. Pour ce faire, il compte sur la motivation des joueurs. "Les joueurs savent que s’ils ne gagnent pas, il n’y a pas de primes de match. Or, ce sont les primes qui gonflent les fins du mois car ils n’ont pas de salaire", affirme Alassane Damiba. Malgré tout, certains éléments ont accepté quitter la capitale pour venir vivre la galère avec le Sourou sport. Il s’agit entre autres, du portier Adama Kaboré et des joueurs de champ, Ali Ouédraogo, Stéphane Kafando, Salif Tiemtoré, Moussa Bagagnan ou Fousseni Sanou.

La mairie, un soutien de poids

Le premier à se réjouir de l’accession du Sourou sport en D1 est le maire de Tougan, Sibiri Mathias Zerbo. Il s’était employé à revendiquer cette place pour son équipe avant même le match d’appui contre le Nalambou FC. Tougan, zone enclavée et difficile d’accès compte sur son équipe de football pour faire comprendre et connaître son problème sérieux de développement. "Au Sourou, nous sommes très football. C’est ce qui nous a conduit depuis des années, à persévérer et à insister jusqu’à aboutir aujourd’hui à la D1. C’est vrai que nous sommes des lutteurs mais le football fait partie de l’histoire de la ville, qui est une ville coloniale", souligne Sibiri Mathias Zerbo.

Stade Sangoulé-Lamizana, une citadelle imprenable ?

A la question de savoir comment il compte sortir son équipe de la gadoue, le maire plutôt que de s’apitoyer sur le manque de ressources financières fait des propositions concrètes : "Nous allons développer des initiatives notamment par des souscriptions, la vente des cartes d’adhésion et l’organisation de manifestations qui puissent générer des ressources pour pouvoir soutenir l’équipe et la maintenir en D1. Nous allons aussi faire appel aux fils et aux filles du Sourou, voire étendre cet appel à la Boucle du Mouhoun car c’est l’équipe de la région, à mettre la main à la poche. Pour résorber le problème de déplacement de l’équipe, nous pensons pouvoir aller vers certaines autorités, notamment le ministère des Finances pour voir dans quelle mesure on peut obtenir du parc de l’Etat, un car de transport que la mairie s’engagera à payer sur plusieurs échéances".

Pour assurer son maintien, le Sourou sport sait qu’il doit faire de son antre, le stade Sangoulé-Lamizana, une citadelle imprenable pour ses adversaires. Ce joyau, entièrement financé par la LONAB et inauguré en 1978, a déjà accueilli une finale de la coupe nationale. Mais pour la première fois qu’elle a abrité un match de D1 de l’équipe locale, ce fut une défaite. L’USFA est venue violer les règles du Sourou sport sans que celui-ci ne puisse la contester. Mais les locaux ont, semble-t-il, rectifié le tir.

A Tougan, l’équipe ne peut pas dire qu’elle n’est pas supportée. Ils sont des milliers les fans à prendre d’assaut le stade lors des matchs. Mais le public du Sourou sport est peut-être le bourreau de sa propre équipe. Si l’équipe est dans une spirale positive, il apprécie et applaudit sans arrêt. Si le Sourou sport est dans une situation inconfortable et a plus besoin de ses supporters pour se sortir du merdier, ceux-ci l’accablent davantage.
"A domicile, il y a trop de pression", reconnaît Alassane Damiba. Le Sourou sport se sent donc plus à l’aise à l’extérieur où il prend plus de points que sur ses installations. Les supporters doivent revoir leur stratégie pour ramener la sérénité de leur équipe à domicile. Surtout que le stade Sangoulé-Lamizana doit être redimensionné bientôt pour mieux répondre aux normes.

Ce qui apportera plus de joie à la Ligue de la Boucle du Mouhoun qui accompagne aujourd’hui le Sourou sport dans ses tâches administratives pour l’aider à grandir. Les élus de la région se font régulièrement remarquer par leur présence sur le terrain pour soutenir l’équipe locale. "Nous apporterons à cette formation tout le soutien nécessaire dont elle aura besoin. Nous travaillons à assurer une cohésion des fils autour de cette équipe et œuvrons à avoir des appuis financiers de la part de certains partenaires. Nous souhaitons aussi que cette volonté affichée puisse aller de l’avant", a avancé la député Saran Sérémé/Séré. On espère donc des jours meilleurs pour le Sourou sport.

Béranger ILBOUDO

Sidwaya

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