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Mouvements sociaux : La question syndicale aujourd’hui

Publié le jeudi 17 juillet 2008 à 11h15min

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La fréquence des grèves ces derniers temps dans notre pays est suffisamment préoccupante : préoccupante, elle l’est pour les organisations syndicales qui semblent recourir à cette méthode de lutte malgré elles, préoccupante, elle l’est pour les pouvoirs publics du fait du caractère désorganisateur de la grève, préoccupante, elle l’est pour les citoyens pour diverses bonnes raisons. Face à cette situation, il convient qu’une réflexion sur l’utilisation des armes syndicales légalement permises se mène dans le contexte de la globalisation actuelle.

A mon avis, les armes existantes sont toujours valides. Cependant leur efficacité est tributaire de la nature des revendications. Il me semble que la grève comme méthode de pression est plus indiquée généralement pour les revendications portant sur des droits civils et politiques, du fait que l’Etat peut souverainement résoudre ces questions. En revanche, pour les revendications à caractère social et économique, la négociation sied mieux à cause de la responsabilité généralement partagée entre l’Etat et des acteurs politiques et économiques extérieurs à lui.

C’est dire que pour l’essentiel et dans le contexte de la globalisation économique, une réorientation de l’action syndicale mettant l’accent sur la négociation est nécessaire comme le recommande la Confédération internationale des syndicats libres (CISL). Cette confédération qui compte 125 millions de membres répartis dans 145 pays, lors de son 17e congrès tenu à Durban, en mai 2 000, a reconnu la nécessité de "transformer le mouvement syndical mondial de manière à le doter d’un pouvoir réel de négociation vis-à-vis des entreprises multinationales et des institutions internationales". On pourrait y ajouter l’institution étatique.

C’est dire qu’aujourd’hui il est impératif que les organisations syndicales prévoient dans leurs organisations des structures spécialisées pour les négociations. Elles pourraient recourir aux prestations d’experts en (économie, statistiques, information...) afin de parvenir à doter leurs négociateurs de compétences comparables à celles des agents de l’Administration des multinationales, des institutions internationales et étatiques.Cette mutation syndicale est aussi nécessaire parce qu’elle permettra au mouvement syndical de se passer de l’appui de ses vrais faux amis qui sont prompts à soutenir, voire à rejoindre des mouvements sociaux en marche, à les radicaliser et finalement les saborder avant de disparaître dans la nature, abandonnant ces mouvements dans l’impasse.

De telles situations sont d’autant plus révoltantes qu’elles engendrent de nouvelles revendications dont la résolution devient prioritaire devant celle des problèmes qui ont été à la base des mouvements sociaux. A titre illustratif et à propos du récent mouvement estudiantin, la réouverture de l’Université de Ouagadougou et la reprise des activités des services rattachés devient prioritaire par rapport aux revendications initiales des étudiants.

Mahama SAWADOGO

Député

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