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Procès des casseurs : Le juste et l’équitable

Publié le lundi 10 mars 2008 à 12h15min

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Comme à Bobo Dioulasso, le dossier judiciaire des casseurs de Ouagadougou a connu une évolution rapide. Cette célérité est certainement liée à la procédure du flagrant délit en cours dans ces deux affaires. Mais on ne peut pas occulter aussi leur caractère particulier, en ce sens que retenir pendant longtemps les présumés vandales sans les juger expose à des risques d’émeutes ou de protestation.

On a ainsi vu naître, en l’espace de quelques jours, un comité dit de libération de Nana Thibaut, le plus célèbre des personnes arrêtées. L’Etat entend également, par cette procédure accélérée, affirmer sa fermeté et restaurer son autorité, tout en donnant un signal fort aux manifestants portant atteinte à l’ordre public. Et puis, parmi les personnes arrêtées figurent certainement des innocents qui attendent que justice leur soit rendue au plus vite. En somme, il s’agit de montrer que les biens publics et privés ne peuvent être détruits impunément. Cette démarche qui se veut pédagogique a le mérite de se mener dans le cadre strict du respect de la loi. Il semble loin, le temps où les personnes sous le coup de charges aussi graves, devaient transiter par les geôles obscures des services de renseignement, avant de retrouver avec soulagement les cellules nettement plus clémentes de la MACO.

Pour autant, le citoyen burkinabè aura davantage conscience en ses instituions républicaines, dont la justice, si cette diligence dans le jugement des émeutiers du 28 février en appelait d’autres. De nombreux dossiers traînent dans les tiroirs des juges sans espoir d’être enrôlés dans les meilleurs délais. Si la lenteur de la justice s’exerce de façon sélective, les citoyens continueront de penser qu’elle ne s’empresse que pour les cas où elle en a reçu l’autorisation et où les intérêts de l’Etat (à commencer par sa sécurité et son autorité) sont directement concernées. En d’autres termes, qu’elle fonctionne au rythme du bon vouloir des gouvernants plutôt qu’à celui des contraintes objectives rencontrées dans le traitement des dossiers. Car il ne faut guère oublier qu’une affaire est rarement comparable à une autre. Mais le justiciable se préoccupe peu du juridisme développé ici et là pour justifier qu’un dossier traîne. A la justice de convaincre donc les éternels sceptiques sur sa réelle indépendance, en se montrant tout aussi déterminée dans des dossiers plus sensibles que ceux des émeutiers contre la vie chère. Ce serait juste et équitable.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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