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Tour de France 2008 : La victoire de la triche sur le renouveau

Publié le lundi 21 juillet 2008 à 11h45min

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Cette fois-ci devrait être la bonne. Mais cette fois semble être la pire. Les organisateurs du tour de France l’avaient maintes fois souhaité et même exigé. Ils voulaient une édition saine, la compétition du renouveau. Malheureusement, le Tour propre n’aura pas lieu cette année. La cause, à peine 2 semaines de pédale, soit à la douzième étape, et la Grande Boucle est éclaboussée par des cas de dopage.

Après les affaires Floyd Landis, Michael Rasmussen, ou Alexander Vinokourov en 2006 et en 2007, l’édition 2008 a aussi son lot de tricheurs. Ils se nomment Manuel Beltran, Moises Duenas Nevado et Riccardo Ricco. La liste pourrait encore s’allonger car l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) avait bien indiqué qu’une dizaine de coureurs présentait des « risques sanitaires », à la suite de l’examen des premiers prélèvements. Et dire que l’AFLD ne dispose, à la date du 17 juillet, que des résultats allant jusqu’au contre-la-montre de Cholet lors de la 4e étape de ce Tour. Tristement, les éditions passent et se ressemblent. Si l’extraterrestre américain, Lance Amstrong, n’est plus là pour écraser la course, les tricheurs, eux, sont toujours présents ; rivalisant de talents et de méthodes.

A ce rythme-là, il faudra rapidement faire le deuil du Tour, propre ou sale, car ce n’est plus une tombe que la Grande Boucle est en train de creuser, c’est un caveau. Oui, mais avant d’aller déposer les chrysanthèmes sur la tombe du Tour, il convient de réfléchir à une chose : mettre un terme à la Grande Boucle équivaudrait quelque part à donner une victoire aux tricheurs.

Mais en même temps, on peut tout de même se féliciter que le contrôle marche à perfection. En effet, autant les tricheurs rivalisent d’ardeur, autant les laboratoires de contrôle, eux aussi, affinent leurs méthodes de recherche. Et tout le mérite revient à la médecine française qui est parvenue à détecter l’EPO de 3e génération, à savoir la CERA (Continuous erythropoietin receptor activator), un produit dont les traces disparaissent du sang après 48 h d’injection mais dont l’effet reste toujours actif. C’est d’ailleurs ce produit que les 3 coureurs incriminés ont consommé. Le dernier pris dans la nasse du labo français, Ricco, a failli, lui, réussir son coup, car ce n’est qu’au 5e contrôle qu’il s’est fait prendre.

Le cyclisme peut se targuer d’avoir entrepris la difficile mission d’assainir son milieu. Combien d’athlètes ont recours aux pratiques mafieuses pour améliorer leurs performances ? Si la même rigueur avait lieu dans les autres disciplines, il y a bien des sports qu’on n’aurait peut-être plus envie de regarder. Certains sportifs, rien qu’à voir leur masse musculaire et leur débauche d’énergie, vous font dire qu’ils ne sont pas blancs.

En même temps, il ne faut pas rêver, car le dopage zéro n’est pas pour demain. Les procédés actuels de contrôle font croire que les cyclistes de haut niveau vivent dans un univers carcéral dès lors qu’il faut continuellement donner son agent à l’UCI, l’instance qui gère la petite reine mondiale. Quand obligera-t-on un footballeur à donner son planning de chaque mois, jour par jour, heure par heure, à la FIFA pour se faire intercepter par des contrôleurs ? Et tant qu’il y aura la gloire et les récompenses au bout de l’effort, il y aura toujours des gens pour contourner les lois, pour trouver de nouveaux produits indétectables.

Il est peut-être temps que la Grande Boucle fasse une pause pour changer son fusil d’épaule. Quand on porte derrière soi plus de 80 ans d’histoire de dopage (le Tour est à sa 95e édition), pourquoi ne pas faire une halte, histoire de réfléchir et de faire même réfléchir les candidats aux gains faciles. Il serait sage donc de détruire le Tour pour mieux le reconstruire. Les deux seules armes efficaces contre le dopage sont la mort et la police. Aujourd’hui, ces coureurs sales se torchent le cul avec la honte, et la gendarmerie ne les effraie guère, encore moins la prison. Cette décision doit être politique car ce ne sont pas les organisateurs qui vont la prendre. Il y a trop d’intérêts financiers en jeu. Sinon, la triche a encore de beaux jours devant elle.

Kader Traoré

L’Observateur

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