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Météo : Un froid de loup en attendant la poussière

Publié le vendredi 23 janvier 2009 à 14h20min

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15°C et 16°C ; ce sont les températures relevées respectivement les 21 et 22 janvier 2009 dans la capitale par le centre météorologique de l’aéroport de Ouagadougou. Ce froid de loup actuel, dû à un couloir de vents forts appelé Jet subtropical, fait grelotter les Ouagalais, qui se démènent pour se protéger en s’habillant chaudement. Les premiers à se réjouir de cette situation sont, à n’en pas douter, les marchands de vestes, de manteaux, de blousons, de gants et d’autres « vêtements de froid » qui font de bonnes affaires, inespérées, en cette période.

« Ce matin en sortant de chez moi vers 8 h, j’hésitais à prendre mon blouson. Quand j’ai aperçu le soleil qui pointait déjà, je me suis rassuré et je suis sorti avec juste ma chemise. Rien que trente minutes après, je grelottais à mon service, car la température avait subitement baissé. J’avais prévu de m’acheter des vêtements chauds pendant le week-end, mais avec le climat capricieux de ces derniers jours, je n’ai plus le choix que de le faire aujourd’hui ». Ces propos sont d’Arouna Ouattara, agent du ministère de l’Economie et des Finances, que nous avons trouvé, le mercredi 21 janvier 2009, aux environs de 10 h, en train d’essayer des vestes devant la maison du Peuple.

L’occasion aidant, costumes, gants, manteaux, blousons et autres « vêtements chauds » ou « vêtements de froid » foisonnent chez les commerçants de friperie qui y sont installés et qui se frottent les mains, et cette fois ci, ce n’est nullement pour les réchauffer mais plutôt parce qu’il font de bonnes affaires.

A en croire ces derniers, les blousons sont les articles les moins demandés au regard de leur caractère saisonnier. L’un d’entre eux, Seydou Zangré, explique : « Ces dernières 48 heures, le marché a connu un petit regain. Malheureusement, dans le contexte de la vie chère, nous ne pouvons pas monter les enchères avec la clientèle ». Dans sa boutique, les vestes et les longs manteaux sont les vêtements les plus prisés par sa clientèle.

Pour acquérir une veste « demi-saison » ou un manteau, il faut débourser entre 6 000 et 7500 F CFA, en fonction de la qualité. Pour son voisin, Seydou Bonkoungou, ils (les commerçants) n’espéraient même pas une telle clientèle à cette époque de l’année. Blousons, manteaux, gants, et vestes s’achètent comme de petits pains et le prix va de 5 000 F CFA à 10 000 F CFA. Soudain devant leurs échoppes, un attroupement se fait autour d’une charrette pleine de vêtements.

Les commerçants semblent ne pas se préoccuper de ce vendeur ambulant, qui pourtant leur fait concurrence. S’emparant qui d’un chapeau qui d’un blouson, les clients semblent n’avoir qu’un seul et même mot à la bouche : « Yonwa ya wanna ? » (combien coûte celui-ci ?). « Toi, tu proposes combien ? » répond à chacun le marchand qui requiert l’anonymat. Et de nous confier que ses articles n’ont pas de prix fixes et sont estimés en fonction de leur qualité.

Au nombre de ceux qui s’activent sur sa charrette, Mahamadi Ouédraogo, commerçant de portables, qui vient de faire une bonne provision de pull-overs et de bonnets. Fouillant entre des chapeaux entassés au coin de la carriole, il dit être maintenant à la recherche d’un « chapeau de luxe ». « Vu le froid actuel, laisse-t-il entendre, on est venu chercher quelque chose pour se protéger et se prévenir de maladies comme la pneumonie, la méningite ».

Ce froid à ne pas mettre un chien dehors n’est effectivement pas sans entraîner son corollaire de maladies (voir encadré). Amadou Zongo et Saga Nikiéma, eux, ont choisi la devanture du siège de la BCB sur l’avenue Kwamé N’Krumah pour y proposer des vestes et des manteaux à ceux qui le désirent.

Il avait déjà écoulé une veste à 10h ce mercredi 21 janvier 2009. Et en bon commerçants nébuleux sur leurs affaires, l’après-fête est, pour beaucoup, dans le relatif manque de marché, selon eux. Que ce soit les costumes ou les manteaux, la qualité des vêtements a naturellement une incidence sur les prix qui vont de 3000 à 10 000 F CFA.

A quoi est dû ce regain de froid sur la capitale, ces derniers temps ? Au dire d’Enock Kaboré, le chef du centre météorologique principal, depuis le 18 janvier, la situation météorologique est caractérisée par le passage d’une perturbation extratropicale. Cette situation a entraîné le renforcement et la migration vers le sud d’un couloir de vent fort appelé Jet subtropical, générateur de modification du champ de vent, de températures, de pression, ainsi que de la couverture nuageuse.

« On assiste donc à une advection (NDLR : arrivée) d’air froid des hautes vers les basses latitudes, une augmentation de la couverture nuageuse qui atténue le rayonnement solaire entraînant une baisse des températures dans notre pays, intensifiant le froid ». La perturbation extratropicale va poursuivre son évolution vers l’est et permettre au Jet subtropical de remonter vers le nord.

Ce mouvement du Jet va entraîner le renforcement du champ de pression, de l’harmattan, la modification du vent et une légère hausse des températures sur la zone sahélienne. Foi d’Enock Kaboré, on assistera au cours des 48 heures à venir au renforcement de la poussière et à la réduction de la visibilité. A titre indicatif, les températures minimales les plus basses observées depuis le 01 janvier 2009 sont : 15°C à Ouagadougou, 12 °C à Dori et à Dédougou. Triste consolation pour les Ouagalais donc, car la baisse de température va céder la place à la poussière.

Hyacinthe Sanou (stagiaire)


Protection contre les effets du froid : Les conseils du Dr Gyebré

“Selon les prévisions météorologiques, une vague de froid de forte intensité va toucher une partie du territoire national. L’Institut de veille sanitaire rappelle que l’exposition au froid peut avoir des effets sur la santé, en particulier chez les enfants en bas âge, les personnes âgées et les personnes atteintes de pathologies chroniques ».

Ce genre d’annonce est fréquent en Europe pour alerter les populations des risques qu’elles encourent pendant les périodes où le thermomètre chute littéralement. Cela est rarissime sous nos tropiques alors que l’information et la sensibilisation contribuent à éviter bien de maladies liées à la fraîcheur.

En effet, selon le Dr Marie-Chantal Gyebré, médecin ORL (Oto-Rhino-Laryngologie) en service au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo de Ouagadougou, le temps qu’il fait en ce moment dans la zone sahélienne entraîne un assèchement des muqueuses des voies respiratoires qui provoque de petits saignements. Il s’ensuit une irritation du nez, et les muqueuses sont prédisposées aux infections dues aux virus ou aux bactéries qui engendrent des maladies comme les sinusites et les bronchites.

« Ces pathologies s’aggravent si elles ne sont pas vite prises en charge », indique le Dr Gyebré, qui venait de recevoir des patients victimes de maux liés à la fraîcheur au moment où nous venions pour l’interviewer hier en fin de matinée dans son bureau à Yalgado. Elle conseille d’aller donc se faire consulter le plus rapidement possible dans le centre de santé le plus proche.

La spécialiste en ORL conseille également aux gens d’humidifier leurs fosses nasales la nuit, surtout au coucher, avec du beurre de karité pour permettre aux poils de mener leur activité, c’est-à-dire rejeter les saletés. Le cache-nez peut aussi être utilisé pour se protéger, surtout avec l’harmattan qui arrive à pas de course, même si ce type de protection n’est pas assurée à 100%.

A.O.D.

L’Observateur

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