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Bobo Dioulasso après les manifestations : Les affaires reprennent mais la prudence reste de mise

Publié le lundi 25 février 2008 à 11h33min

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La vie reprend à Bobo Dioulasso après les chaudes journées des 20 et 21 février derniers caractérisées par de violentes manifestations de commerçants contre la vie chère. Mais la prudence reste de mise dans la ville, les données de la crise n’ayant pas encore fondamentalement changé.

Bobo, apparemment, se remet des folles journées des 20 et 21 février derniers marquées par de violentes manifestations de commerçants de la ville, contre la vie chère au Burkina. L’accalmie relative observée dans la soirée du 21 février s’est poursuivie dans les journées des 22 et 23 février. Les taxis ont commencé à sillonner la cité à la recherche de clients dès la matinée du 22 février, ainsi que les cars en partance pour les autres localités du pays ; mais la majorité des établissements scolaires sont restés fermés. C’est peut-être ce matin que les cours pourront reprendre. En revanche, les stations d’essence, du moins celles épargnées par les destructions massives, ont rouvert dès le 22 au matin. Il en était de même pour certaines institutions financières.

Au marché central, l’activité économique avait partiellement repris avec des boutiques ouvertes. Lorsque vers 18 h nous avons, ce 22 février, emprunté des artères de la cité, elles affichaient, elles aussi, leur train-train quotidien. Le boulevard de la Révolution avait un air de propreté qui tranchait nettement avec sa situation de l’avant-veille ou de la veille, jonché qu’il était de cendres noires de pneus calcinés et de blocs épars de pierres. Le boulevard connaissait à cette heure de la journée son animation habituelle, en particulier au niveau du marché "5 h" de Farakan, avec des marchandises étalées aux abords de l’artère.

Une accalmie diversement appréciée

Bref, presque tout semble avoir repris dans la cité, mais la prudence reste de mise. Certes, la vie reprend lentement ses droits, mais Bobo est encore loin d’être totalement remise de ses émotions des journées cauchemardesques des 20 et 21 février. La présence des forces de sécurité en certains endroits, comme les stations d’essence, l’état désastreux de la quasi-totalité des feux tricolores ou panneaux publicitaires, les ruines fraîches des biens publics et privés, etc. sont toujours là pour modérer, si besoin en est, les ardeurs des plus optimistes quant à une définitive quiétude retrouvée, même si cela semble être le souhait de bien des citoyens. Mais pouvait-il en être autrement, au regard de l’état actuel des choses ? En effet, la présente relative accalmie semble diversement appréciée. Les commerçants grévistes, après l’épreuve de force, pensent s’être fait bien comprendre de qui de droit par rapport à la vie chère, et estiment de ce fait que la balle, à présent, est dans le camp des autorités. De son côté, le gouvernement, après sa mission du 21 février à Bobo, pense aussi avoir fait l’essentiel, non sans avoir mis les commerçants devant leurs responsabilités en matière de sécurité publique.

Sur le terrain même, tous les esprits n’étaient ou ne sont pas encore vraiment acquis à la paix. Et c’est dans cette situation de drôle de conflit qu’une marche, une sorte de réplique aux manifestations, était programmée dans la matinée du samedi 23 février au niveau des acteurs régionaux du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Les tenants de cette option perçoivent en fait les manifestations comme des actes de sabotage des actions du parti dont des membres ont la charge de gérer depuis plus d’une décennie la commune. Pour eux, il fallait marcher pour soutenir les actions du parti.

Finalement, la marche a été annulée suite à un coup de fil venu de Ouagadougou, alors que les moyens avaient été déjà mobilisés pour l’activité. Il faut dire que certains dans le parti au pouvoir craignaient que la marche n’empire la situation. Dans ce contexte, il est donc encore très tôt d’afficher, en ce moment et publiquement, un optimisme à Bobo. Les gens cherchent d’abord à réunir les tenants et les aboutissants de la situation, qui, en l’espace de 48 heures, a réussi presque à mettre Sya KO. Et ce ne sont pas les responsables de l’ADF/RDA qui diront le contraire, eux qui ont jugé sage de reporter à une date ultérieure leurs premières journées parlementaires de l’année. Celles-ci étaient en effet prévues du 23 au 24 février 2008 à Bobo.

Par Grégoire Bazomboué BAZIE

Le Pays

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